Robert Ngoun : « Les producteurs camerounais ne suivent pas l’ère numérique »
Consultant en management des projets et en ingénierie culturelle, Consultant en recherche des financements des projets à l’international, Spécialiste en production de spectacles et en administration des tournées musicales à l’international… Robert Ngoun est camerounais. Il vit en Europe depuis 1999. Ancien membre du mythique groupe des années 90, le Star System, Robert Ngoun nous donne là une vraie leçon de management…
kamerhiphop.com : Bonjour M. Ngoun, vous êtes Consultant en management des projets et en ingénierie culturelle, Consultant en recherche des financements des projets à l’international, Spécialiste en production de spectacles et en administration des tournées musicales à l’international. Pourquoi vous ne mettez pas tout ce savoir au service de votre pays d’origine ?
Robert Ngoun : Bonjour. Ma réponse aura deux volets :
Premièrement, j’ai sollicité auprès des autorités culturelles compétentes au Cameroun, la mise à leur disponibilité de mes compétences professionnelles et jusqu’à ce jour, ces sollicitations sont restées lettre morte. Personnellement, j’ai envoyé une lettre, une carte félicitant le nouveau ministre de la culture et même mon curriculum vitae afin d’attirer son attention sur ma disponibilité, mes compétences ainsi que la mise à sa disposition de ma modeste expérience dans le domaine de la gestion culturelle pour le compte de mon pays mais au jour ou je réponds à vos réponses, aucune courtoisie n’a été apportée à mes correspondances comme quoi le Cameroun reste le Cameroun. Où peut être que mes compétences ne sont pas intéressantes ou importantes pour le Cameroun qui sait ?
Deuxièmement, et concernant une éventuelle installation au Cameroun en qualité d’indépendant, il n’existe aucunes dispositions légales, aucunes garanties ni par le biais de la loi, ni par un accès aux crédits auprès des banques et encore moins par l’administration camerounaise me donnant des assurances sur l’indépendance que j’aurais à créer, à gérer et à administrer sereinement une entreprise commerciale spécialisée dans les métiers administratifs de la musique et de la culture et pour finir, il manque des équipements culturels pour pouvoir se mouvoir indépendamment dans ce milieu ainsi qu’à ce jour une séparation des spécialités entre les opérateurs culturels au Cameroun, et les entreprises commerciales spécialisées dans d’autres domaines et enfin, des apprentis sorciers qui du jour au lendemain sont spécialistes dans les métiers administratifs de la musique.
Tenez un producteur de spectacles a économiquement besoin d’espaces de diffusion pour des représentations publiques des spectacles qu’il produit. Or au Cameroun, il n’existe pas de salles de spectacles et encore, les spectacles n’ont lieu que dans des villes de Yaoundé et de Douala. Trop peu pour une entreprise de vraiment faire du chiffre afin de rentabiliser sa mise. Imaginez donc un producteur de spectacles qui met ses billes pour produire le spectacle d’une star locale camerounaise et souhaite la faire tourner au niveau du triangle national eh beh ! Je doute fort qu’il puisse s’en sortir. Les salles de cinéma de Yaoundé et de Douala ne sont pas adaptées, les organisateurs locaux n’ont pas de moyens financiers suffisants pour l’organisation des spectacles dans des espaces non aménagés appelés « plein air »
Du coup, pour créer au Cameroun une entreprise commerciale spécialisée dans la production de phonogrammes (disques), et la production de spectacles cela craint un peu……… certes, il existe des possibilités de créer une entreprise commerciale mais spécialisée dans les services aux entreprises (consultation, conseils, ingénierie culturelle aux communes) mais là encore, nous savons tous comment les marchés s’obtiennent au Cameroun. Tenez encore par exemple au Cameroun, les entreprises brassicoles, les communes et même l’Etat sont souvent des organisateurs de spectacles ou de phonogrammes, des fois, vous retrouverez des cousins, des frères, des s½urs et qu’en sais je encore, des petites amies des décideurs camerounais prendre la place des organisateurs professionnels pour l’organisation d’un spectacle du coup, mes prétentions seront vaines et mes démarches inutiles. Or je n’ai ni les moyens financiers pour m’installer en privé et encore moins des connaissances au sein du gouvernement qui me donneront des possibilités d’exercer sans contrepartie. Alors voilà, j’aime mieux avoir le minimum ici que de me prendre la tête là bas….les conditions administratives n’étant pas prises
Depuis combien de temps avez-vous quitté le Cameroun ?
