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vendredi, avril 26, 2024
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Eric Christian Nya : Eric Christian Nya : Le hip hop kamer manque de discipline..

Transfuge de la RTM (Real Time Music) des artistes Tom et Dinaly Yom’s,  Eric Christian (Nya) s’illustre aujourd’hui comme l’un des animateurs radio qui s’incruste davantage dans le mouvement  hip hop, lui donnant une bonne visibilité et dès fois, une critique acerbe pour son évolution saine. Il revient sur ses motivations, ses ambitions….


kamerhiphop.com : Etait-ce ton rêve de devenir animateur radio ?
Eric Christian : Oui, j’avoue que j’ai toujours voulu faire ce métier. Je m’y sens vraiment à l’aise. J’ai toujours adoré exercer un métier public et pour moi il n’y a pas mieux que l’audiovisuel. C’est mon rêve de gosse qui est devenu réalité, même si j’estime n’avoir pas encore tout donner. J’emprunte toujours cette formule qui veut que «le meilleur reste à venir», évidemment par la grâce de Dieu, j’atteindrai la vitesse de croisière.


Pourquoi avoir gardé ton nom véritable en lieu et place d’un pseudo comme le font certains ?
Je n’ai pas vu la nécessité d’utiliser un pseudo car, j’estime que mon  nom (NYA) et mes deux prénoms (ERIC CHRISTIAN) ne sont pas difficiles à retenir et la prononciation n’est pas compliquée du tout. En plus, ça fait très star… (Rires)


Animateur fan de hip hop d’abord. Qu’est-ce qui te passionne dans cette musique ?
J’admire surtout le côté dénonciateur, militant et engagé de cette musique. J’adore les textes bien élaborés. Evidemment quand les musiques sont bien faites, c’est la totale quoi ! Le hip hop à travers le rap  est un puissant vecteur qui doit servir à passer des messages. C’est en fait tout cela qui me passionne dans ce courant culturel. Puisqu’il faut dire que le hip hop englobe plusieurs réalités (rap, street wear, graffitis, break dance, deejaying, etc.…)


Serais-tu d’avis avec ceux qui arguent que le Kamer a du hip hop de bonne qualité ?
C’est vrai qu’au Kamer, il existe de nombreux talents. Seulement, les conditions dans lesquelles on évolue, à mon avis, ne permettent pas dès fois que le hip hop qu’on nous sert soit de très bonne qualité. J’avoue qu’il y’en a qui font des efforts avec peu de moyens, qui arrivent à  marquer les esprits, à séduire le public de façon unanime. Mais d’une manière générale, beaucoup reste à faire. Si on essaye de comparer avec ce qui est fait par exemple en Afrique de l’Ouest (Sénégal, Burkina Faso etc..), je crois qu’on peut dire sans risque de choquer que l’on  a encore du chemin à faire.


A ton avis quels sont les problèmes des artistes de hip hop au Kamer ?
Le gros problème est celui du manque criard de moyens financiers. Ce qui a forcément une grande incidence sur un certain nombre de choses. On a par exemple des gars bourrés de talents qui, faute d’argent n’auront jamais la chance de produire leurs albums. A côté de cela, il y’a pleins de jeunes qui tombent le plus souvent sur des pseudo producteurs qui ne respectent jamais leurs engagements. Il n’y a pas longtemps, je suis tombé sur un jeune rappeur talentueux, que j’ai plusieurs fois reçu à mon émission. Il m’a annoncé qu’il allait désormais se mettre au Makossa car il estimait qu’en tant que rappeur, il n’y a pas d’avenir pour lui. Et je trouve cela vraiment dommage. Il faut travailler dans le sens du développement de carrière. Dès fois, il y’a juste des actions qui ne s’inscrivent pas dans la durée. Souhaitons qu’un jour les choses aillent mieux. On connaît tous le fameux slogan « One day, one day, ça va payer ». Ailleurs, c’est une véritable industrie qui génère des revenus et fait vivre des familles entières. Au Sénégal par exemple, Didier Awadi pour qui j’ai beaucoup de respect, est un monsieur avec grand M.


A qui la faute ?
La faute est à ceux là qui par égoïsme, n’ont pas envie d’aider la jeunesse. C’est quand même choquant que dans un pays comme le Cameroun, il n’y ait pas suffisamment de bonnes volontés quand il s’agit d’aider les jeunes à émerger surtout dans le domaine du hip hop. Malheureusement en 2006, il y’en a encore qui croulent sous le poids des préjugés, qui refusent de voir plus loin que le bout de leur nez. D’aucuns pensent que les animateurs de hip hop sont des personnes qui n’ont rien dans la tête et qui sont là pour amuser la galerie. Je prépare un master en communication ! Il faut aider les jeunes qui ont choisi le hip hop. L’avenir d’un pays, c’est sa jeunesse. On a tort de ne pas y penser.


