« Tu veux connaître la b.o de nos life, viens faire un tour où on vit » L’invitation est simple et traduit l’esprit de ce maxi du rappeur Krotal.
Il l’a voulu introspectif, miroir d’une pâle réalité dans une société « loin de la fontaine et de ses fables ». Baptisé ‘‘la b.o de nos life’’, ce maxi qui place Krotal à al cime du hip hop camer n’est en fait qu’un aperçu en attendant son second album prévu en principe courant Mars 2008. 6 titres constituent la trame de ce brillant opus produit par Ndabott Records, son label lancé juste après sa séparation avec Mapane Records. Distribué exclusivement par MTN et Planète Jeune, cette B.O de nos life est le film de la vie d’un rappeur témoin des vicissitudes quotidiennes de ses compatriotes et la déroute d’une jeunesse camerounaise sans repaire et qui ne pense qu’à partir.
Les thématiques engagées sont d’actualités, et le choix des invités démontre le côté professionnel de ce maxi. Krotal s’est ainsi offert le luxe de convier en featuring Funkiss et Sultan Oshimin qui a une fois encore profité de l’occasion pour critiquer crûment Babylone et son système factice.
Le maxi s’ouvre par le titre phare (la b.o de nos life) dans lequel Krotal invite le mélomane à la découverte de l’univers chaotique d’un jeune camerounais. C’est une sombre peinture lyrique de cette jeunesse camerounaise fatigué d’espéré en vain et qui ne rêve que d’immigration, de visa schengen afin de fuir un continent devenu shangaï !! C’est aussi « une pâle estime » d’un monde où certain se prennent pour les gendarmes du globe, envahissent des nations et foulent au pied leur souveraineté. Dans le morceau « Tara », Krotal trimbale le Cameroun dans son rap (le temps d’une musique), un rap qui puise sa force dans le riche patrimoine culturel camerounais. Son rap se veut identitaire et est un savant mélange de sonorités Ekang (rythme de la forêt équatorial) et de sonorités urbaines. Cette démarche n’est d’ailleurs pas si éloigner du concept de son 1er album (vert rouge jaune). Cependant, pour ce maxi le rappeur a mis la barre haute grâce notamment aux textes engagés de ses chansons ce qui est d’ailleurs la preuve d’une maturité qui se traduit par des prises de positions, un parler cru, notamment sur le véhément « etudiant africain ». Krotal y relate le triste combat de ses étudiants livré à eux même, aux dures réalités des campus face à un système qui la plus part du temps les opprime alors que ces derniers après leur études n’ont qu’un vœux ; se mettre au service du pays et contribué à son développement. Il y fait également un clin d’œil à l’ADEC, l’association de étudiants du Cameroun.
Un Cameroun qui 40 ans après l’indépendance est toujours prisonnier des vieux démons de l’histoire et du néocolonialisme, ce malgré le dur combat mener pour sa libération par certains héros légendaires à qui il rend hommage sur le titre « nam ekam ». De Martin paul Samba à Charles Assalé en passant par Charles Atanga et Ruben Um Nyobé, les noms se bousculent sous la plume du mc par ailleurs à la recherche de ses repaire dans un contexte où « vieillesse s’est faite complice des sévices[que jeunesse] subit ».
Sur le fougueux ‘‘élus du peuple’’ c’est cette vieillesse, ces élus du peuple cupide et corrompu que Krotal interpelle afin qu’ils assument leurs responsabilités et tiennent pour certains les promesses faite au peuple. En featuring avec Sultan Oshimin, nos deux soldat du mic dénoncent à coup de rimes les malversations des hommes politiques boulimiques du pouvoir et déclarent dans un refrain brûlant : elus du peuple / ceci est un appel à la conscience / n’oubli jamais que le peuple t’a fait confiance… Un avertissement en somme contre ceux qui pense tromper le peuple car « qui tue le peuple meurt par la main du peuple ».
Au final, force est de constater que des textes aux mélodies, ‘‘la b.o de nos life ‘’ a tout pour rentré dans le registre des classiques du hip hop kamer et une fois de plus Krotal confirme son statut du meilleur rappeur du bled dans ce maxi au textes poignants et à l’originalité remarquable.
Krotal, la b.o de nos life, Ndabott records, 2007.