Je suis parti du Cameroun vers la fin des années 2000 pour être exact, le 20 février 1999. J’ai vécu tout ce temps en Suisse et aujourd’hui, je suis à Paris en France qui est la capitale du show Bizness francophone (je précise bien francophone) mais je vais vous rassurer, je suis revenu au Cameroun en 2003 invité pour la création de la C.M.C, 2004 pour la participation des opérateurs économiques camerounais à des marchés financiers en Suisse, 2005 pour des rencontres musicales, 2006 pour des rencontres musicales. J’ai même produit entre temps au Cameroun des artistes Suisse et surtout, j’ai eu la chance d’avoir étudié la gestion culturelle et sociale au SAWI à Lausanne, le management culturel à Genève, le management artistique à Lyon en France, préparer et obtenu un master à l’université de Lyon en Suisse, participé à des rencontres, des séminaires, des festivals et autres MIDEM en France, POPKOMM en Allemagne, WOMEX en Espagne, Les Francopholies au Canada, le Sommet mondial des arts et de la Culture en Angleterre etc
Quand êtes vous venu au Cameroun pour la dernière fois ?
Je suis revenu au Cameroun pour la dernière fois en juillet 2007 et plusieurs fois pour des raisons familiales
Vous faites un constat inquiétant dans votre blog en ce qui concerne les spectacles vivants au Cameroun. Vous dites, je cite « Au Cameroun, aucune ville ne dispose d’une politique culturelle, aucun des 56 départements n’a mis en place une politique culturelle, l’Etat n’a vraiment jamais mis en place de politiques culturelles et artistiques… » Selon vous l’Etat devrait il porter le chapeau seul ?
Oui, l’état doit et même je vais dire mieux : l’état porte SEUL (comme vous dites) le chapeau de cette inexistence cruelle des politiques culturelles tant au niveau national qu’au niveau local car il est du ressort de l’Etat de mettre en place les politiques (je précise bien) aussi bien nationales que locales des gestions culturelles d’un pays et particulièrement du Cameroun. Ou si je me trompe citez moi une seule ville camerounaise qui dispose ne serait ce que d’une salle socio culturelle mise à la disposition de ses administrés…… aucune et je n’ai envie de lancer un défi à personne parce que celui ci est perdu d’avance. Plus jeune, les salles construites ci et là dans certaines villes appartenaient et appartiennent toujours aujourd’hui au parti au pouvoir.
Au Cameroun, ce sont les lois n° 74/23 du 5 décembre 1974 portant organisation communale, ensemble ses divers modificatifs et la loi n° 87/015 du 15 juillet 1987 portant création des communautés urbaines qui régissent les communes rurales et les commues urbaines or, nous comptons à ce jour près de 339 villes et aux dernières nouvelles 7 communautés urbaines (Douala, Yaoundé, Kribi, Edéa, Bafoussam, Garoua et Bamenda) je pense hein vous m’excuserez si je me trompe mais savez vous que les seuls petits équipements ruraux – PER – qui sont de types particuliers, sont régulièrement soutenus par l’Etat. Et que, lorsqu’il faut parler de la construction des salles de spectacles ou de l’aménagement des aires publiques, nous avons à faire à des projets d’équipements ruraux d’importance supérieure ? Qui au Cameroun ne rentrent plus dans le domaine direct de la commune et encore moins du département. Or, l’Etat est garant du bien être des populations qu’il administre ainsi que de la mise en place des méthodes d’une gestion économique, financière, administrative, de l’initiation des lois et du bien être des artistes au Cameroun. Les partenaires sociaux et économiques venant s’adapter aux mesures prises par l’Etat.