As-tu déjà été victime des arrogances et insouciances des rappeurs ?
Oui, malheureusement c’est arrivé quelques fois. Le constat que je fais, c’est qu’il manque beaucoup de discipline dans le hip hop. Certains ne se prennent pas très au sérieux, ils ne respectent pas les rendez-vous lorsqu’il s’agit de participer à des émissions. Dès fois, ils se prennent la tête, font des caprices de stars. D’aucuns se permettent de dire aux hommes de médias ce qu’ils ont à faire. Il arrive que certains rappeurs disent du mal des hommes de médias parce qu’ils n’ont pas voulu diffuser leurs maquettes à l’antenne pour des soucis de qualité. Personnellement, je n’ai jamais demandé 5 f CFA à un artiste pour qu’il soit diffusé dans mon émission. Ce que je privilégie c’est la qualité, si un artiste n’est pas capable de donner des émotions fortes lorsqu’ écoute, et si l’œuvre qu’il propose n’est pas ok d’un point de vue technique, je ne diffuse pas. Peu importe ce qu’il dira. On n’a pas le droit d’encourager la médiocrité en plus, il y va de ma crédibilité.


On leur colle cette étiquette de vantards, d’irrespectueux… toi qui les côtoient que dis-tu ?
Oui, ce n’est pas totalement faux. Il est important que les gars se prennent au sérieux. Qu’ils soient plus disciplinés. Une bonne discipline est gage de réussite. Je trouve que c’est ridicule de vouloir se comporter comme 50 cent ou Jay Z alors qu’on n’a pas les moyens de pouvoir vivre comme eux. La priorité des gars est de se battre pour se faire une place au soleil. Le reste n’a pas d’importance. Il y’en a qui se font la guerre entre eux. De telles attitudes ne servent pas la cause. Pour relever les défis qui sont les leurs, les hip hoppeurs doivent être unis et avoir le courage de se dire des vérités en face. Toutefois, il y’en a qui sont cool.


Comment juges-tu la qualité de la musique hip hop locale ?
De plus en plus, la scène s’enrichie d’œuvres de qualité. Avec peu de moyens, certains arrivent à faire des choses bien. Je vais citer Krotal, Koppo, Big Bzy, Roggy Stentor, Ak sang Grave, Sultan Oshiminh, Valséro, Le So Sound Crew, X-Maleya, S-Team, Sydney,Toopy 4 Ever, Obidy Style, Kund Eyala, Akwastik, Big Boos entertainment kamer, Lady B et bien d’autres encore. Vraiment maximum de respect, ne vous arrêtez surtout pas en si bon chemin. Il est important de savoir que l’un des défis à relever aussi, c’est d’offrir au public des œuvres de qualité. Vous en avez les potentialités.


Et comment apprécies-tu les quantités et les fréquences de production ?
Bah, j’avoue que la scène n’est pas très dynamique en matière des sorties discographiques. Il faut attendre plusieurs mois pour assister à quelques sorties c’est compréhensible ! De plus, la production musicale coûte chère. Conséquence au niveau des radios, nous sommes obligés de diffuser les mêmes musiques pendant de longues périodes.


D’aucuns ont la fâcheuse habitude d’opposer Scène hip hop Douala à celle de Yaoundé, objectivement est-ce deux poids, deux mesures ?
Je crois qu’on devrait éviter ce genre de comparaison. Cela ne fait pas avancer les choses. Chaque ville a sa sensibilité, ses réalités et c’est normal que cela se ressente au niveau des œuvres. On devrait plutôt être fier de cette grande diversité. On est content de dire que le Cameroun, c’est l’Afrique en miniature, pourquoi ne pas être content aussi que le hip hop kamer ait plusieurs couleurs.


Parle nous de ton programme Groove, depuis quand existe-t-il ?
GROOVE existe depuis début septembre 2006 à la faveur de la nouvelle grille des programmes de CRTV FM 105 SUELLABA. En réalité, le nom GROOVE est nouveau. Car depuis plus de 2 ans je m’occupe des musiques urbaines (hip hop) sur la chaîne. J’ai d’abord animé en soirée MAXIGROOVE puis, il y’ a eu la LE CLASH en duo avec Nabil qui nous a permis d’être sacré Meilleurs animateurs Hip hop Radio du Cameroun au cours de l’événement baptisé THE SLYK, qui a connu la participation en mai 2006 de Princess Aniès, Salif, Antilop Sa, etc… Aujourd’hui, GROOVE est l’émission de référence du hip hop, R’nb au niveau de la province du Littoral, sans exagération aucune. Je suis quelqu’un de humble (Rires). GROOVE est diffusé lundi, mardi, jeudi et vendredi de 15h30 à 17h. Les auditeurs peuvent écrire à l’émission à l’adresse
ericchristian2006@yahoo.fr. GROOVE est une réalisation de Achille K.

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