Kreezry : « Le projet « talent urbain » n’est pas mort »
Kreezry aka la torpille répond à nos questions
Le milieu hip hop connait le jeune Krystian Etoundi, sous le pseudo de Kreezry la Torpille. Peux-tu nous en dire plus à propos de ce blaze?
kreezry vient de la juxtaposition des préfixes de mes prénoms, Christian richard , donc chris-ri, l’orthographe résulte du fait d’un simple embellit artistique.la torpille s’apparente à ma nature , d’une part quelqu’un qu’on ne voit jamais venir au sens de torpille sous marine , d’autre part quelqu’un donc l’apparence est inoffensive ,mais qui fait de graves dégâts au point d’inquiéter les requins, au sens du poisson torpille; ce qui correspond tout à fait à mon profil , donc contrairement à ce que beaucoup pensent mon blaze c’est tout moi c’est pas du hasard , tout est pensé au millimètre près.
On a du mal à expliquer ta technique, tes punchlines à profusion, ta versification, bref ton style presqu’imitable. Vient’ il de ton bagage intellectuel, ou alors simple don du ciel.
C’est d’abord un don, maintenant un don travaillé. Pour moi le rap c’est une étude, il faut comprendre tous les aspects, des techniques d’écritures aux crocs en jambes poétiques, des formules d’habillages aux profondeurs lyricales, des métaphores aux phrasés simples…je suis de ceux qui pensent que le rap est une science et donc chaque occasion de faire une nouvelle découverte est un régal. De nos jours il existe un débat sur les techniciens et les lyricistes. Pour moi cela ne veut absolument rien dire, est technicien un bon lyriciste. Tu ne peux manier la langue si tu ne maitrise ses articulations. Chacun à son objectif et son message à passer. Ensuite, le bagage intellectuel joue un rôle prépondérant dans la mesure où j’utilise ma culture académique pour façonner de belles phrases et de bons textes. Prenez « camer en manque » mon tout récent titre par exemple ; j’essaye de démonter combien un artiste peut utiliser l’art urbain de façon aussi maitrisé pour ressortir une autopsie d’un pays comme le Cameroun. Ce que beaucoup pensent impossible avec l’utilisation d’une certaine forme. On peut parler comme Valsero et se faire entendre, on peut aussi parler comme un « x » taxé de technicien et se faire entendre.
Nous t’avons vu à la tête d’un projet à la base prometteur. Une sorte d’association des rappeurs pour la défense de leurs droits et la promotion de leurs talents où en est’ il aujourd’hui?
Le projet « talent urbain » n’est pas mort, on ne saurait parler d’échec pour anticiper sur la question suivante. Ce qu’il ya c’est que j’ai compris qu’il faut apporter du concret, Éric Hofer disait à propos que «le seul moyen de prévoir l’avenir, c’est de se donner les moyens de le façonner ». Il faut donc se doter des moyens de sa politique. En ce moment je suis entrain de concilier les différents partenaires qui peuvent efficacement nous accompagner, et aussi la mise sur pied d’une équipe de choc prend du temps. Il faut bien sceller le projet, et venir le proposer au moment ou tout est cuit. Les artistes ne comprennent pas toujours ou se trouve leurs intérêts. Ils sont trop enfermés dans des batailles surréalistes, qu’ils ne sont pas toujours objectifs quand il faut s’asseoir. « Rien ne vaut une réunion lorsque vous voulez que rien n’avance » disait Galbraith. Le projet est mieux peaufiné à présent et il sera lancé au moment le plus adéquat…
Selon toi, comment se porte le hip hop au Cameroun en ce moment?
De mon point de vue, le hip hop tourne en rond, je ne saurais dire qu’il se porte mal au risque de paraitre obsolète de l’actualité urbaine qui court. Mais je crois que tant que les gens n’auront pas compris, qu’il faut mettre un terme à la bêtise au lieu de naviguer en attendant jésus christ le dernier jour, les choses n’iront pas plus bien. Il faut qu’on ait le courage de mettre à tout et de repartir avec de nouvelles bases, je crois qu’il faut que les acteurs discutent de l’état des choses, on n’a toujours pas de circuit de distribution fiable, donc pas de marchés fiables, on a toujours pas d’encadrement artistique fiable pour l’exposition de nos talents l’exemple des salles de spectacles, les produits sont toujours autant délaissés par manque d’industrie véritable. Aucune politique artistique n’est pensée que cela vienne des « labels » reconnus ou des productions indépendantes. L’amateurisme est toujours au RDV dans l’organisation des spectacles gage d’une visibilité certaine. Voilà quelques indices qui laissent croire que les choses ne se portent aussi bien que l’on laisse croire…
Quelles sont les actualités et les projets de Kreezry. On ne te voit plus assez est ce à dire que tu es déjà dans le futur?
J’ai tjrs été dans le futur, même à l’époque ou j’étais inconscient de cela, la preuve combien de personnes mon style pourtant très controversé à l’époque a influencé? Sans prétentions, ils st nombreux…C’est dire même quand vs êtes seul dans la vérité vous devenez majoritaire parce que vous êtes dans la vérité…les projets évoluent j’ai eu beaucoup de retard à cause des études, mais tout étant pour le moins terminé, je peux recommencer à tout mettre en œuvre. Il y a même des trucs qui vont se faire dans un futur proche. Comme disait machiavel : il faut toujours laisser les gens s’interroger. Je sais que beaucoup attendent, mais ils peuvent encore le faire…pour la distance je préfère être en off vis à vis du milieu, il ne sert à rien d’encourager le sur place car j’estime que l’on fait du sur place : les mêmes visages, il n’y plus de publics véritables, et les studios st tjrs autant de lieu de commérage, de débat improductif qui laissent du dégout rien qu’à penser que l’artiste est une voix…
Pour toi que serait le hip hop camerounais sans Kamerhiphop.com
Kamerhiphop est une vitrine qui contribue assez à la vulgarisation du mouvement, je l’encourage car je suis l’un des artistes qui beaucoup participé à l’envol de kamer hip hop. je déplore juste le fait que le site se soit limité à ce qu’il fait aujourd’hui pour tant des idées novatrices sont là, vous devriez les exploiter. Pensez à innover. Quelqu’un de chez vous reprenait Maxime Laguerre en disant que « le manque de perpétuation engendre le néant, le néant ». Ce qui provient aussi de l’inactivité se contentant de ce qui est fait. Dans l’art il faut se dépasser, créer, innover c’est l’essence de l’art. Kamerhiphop a donc rôle imminent à jouer dans l’industrie, à condition qu’il décide de rentrer dans l’histoire pour parachever ce que lui même à commencé…
By, Phoefe Phénomène