Alors à ce jour, seules quelques lois ont été adoptées par l’assemblée nationale, promulguée par le président de la république mais jamais mises en application par le gouvernement exceptée la loi n° 2000/11 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins qui a bénéficié du Décret n° 2001/956/PM du 1er Novembre 2001 – fixant les modalités de son application.
Est ce selon vous la principale raison qui empêche les artistes de renommées internationales à se produire chez nous ? Et les mécènes qui refusent d’accompagner la culture ?
Non parce que de par le monde, les artistes de renommées internationales ne se produisent que très rarement dans des salles à faible rentabilité comme par exemple à Yaoundé le cinéma théâtre Abbia, à Douala le cinéma le Wouri ou à Bafoussam le cinéma l’Empire. Non loin de là, les artistes de renommées internationales ne se produisent pas au Cameroun tout simplement parce qu’au Cameroun nous manquons des professionnels dans le domaine de l’organisation des spectacles. Imaginez par exemple l’arrivée de Diam’s au Cameroun, son tourneur demanderais au bas mot un cachet de près de 25 000 euros rajoutez y le transport international de l’artiste qu’accompagnerait d’éventuels musiciens, l’hébergement, les frais liés aux caprices de l’artiste, le transport international de tout ce beau monde et de son matériel, la restauration et j’en passe du coup, avec le coût de vie relativement faible au Cameroun, la jeunesse qui est la première cible (la segmentation comme on dit dans notre jargon) de l’organisateur, ce dernier, en bon professionnel devrait prendre en compte tous ces frais qui ressurgiront immanquablement dans le budget prévisionnel or, les recettes viennent très souvent de la billetterie, du bar, et du marchandising alors la question sera celle de savoir quelle équation cet organisateur mettra en place afin équilibrer ses comptes … du coup, le prix d’entrée sera conséquent.
Les mécènes refusent d’accompagner les projets culturels parce que simplement rien ne garantis que leur contribution aux projets culturels aura une incidence sur leur richesse personnelle. Or le législateur a voté et le Président de la République a promulgué la Loi N°2003/013 du 22 décembre 2003 relative au mécénat et au parrainage mais qui n’a jamais été mise en application du coup, je comprends la réticence des mécènes et des sponsors. Savez vous que les grosses fortunes en Europe investissent énormément de leurs revenus financiers dans des projets sociaux et culturels et que la loi dans ces pays prévoit que ces financements sont exempts des frais liés aux impôts ? Du coup nombre d’entreprises privées financent des opérations culturelles et en retour bénéficient des rabattements d’impôts impressionnants. D’ailleurs, beaucoup de personnes riches crées des fondations en Europe afin d’être de meilleurs philanthropes et ainsi financent énormément de projets culturels or, la loi au Cameroun qui a le mérite d’être claire a malheureusement l’avantage de n’avoir jamais été décrétée rajoutant un peu plus au désordre ambiant….. Malheureusement, au détriment des initiateurs des projets culturels, des artistes et des consommateurs culturels…
Si vous étiez à la place du Ministre de la culture, qu’est ce que vous auriez fait pour que les choses marchent au bled, culturellement parlant ?
Heureusement, je ne suis pas à la place de Madame le Ministre de la culture du Cameroun parce que n’ayant jamais géré ou administré les affaires publiques au Cameroun. Mais en tant qu’administrateur privé des activités culturelles, j’aurais proposé des lois révolutionnaires, précises et profondes afin de rendre plus efficace l’économie culturelle camerounaise. Savez vous qu’avec la force publique il est possible de mettre une économie et une industrie culturelle et je ne vais pas dire musicale afin de ne pas réduire la vie culturelle à la seule musique tant il est vrai qu’il existe au Cameroun le cinéma, la danse, le théâtre, la photo et j’en passe. Mais savez vous qu’avec un minimum, le gouvernement camerounais pourrait mettre en place des possibilités d’une gestion économique et industrielle viable, fiable et pérenne. Comment ? Cela pourrait faire l’objet d’un débat. Mais c’est d’une évidence accrue, évidente et réelle.
