Chaka Bulu : Chaku bulu ou l’epopee mystique d’une légende

Cela fait déjà plusieurs années qu’on entend parler de CHAKA BULU sans avoir eu la possibilité de le connaître réellement mais dites-nous qui se cache derrière CHAKA-BULU ?
Avant tout un homme esprit qui traverse les sentiers du temps sous plusieurs peaux, sous plusieurs âmes et sous plusieurs vies. C’est à dire que je suis un artiste, un rapoète, un philosophe, un penseur, un écrivain qui utilise le rythme et les sonorités pour traduire ses émotions et ses opinions.
Pourquoi avoir choisi un nom aussi mystique que CHAKA BULU pour véhiculer vos idées ?
CHAKA BULU tire son origine du roi guerrier légendaire sud-Africain CHAKA ZULU.
L’Afrique n’est pas seulement un continent mais tout un pays qui s’ignore encore, alors je me suis rebaptisé CHAKA BULU pour signifier l’unicité de l’Afrique qui est en marche pour un destin commun de combat contre toutes les misères et toutes les iniquités. Le Z de Zulu s’est transformé en B de Bulu car le B ou Bâ en Afrique signifie famille, vous verrez la plupart des tribus africaines ont comme dénominateur commun la lettre B comme Bulu, Bamiléké, Bonamoudourou, Bamoun, Beti, Bamenda,Bassa, Bakweri, Bene plus loin Bakongo etc.….
CHAKA étant le nom représentant mystique et puissant d’une entité supranationale : l’Afrique Reine.
A vous entendre vous êtes un afro centriste pure et dure ?
Je suis tout simplement africain et fier de l’être car l’expérience a prouvé que les peuples qui vivent toujours le martyr dans l’histoire de l’humanité finisse toujours par s’unir pour inverser le rapport dominant dominé, tant sur le plan spirituel, culturel que intellectuel et mental. Le matériel étant périssable, il ne représente pas pour moi un facteur d’élévation mais plutôt un moteur de l’économie qui est la science de l’asservissement de l’autre. Voyez-vous c’est sous cet angle que j’observe les choses de la vie ?
Mais alors comment définissez-vous votre musique ?
Ma musique relève tout simplement de la vie et de la mort, des vents froids et chauds, des guerres froides et chaudes, des moments froids et chauds. A mon avis la musique va au-delà des sons, c’est une vision, une inspiration, une conviction, une expression mais aussi un talent.
Je la définis par ailleurs comme une épreuve de patience, une lueur de modestie et brin de grandeur, une indigestion chimique avec le représentant du mal, une alchimie avec le créateur Dieu. Et oui, dans la musique, il existe l’expression du Bien et du mal. En un mot ma musique c’est ma vie.
Dites nous donc comment à commencer votre carrière musicale et artistique ?
Je vous l’avais dit, en ce temps là, c’était une autre vie sous un autre nom : MAGIC !
Je venais à peine d’avoir 13 ans et je me suis réveillé en écrivant un texte engagé
« Un jour viendra le noir s’élèvera ». Je vivais au Congo Brazzaville après avoir vécu tour à tour, Au Cameroun, au Congo-Kinshasa, au Sénégal, en Côte d’ivoire et en Ethiopie. J’étais si jeune mais déjà très imprégné des réalités de la vie. En 1991 « l’Organisation Mondiale de la Santé- Afrique » m’a retenu lors d’un concours pour écrire et faire la propagande de la lutte contre la SIDA, la musique fût un succès national diffusé dans les chaînes de télévision des 2 Congo car partout les jeunes scandaient le refrain titre « Vive la capote t’a pigé mon pote ! ». A partir de ce jour là, j’ai pris conscience que lorsqu’il s’agit de causes nobles, l’écriture et la parole ont un pouvoir inestimable. D’autres thèmes me furent proposés tout au long de ma carrière.
Quelles ont été les étapes qui s’en sont suivi au cours de votre riche carrière ?
La Guerre aux 2 Congo m’a ramené dans mon si cher pays le Cameroun. J’avoue que vivre à l’étranger donne le mal du pays car on se rend compte que notre pays est riche en nature et en esprit. Mes études avaient naturellement une part importante dans ma vie mais j’ai fait des rencontres qui m’ont fortement marqué. Stuss, Booster, Stony, Fula, Muss, Sadrack, Kirs, kheno, Hassan, Lemirvana, Boudor, Polo etc..
