Sidney : « J’ai horreur de l’amateurisme… »
Dimanche 25 Novembre, il est 13 heures. Au quartier Bali (Douala), nous Sommes allés à la rencontre de Sidney. Il était en plein boulot dans son studio, Sideus Records. Nous étions Accompagnés de son Manager, Berthe Kouedy et Toopy 4 Ever (qui nous a d’ailleurs conduit dans sa voiture). En short, tricot, babouche, Sidney relax comme à son habitude nous a réservé un accueil chaleureux. Malgré la fatigue « j’ai bossé toute la nuit nous a-t-il dit », nous avons pu réaliser l’interview. « ça fait 7 sept mois que j’ai abandonné ma piaule, je dors en studio. Je suis à la recherche du son » nous a-t-il confié.
Kamerhiphop.com : Bonjour Sidney, parle moi de tes débuts ?
Sidney : Bonjour.
J’ai débuté la musique au lycée bilingue de Bamenda. Mais c’est à l’université de Dschang que je fais valoir mon talent. Très vite j’intègre le groupe dénommé Grassroad avec trois amis : Landry, Irène et Mireille ceci sous la houlette de Fobi Michael qui me permettra de connaître mes potentialités et les exploiter. Je joue chaque soir dans un cabaret de Douala, la Cigale situé à Bonanjo. J’ai été lauréat du concours coca cola Dream (avec Lady B, Wilfried, Joe Patenzo et le groupe C-minaire) en 2004. et actuellement je prépare mon album solo qui sortira bientôt. Mais je lance tout d’abord mon single qui sort dans une semaine (l’interview a été réalisé le 25 Novembre 2007) et il sera distribué par le réseau Culture Mboa. Il sera vendu à Creacom, dans les agences Garanties au prix de 1000frs. il sera également vendu en ligne.
De quoi parles tu dans cet album ?
Je parle de la vie des jeunes africains, des difficultés qu’ils vivent tous les jours. 80% de mes chansons sont chantés en anglais et les 20% en pidgin, Douala et français.
Actuellement, sur quoi bosses tu ? (nous l’avons trouvé en studio)
Ça fait sept mois que j’ai abandonné ma maison pour dormir en studio. Avec mon DJ (DJ Rahim), nous essayons de trouver le son. Nous sommes en stage bloqué.
C’est un home studio ?
Au début, j’ai voulu faire un studio payant mais je me suis rendu compte que ça ne marchera pas. je l’ai donc transformé en studio de label (Sideus Records le nom du label, ndrl), cela me permets de bosser sur mes projets.
En dehors de Sidney, quel autre artiste est signé par Sideus Records ?
Nous avons repéré quelques jeunes et nous comptons bosser avec eux dans un avenir proche. Je parle notamment de Chris, Phine et Janice.
Avoir un studio pareil, c’est beaucoup d’argent…
C’est plus de la volonté que des moyens. J’ai eu la chance d’avoir un partenaire qui croit en moi. tu sais, j’ai eu l’occasion de me barrer de ce bled mais je me suis dit à chaque fois que c’était important de rester. Et je suis là…
Justement toi qui a eu l’occasion de voyager, comment ça se passe ailleurs ?
Ailleurs les artistes sont respectés. Ils sont pris plus au sérieux. J’ai vu au Nigeria comment les artistes locaux sont pris en considération. Les 2 face et autres sont mieux respectés lors des spectacles ou les 50 cent sont programmés.
Tu as été lauréat du concours coca cola Dream, qu’est ce que cela t’a rapporté ?
J’ai gagné en visibilité. Coca cola m’a ramené vers les jeunes étant donné que je suis un artiste des cabarets. J’ai rencontré des techniciens professionnels, j’ai participé à une vidéo pro, j’ai rencontré des grands tels Edgar Yonkeu… aujourd’hui grâce à tout cela, je suis devenu exigeant.
N’as-tu pas de regret quand tu vois aujourd’hui ce que ce concept est devenu ?
Si, ça me fait très mal. On devait ouvrir le chemin aux autres, car Dream c’était le rêve. Le projet était costaud, Mais honnêtement à la fin, c’est la déception totale. Sinon, moi Sidney, j’ai gagné en visibilité.
Tu viens de participer au Mboa Hip Hop donc tu as remporté le prix du meilleur artiste RNB (cette interview a été réalisé le 25 Novembre 2007). Quel commentaire fais tu de ces Awards… sur le plan organisationnel
Je dirais que un Boa s’est infiltré dans Mboa. il y’a eu pas mal de manquement dans l’organisation. J’avais l’impression qu’on faisait la promo d’une marque de boisson…
Je sais que Nobody se bat pour que le hip hop avance. Je pense que pour ce genre d’événement, les annonceurs devraient s’impliquer, s’investir plus car le Cameroun mérite mieux que ce qu’on a vu hier. Il faut faire rêver les jeunes. Les Awards doivent se faire selon les normes internationales. J’ai horreur de l’amateurisme.
Quels sont les difficultés que tu rencontres ?
Les difficultés sont d’ordre financiers. Mais comme au pays, il faut avoir quelqu’un quelque part pour être quelqu’un… au pays on nourrit les gens d’espoir.
Pourquoi à ton avis les spectacles hip hop ne drainent plus du monde ?
Je crois que les organisateurs ne sont pas assez sérieux, Ils manquent (pour certains pas tous) de professionnalisme. Certains récupèrent beaucoup d’argent chez les mécènes mais ne donnent que les miettes aux artistes. Quand vous n’avez pas un cachet conséquent, ce n’est pas évident de se donner à 100%.
Les artistes aussi ont leur part de responsabilité dans ces échecs à répétition. Beaucoup veulent gagner sans fournir des efforts. Un artiste est une étoile, un star qu’on ne l’oublie pas. si vous êtes tout le temps au quartier débraillé, vous ne ferez jamais rêver personne.
Quels sont tes projets à moyens et à long terme.
A moyen terme, c’est la sortie de mon maxi (maxi sorti depuis début décembre 2007). A long terme, c’est la sortie de mon album courant 2008. je voudrai aussi bosser avec les jeunes car aujourd’hui au bled, tout est à refaire. Pour cela, j’essaie de monter des trucs de gauche à droite et j’espère que ça ira.
Un contact pour tes nombreux fans ?
Ils peuvent visiter mon blog www.myspace.com/sidneytum. pour d’éventuels contacts de spectacles et autres, je préfère donner le numéro de mon manager (237) 96 77 74 25.