En créant des lois, en construisant des salles de spectacles, en encourageant la mise en place des formations dans ce domaine et en favorisant la création d’une structure indépendante de l’encouragement de la culture au Cameroun, s’installera une véritable économie culturelle. En permettant aux communes d’avoir un accès direct à la gestion, à l’aide et au contrôle des activités culturelles et artistiques dans leurs cités, les populations locales auront accès à une offre économique de la culture et de l’art.
Le résultat final ? Création des emplois directs et indirects (résorption du chômage, bien être des populations et des artistes mais surtout, bien être social et condition sociale des artistes)
Au Cameroun les hommes du showbiz ont parfois tendance à confondre les termes suivant : Tourneur, diffuseur, organisateur… pouvez nous expliquer brièvement ses thermes et leurs différences ?
Je ne vais pas parler d’ignorance pour ne pas blesser certains et ni heurter la sensibilité d’autres. Mais en fait, beaucoup de gens ont ce que l’on appelle dans le français courant l’utilisation abusive de langage or, les mots ont un sens. Je vais ici, vous donner quelques définitions des termes utiliser dans le milieu culturel et j’espère que chacun saura s’y retrouver et ainsi, prendre la mesure de ce qui se fait : suivant la loi camerounaise N° 2004/001 du 21 avril 2004 portant régime des spectacles les définitions suivantes régissent ces professions :
L’Agent Artistique
Devrait être détenteur d’une licence d’Agent Artistique, c’est un intermédiaire qui s’occupe essentiellement du placement d’artistes du spectacle vivant (recherche d’engagements) auprès des diffuseurs. Il perçoit auprès du diffuseur une commission de 10 ou 15 % du montant net du cachet de l’artiste dont il n’est pas l’employeur. Il y met un contrat.
Le Manager
Autre terme générique désignant le représentant de l’artiste :
soit dans des occasions bien déterminées, comme simple mandataire agissant sur des directives de l’artiste,
soit en tant que véritable gérant de la carrière de l’artiste, dans tout ou partie de ses activités. On attend alors de lui qu’il prenne des initiatives et définisse une stratégie.
Attention, ces deux métiers sont des métiers super ingrats dans le domaine musical et mon conseil pour mes jeunes compatriotes qui souhaitent se lancer dans ces métiers (malheureusement pour la plupart) est d’y réfléchir par deux fois avant de s’y lancer.
Le Producteur de spectacles et un entrepreneur de tournées (Tourneur).
Les producteurs de spectacles sont au sens premier ceux qui conçoivent et financent (il est important de le préciser) un spectacle en vue de son exploitation. Mais le terme désigne plus généralement les représentants d’un spectacle autorisés à le vendre aux organisateurs, ou à l’organiser eux-mêmes. L’appellation <<tourneur>> qui ne figure pas dans la loi su citée est un terme générique apparu plus récemment, définissant la même activité, dans une logique d’organisation uniquement des tournées. Selon la loi en principe, ils sont tenus d’être les employeurs des artistes, des musiciens et des techniciens artistiques qu’ils emploient mais c’est loin d’être le cas au Cameroun. En plus, ils doivent être titulaire d’une licence.
Le Diffuseur
Terme désignant, au sens le plus large, toute personne qui met directement en contact un produit culturel et un public. Dans le domaine du spectacle vivant, on désigne généralement sous ce terme générique les organisateurs de spectacles dans leur ensemble. Il faut préciser que le Diffuseur et l’Organisateur ont les mêmes responsabilités dans le domaine du spectacle vivant
Le Producteur Phonographique
C’est celui qui assure la fabrication du support, puis les opérations de marketing, promotion et communication, en amont de la distribution. Il faut bien entendu le dissocier de l’éditeur phonographique car le producteur prend l’initiative de la première fixation du support, les risques financiers et est propriétaire de l’½uvre et le second bénéficie d’une licence.