Nous étions une bande d’amis épris de musique, de poésie, de littérature, de philosophie, de liberté d’expression et de pensées avant-gardistes.
Ces moments ont été les plus envoûtants de mon existence, nous aimions le HIP-HOP qui semblait être le mode d’expression correspondant à nos valeurs essentielles. Nous formions de nombreux groupes éclectiques dans le Hip-hop. Mais en 1992 naquît le mythique ETAADURJANSS Possee qui a mobilisé les jeunes du Cameroun et de la sous région tout entière durant une dizaine d’année. Il était inimaginable et impensable que des jeunes adolescents de 15 ans envers et contre tous, deviennent des leaders d’opinions doté d’un charisme fort et d’un lyrisme chatoyant. Notre ascension bien qu’émaillée de conflits trans-générationnels et d’obstructions culturelles, a pris de l’ampleur, les médias ont commencé à s’y intéresser et le public naturellement a suivi. Je suis surpris que certains caciques passent cette époque mémorable de notre art sous silence. Nous avons produit des tonnes de titres dont les plus connus ont été « Maître de l’art » ; « Police : Ennemis du Peuple » ; « les saints vont en enfer » ; « Triste décor ‘rap’ » ;« Feyman » ; « Danse donc je suis » ; « le mal par un mâle » ; « La femme de tous » ; « le Poids du temps » ; « Ils ne savent pas ! » ; « Sèche tes larmes ! » ; « cœurs de tambours » ; « Sans oublier que nous étions les précurseurs de l’improvisation écrite et orale en spectacle permanent ». La popularité fût pour nous une consécration, nous étions adulés, la reconnaissance de notre passion nous servait de salaire et cela nous suffisait largement. Aujourd’hui, je suis fier du travail que nous avons abattu même si nous sommes à l’origine de la révolution (Hip-hop), nous n’avons jamais été ceux qui ont récolté les fruits (argent) de l’idéal pour lequel nous nous sommes battu.
Ensuite, j’ai connu une autre vie la séparation avec ceux là même qui m’étaient si chers, par pudeur je citerais leur nom plus tard, ils se reconnaîtront car je garde une pensée sincère et nostalgique pour eux. Mes études universitaires, la disparition de mes proches et quelques défis de la vie, m’ont quelque peu refroidi du circuit mais à mon retour sur la scène je suis devenu un autre homme….un esprit. Mais je préfère taire cette renaissance dans cette interview car elle prendrait toute une autre vie (rires…). Je vous donne rendez-vous pour la sortie d’un autre opus.
Quels projets envisagez vous pour l’avenir ?
Je viens de terminer mon livre recueil de poésie lyrique intitulé le « Temps n’a point de rive » qui exalte le Cameroun, l’Afrique et dénonce l’ignominie et l’inefficacité des politiques rigides occidentales conçus à l’échelle du monde par ces méga structures d’usuriers qui nous ponctionnent sans vergogne. Et, je m’exprime sur beaucoup d’autres choses encore….
Je prépare un autre album cette fois intitulé le « Marabout Loup » qui est une analyse sur les comportements des afro camerounais à la recherche de leur propre culture et à la quête d’une culture au métissage aliénant. Je dénonce aussi les maux qui nous maudissent, qui ralentissent notre épanouissement, nous n’avons pas besoin de singer le modèle occidental pour sauver notre âme de l’avenir de l’humanité. Ils sont déjà assez malheureux comme ça, et s’il faut les rejoindre dans ce malheur, c’est la porte ouverte à la guerre, misère, sida et autres…la mondialisation est la néo-recolonisation qui nous livre en pâture à tous les excès, à tous les abus et à toutes formes nouvelles d’exploitation. Il va falloir protéger notre patrimoine qui attise les convoitises.
L’Afrique est l’avenir de l’humanité, il est tant de prendre conscience, que nous n’avons pas tout perdu mais au contraire notre civilisation est la seule alternative universelle pour un monde plus juste, pacifique et prospère.
Avez-vous programmé des concerts, spectacles car le public a bien hâte de vous revoir sur la scène qui est votre atout indéniable ?
Ces projets sont en cours de réflexion et je crois que le jour où je me présenterais devant mon public fétiche ce sera un jour de gloire commune, un moment de communion et d’extase, un moment de joie et de fête, un moment de méditation et d’animation, un moment d’amour et de paix. Et, je me prépare en conséquence pour que ce jour ait lieu, au meilleur des moments possibles.