En plein promo de l’album de son posee « Monsieur le Politicar’D », le rastaman kefer (leader du groupe famla) nous a rendu visite à la rue Ceper (quartier Elig Essos à Yaoundé, au siége de kamerhiphop). Il nous a parlé de Monsieur le politicar’D, de Babylone…
kamerhiphop.com : Comment est né le groupe Famla ?
kefer : Le groupe est né à la suite de la rencontre de trois esprits illuminés recherchant la vérité. Ces trois esprits sont : Dialo, Mamy Wata et moi (Kefer, leader du groupe, ndrl). Etant donné que nous avons la même vib et la même vision des choses, nous avons décidé de bosser ensemble. C’est depuis 2002 que ça dure.
Vous venez de mettre sur le marché discographique kamer un album de 13 titres qui s’intitule « Monsieur le politicar’D ». c’est qui Monsieur le politicar’D ?
Le politicar’D c’est celui là qui nous gouverne. Tous ceux qui gouvernent le monde sont des politicar’D. ils passent leur temps à piller les caisses alors que les pauvres vivent mal. Notre seule arme pour dénoncer cela, c’est le M.I.C. tu sais dans bientôt l’apocalypse arrive.
C’est une autoprod ?
Bien sur l’album est une auprod. Au bled, les grosses structures ne soutiennent pas la culture. Nous sommes obligés de nous battre pour faire tout nous même c’est-à-dire nous rappons, nous produisons et nous distribuions.
Dans un pays ou la piraterie occupe 90% du marché, comment tu comptes t’y prendre ?
C’est clair que la piraterie tue le marché du bled. Moi pour contourner cela, j’ai adapté le produit aux réalités camerounaises qui veut qu’un disque coûte 1000f CFA. Grâce au street marketing, le produit est livré à domicile. A ce prix, c’est difficile de pirater le CD. Mieux vaut vendre moins cher et beaucoup que…
En ce qui concerne le marché international, nous verrons plus tard.
Dans le son la vie est amer, tu dis « la vie est amère pour la jeunesse du kamer, si t’as pas le CFA, tu vis l’enfer » explique toi un peu…
Vivant dans un pays de plus en plus matérialiste, il n’y a pas de place pour le mérite. Le talent et les valeurs sont ignorés. Les fils des pauvres sont condamnés à crever. Il n’y a pas de place pour eux dans le pays de Roger Milla. Combien sont ils ces jeunes diplômés sans boulot ? nombreux, très nombreux même.
Dans « Monsieur le politicar’D », tu dis « fire burn Babylone, fire burn le système… ». selon toi, qui incarne Babylone ?
Pour moi Babylone est un système des choses actuelles donc les gouvernants sont corrompus. Une société de plus en plus matérialiste, la croissance de valeurs négatives et l’absence des models.
Dans cet album, il y’a un mélange de RNB, soul, ragga, reggae… c’est quoi finalement le style famla ?
Notre style est un métissage de cultures rebelles black et roots culture.
C’est du reggae soul.
Dialo et Mamy Wata (les 2 chanteuses du groupe) ont déclaré lors d’une interview que j’ai réalisé avec elles (NDLR le 16 juillet 2006) que « kefer c’est notre père spirituel et il nous a permis de découvrir les talents cachés en nous ». alors qu’est ce que ça te fait ?
Cela ne peut que me réjouir, surtout venant des meufs que j’encadre. Dans toutes sociétés, il y’a des élus qui sont des bergers qui guident le peuple. A travers ce que je fais, la volonté de dieu est là pour me procurer un certain bien être parce que le bien est bon et nécessaire. Un adage dit « on fait le mal parce qu’on ignore le bien ».
« Monsieur le politicar’D », « la vie est amer », « la voix des sans voix », « Babylone » que des titres forts, ça veut dire que famla est un groupe engagé ?
De part mon look rasta et ma culture reggae, je me dois d’être engager. Comme tu sais, le rap et le reggae sont des musiques de révoltes. On dit tout haut ce que les gens disent tout bas. Je suis à la recherche de la vérité et de la justice dans un monde d’injustice. Plus engagé que moi, tu meurs.
Est-ce qu’il y’a des critiques que kefer aies peur d’entendre ?
Non ! parce que je ne suis pas la perfection. Je n’ai pas le monopole du savoir, les critiques me permettent de m’améliorer.
Tes souhaits pour 2007 ?
Je souhaite plus d’amour (pour le prochain), que la jeunesse soit plus consciente de sa mission terrestre. Elle doit accorder plus d’importance aux valeurs humaines et spirituelles qu’aux valeurs matérielle et superficielles.
Un message à l’endroit des hiphoppeurs ?
Que les hiphoppeurs prennent conscience de leurs réalités parce que leur bonheur et leur malheur sont entre leurs mains. Qu’ils ferment leurs portes aux vendeurs d’illusions venant de l’occident.
Leurs lumières et leurs ténèbres c’est encore eux.