L’Artiste
Nous pouvons définir un « artiste » comme étant une personne qui crée ou participe par son interprétation à la création d’une ½uvre d’art, qui considère sa création artistique comme un élément essentiel de sa vie, qui ainsi contribue au développement de l’art et de la culture, et qui est reconnue ou cherche à être reconnue en tant qu’artiste, quelle soit liée ou non par une relation de travail ou d’association quelconque.
Le Directeur de salle ou l’Exploitant de salle
Il gère un lieu et son équipement. Il peut louer ou mettre à disposition la salle ainsi que le personnel d’accueil et le personnel technique à un diffuseur ou à un producteur / diffuseur. En outre, il doit détenir les titres d’occupation (propriété, bail, contrat de gérance) de la salle et il a la responsabilité de la sécurité des lieux et du respect de la réglementation applicable aux salles de spectacles
L’Editeur Graphique ou généralement Editeur
Ce terme désigne la personne à qui un Auteur (et/ou) Compositeur a cédé l’édition des ½uvres créées par lui pendant la période du contrat qui les unit (dit précisément contrat de cession d’édition). Il est important de faire une différence entre un Editeur Graphique et un Editeur Phonographique.
Vous avez managé le mythique groupe camerounais « les stars systèmes ». racontez moi l’aventure…
Non, je n’ai pas managé le mythique groupe Star System tout simplement parce que je n’avais à l’époque aucune idée des différences qui existaient entre les différents métiers de la musique ensuite, parce que, je n’avais pas en idée d’en être le manager mais plutôt l’artiste. Je me souviens encore en 92 lorsque sort l’album Djé Dance, notre producteur Alex Edo’o Edo’o recrute un manager et un directeur artistique. C’est plutôt après mes années d’études et d’apprentissage en Europe que j’ai su de ce qu’il en retournait. Mais le groupe naît avec la naissance de la toute nouvelle CTV (Cameroon TéléVision) qui au départ est un groupe de danse avec Nini Ossanga, Chris Beyar et moi-même Aimey Bizo c’est par la suite que nous composerons nos premiers titres avec le concours de NKembe Pesauk et connaîtrons un immense succès avec des tournées à l’international, des émissions de télé réalités comme Noël en couleur avec Consty Eka ou les Victoires de la Musique camerounaise avec Loïc ou nous gagnions alors le titre de meilleur groupe camerounais de cette année avant bien entendu le clash
On est quitté de « stars systèmes » à « War système »… qu’est ce qui s’était passé ? Pourquoi un groupe aussi performant qui a fait rêver des milliers de jeunes kamers a disparu sans « laisser de trace » ?
Eh bien, ce changement de nom est simplement dû aux problèmes qu’avaient connus les différents membres du groupe Star System dès les années 92 avec la sortie du premier album et la suite logique a été liée à une recherche de stabilité sociale de beaucoup d’entre nous qui avions alors à l’esprit de fonder qui une famille, qui de s’installer socialement dans une vie active avec ses corollaires or vous savez, à notre époque pas si lointaine, nous ne vivions pas de notre art comme artiste. Ah ! si nous avions un salaire : les femmes qui nous faisaient pas mal de gosses du coup, il était impossible de suivre. Chris Beyar et Pecky Power ont tant bien que mal essayé de faire vivre à nouveau ce groupe avec cette nouvelle appellation mais hélas, le marketing n’était plus de la partie pour le faire revivre. Malheureusement.
Certes j’ai été ravi de voir que nous étions précurseur d’un mouvement de jeunes chanteurs qui par la suite ont pris le relais avec par exemple le groupe Macase ou Chris Badd
Quel lien entretenez vous aujourd’hui avec les Hip Hoppeurs du bled ?
