kamerboss : « Kamer boss » ou le Mboa awards alternatif ?
Je vais avouer ici que je n’ai point attendu le projet « kamer boss » pour faire entendre aux acteurs et amoureux du hip hop qu’il n’existe pas de « boss » dans le rap kamer. Cette affirmation a choqué et sidéré plus d’un et amusé beaucoup d’autres. Mais j’aimerais que l’on la prenne très au sérieux. Et qu’on continue de remettre la vérité en face de la pupille des orbites des rappeurs dans ce pays qu’est le Cameroun. Je l’avais déjà souligné dans la chronique intitulée « à qui profite le hip hop au Cameroun » où je mettais quiconque au défi de nous présenter un seul rappeur qui vit directement des fruits de son art. Cela n’existe pas dans notre pays malheureusement. Et c’est une faille à dénoncer et non à peindre en blanc. Les rappeurs au Cameroun vivent dans des conditions qui n’inspirent pas la dignité d’artiste. Les rappeurs sont les plus misérables de la famille des artistes au Cameroun, mais ils ont toujours la grande gueule, au lieu de penser des stratégies pour sortir du seuil de pauvreté.
Le projet « kamer boss » qui n’est que la mauvaise copie du projet « Paname boss » de La Fouine, me sert ici de support argumentaire. Je dis mauvaise copie parce que ceux qui ont ‘’pensé’’ ce projet, ne se sont pas posé la vraie question et donc ont faussé dans la mise en pratique de cette initiative. Sur quelle base ils se fondent pour décider des boss du rap au Cameroun ? Qui leur a donné cette caution morale pour sélectionner ceux qu’ils nomment les boss du rap au Cameroun ? En quoi sont’ ils des boss ? Ces questions de départ n’ont pas été posées donc on a faussé dans les résultats.
C’est les mêmes rappeurs qui se sont offusqués contre les statuettes en bois de Tony Nobody, comme pour gratifier les meilleurs artistes de l’année 2012 au Cameroun en matière de rap. C’est les mêmes qui décident quelques mois plus tard, de réunir de manière outrancière et clanique des rappeurs qu’ils classent en « première classe » du navire hip hop. Dans le projet « Paname boss » qui a mal inspiré les initiateurs de « kamer boss », on voit des leaders de la scène hip hop de « Paname » en particulier. Paname dois je le rappeler ici, ce n’est pas la France toute entière mais une seul ville que l’on nomme Paris. Et ces rappeurs de « Paname boss » sont des rappeurs qui ont au moins fait disque d’or pour ne pas parler de disque de platine, comme Tunisiano, Youssoupha, La Fouine, Fababy…pour ne citer que ceux-ci. C’est-à-dire qu’ils ont vendus chacun pris individuellement plus de 100.000 Cds pour chacun de leurs albums. C’est dire que le leadership ne se proclame pas il se constate.
Contraste : dans le projet « kamer boss », on compte des rappeurs qui ont un véritable album, qui ont plus de 5 vidéogrammes bien montés, qui sont invités habituellement sur des scènes, qui sont relayés habituellement dans des médias. Pire encore ceux qui ont vendus plus de 100 (cent) Cds ! Au lieu de parler même des boss de Yaoundé, pour que l’on puisse leur accorder cela avec faute, ils parlent des boss du Cameroun. Un sondage de popularité d’un échantillon de 1000 personnes pris au hasard, scandaliserait ces rappeurs qui se prennent tous pour des boss, personne ne va les reconnaitre si non un ou deux d’entre eux. C’est ça la réalité des choses.
Pire encore les initiateurs de ce projet, envisagent en plus de « kamer boss » made in Yaoundé, « kamer boss » made in Douala, comme si le rap au Cameroun se limitait à ces deux villes. villes que j’ai déjà eu à nommer « l’axe Dla-Ydé ». Il faut sortir de là, aller ailleurs pour voir si on vous connait, si le public récite vos refrains, si vous êtes les plus forts !
Un boss c’est aussi celui qui est capable, par lui-même de penser un projet, une carrière professionnelle d’artiste, et de prouver aux profanes qu’il est un artiste à part entière. C’est parce que ces rappeurs n’ont pas pu réussir tout seul une carrière, qu’ils se regroupent comme pour vaincre ensemble leur peur et supporter le chagrin de leur échec. Les rappeurs camerounais doivent apprendre à prendre des risques, à sortir d’eux-mêmes, à viser la perfection, parce que le public ne donne que ce qu’il reçoit. Puisqu’ils se disent les boss du rap kamer, pourtant ils sont en majorité des novices et des agitateurs de Facebook, et les aigries de « unity », je leur demande de sortir un peu de ce cadre, et d’aller lutter à la conquête d’un public véritable qui leur permettrai de vendre les disques, d’acheter les places en concert, et de lire leurs vidéos sur you tube.
« Le rap kamer n’a pas de sous, donc il n’a pas de boss/ Il a reçu trop de coups, donc il n’a que des bosses ».
Rédacteur en Chef Kamerhiphop.com, Sur la colline,