Aucun hélas, je n’en connais vraiment que de nom et malheureusement artistiquement, je n’en ai aucune connaissance et je vais vous dire pourquoi. Simplement parce que le rap au Cameroun est resté très marginal, pas exporté (pour des raisons purement techniques) de son mais aussi et surtout, pour d’autres raisons liées à la baisse de la consommation du vinyle, du disc compact ou de la cassette nous sommes à l’ère numérique et les producteurs camerounais ne suivent malheureusement pas.
Comment trouvez vous le niveau de ce hip hop ? A-t-il progresser ou régresser ?
Oui ! De toute évidence toute ½uvre artistique est évolutive dès l’instant elle est créée dans certaines conditions, que cette ½uvre est créée suivant les réalités de l’instant T. Simplement, ce sont les moyens mis en ½uvre pour la matérialisation et la vente de cette ½uvre qui n’ont pas évolués au Cameroun. Il existe de plus en plus de rappeurs mais pas du tout de producteurs c’est malheureusement le problème qu’a connu Star System mais avec disons quoi ? 15 années en arrière du coup, les m½urs n’ont pas beaucoup évoluées. Nous avions des idées novatrices, progressistes dans notre domaine artistique mais malheureusement pas de producteurs capables de mettre en place une production dans les règles de l’art c’est-à-dire mettre sur pieds les possibilités promotionnelles, marketistes adaptées et le pire, il manque de distributeurs qui sont un élément mais très important dans le maillon du disque or au Cameroun, les vendeurs de K7 ne mettent pas en place des structures de distribution pourtant, ceux-ci gagnent beaucoup d’argent en piratant…..
Selon vous quel est ou quels sont les maillons faibles de ce hip hop ?
Je pense que je vais plus titiller les producteurs et les politiques car il faut bien préciser ici que la création artistique n’est pas mise à défaut, elle n’est pas pour le moment indexée comme étant le mal de la musique camerounaise mais bel et bien le culturel.
C’est récurrent au Cameroun, il manque l’édification des équipements culturels (salles de spectacles, aires et autres), la mise sur pieds des politiques culturelles, la formation professionnelle et la création artistique car artistiquement parlant, je penses et je l’ai dis plus haut, je crois que les rappeurs camerounais ont une imagination débordante et encore, je suis modeste simplement, avec des lois encadrant le domaine musical camerounais, les entrepreneurs culturels auront des obligations et des devoirs à respecter.
La force publique ne permettra pas à un individu d’avoir le titre de distributeur sans montrer patte blanche, à un producteur de spectacles d’organiser ou de produire des spectacles sans salarier les artistes, à des individus de ne pas se passer de Manager d’artistes sans rendre des comptes…voilà….
La faute est justement que personne ne veut rester à sa place, tout le monde veut tout faire et en fait, ne fait rien à la fin d’où les qui pro quo que nous retrouvons face à ceux qui prétendent avoir des LABELS sans toutefois avoir de notions véritables sur ce terme. Ah oui, j’ai depuis un temps l’habitude de lire dans la presse camerounaise qu’il existe au Cameroun une MAJOR ce qui relève du pire PIPO et c’est toutes ces amalgames qui font qu’au Cameroun, nous ayons un véritable problème avec la gestion de nos projets culturels et surtout dans le cas d’espèce, des projets musicaux. Ça craint beaucoup
Avez-vous des projets pour vos jeunes petits frères au bled ? Si oui les quels ?
Bien entendu mais cela ne dépend pas d’eux mais à nouveau des politiques car, j’ai en projet de créer un institut dans le domaine de la formation des métiers administratifs de la musique, une société de production de spectacles, une société en ingénierie et en conseils en management et en administration des projets culturels à partir des quels je pourrais évidemment bosser avec tous ceux, jeunes, artistes, promoteurs d’associations culturelles, entreprises utilisatrices des ½uvres artistiques, étudiants souhaitant se mettre dans le domaine culturel et artistique pour la revalorisation de la culture camerounaise mais hélas, j’appréhende encore des réalités camerounaises mais surtout du manque de volonté des politiques à mettre en place des politiques culturelles qui permettront aux gestionnaires culturels et artistiques d’être plus actif économiquement.
Un contact pour ceux qui voudront bénéficier de nos conseils ?
Mon adresse électronique peut être ? rngoun@yahoo.fr
Ton mot de fin ?
J’espère très sincèrement que Madame le Ministre de la Culture proposera au Président de la République des projets de loi pour refonder profondément et durablement la gestion culturelle camerounaise afin de permettre à la jeunesse de ce pays d’avoir un accès direct à cette économie créatrice d’emplois dans un domaine qu’elle aime et surtout dans lequel elle se retrouve et veut se mouvoir.
Question Bonus
Que pensez vous de l’immigration choisie et des test d’ADN prônée par Sarkozy ?
Une aberration parlant des tests ADN heureusement le SENAT français les a rendus inapplicables et concernant l’immigration choisie, si la France souhaite accueillir qui elle veut, quand elle veut c’est tout à fait logique et normal. C’est son droit. La jeunesse camerounaise doit pour cela demander des comptes à ceux de ses élites qui pillent, trichent, spolient et détournent les biens publics pour leurs seuls intérêts. Or, aujourd’hui plus qu’hier, tout jeune avec lequel je discute n’a qu’un rêve : aller en Europe, partir, fuir, se tirer et je les comprends parfaitement il manque cruellement de rêves à réaliser au plan national. La jeunesse camerounaise est cernée dans son triangle national malheureusement…
Diam’s était annoncée en pompe au kamer pour un spectacle (le 19 Janvier), le décor était planté et à moins 3 jours du spectacle, un communiqué de sa maison de disque annonçait que « Diam’s est malade et ne peut pas prester à Yaoundé… » Selon vous est ce la destination Cameroun qui n’est pas crédible ?
Pour des raisons que je vous ai indiquées plus haut, je pense bien que le gros investisseur qui a invité Diam’s au Cameroun avait des moyens financiers pour réaliser ce projet et que le problème se pose ailleurs un peu plus de professionnalisme car je pense si je ne me trompe pas que ceux qui chargées des opérations culturelles au sein de cette entreprise sont spécialisées dans certains domaines sauf évidemment celui de l’organisation d’un spectacle. Vous savez en France, les syndicats des tourneurs, des producteurs et autres organisateurs ont mis en place des conventions types qui sont respectées par tous et pour que Diam’s invoque le cas de maladie, ce qui est probablement vrai, il aurait plutôt été plus poli de rendre public ce cas de maladie par le médecin de l’organisateur après une contre expertise et de plus, ce n’est pas la maison de disque de Diam’s qui est son tourneur……mais en cas d’annulation d’une date, les responsabilités sont établies si c’est du fait de Diam’s alors, elle a le devoir et l’obligation de dédommager l’organisateur suivant le contrat de cession de spectacles passé entre l’organisateur camerounais et le tourneur de Diam’s…
Est-ce la destination Cameroun qui n’est pas crédible ? Non, car pour ceux des tourneurs qui résident ici en France, c’est l’Afrique qui n’est pas crédible du fait du vécu personnel de certains de ces tourneurs avec les organisateurs africains ou des bouches à oreilles répercutées par ceux ayant eu des aventures malheureuses dans certains pays d’Afrique.
Maintenant, il faut préciser que pour organiser un concert, il faut vraiment faire appel à un organisateur professionnel qui vous concoctera un budget précis, un projet de concert professionnel et mettra en place un timing précis. Toutes choses qui manquent généralement aux producteurs et organisateurs professionnels qui oublient généralement de mettre en place un tableau de bord ou un plan d’affaires (bizness plan) sur leurs projets culturels.
Mon conseil : Un projet culturel requiert une expertise professionnelle et il est recommandé de mettre en place un budget bien précis mais surtout, de créer une structure commerciale sur la base d’un bizness plan qui vous permettra de mettre en place, de concevoir et de gérer des projets annuels dans votre domaine de spécialisation qui sera : producteur de phono, ou producteur de spectacles ou entrepreneur des tournées ou même agent artistique.