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vendredi, avril 26, 2024
On Djoss

Alain Dexter : « Je ne compte pas faire une carrière de rappeur ».

Dans la foret aux arbres séculaires, précisément dans le sud du Cameroun, est né, il y a une trentaine d’années, un certain Mvondo Alain Florent. Du haut de son mètre 74 pour ses 70kg, le Dexterminateur (Alain Dexter) comme ses fans l’appellent est célibataire en voie de se marier (si tout se passe bien) et a deux enfants. Le personnage pluridimensionnel, se confie à nous.


kamerhiphop.com : As-tu entendu parler du site kamerhiphop.com ?
Dexter :
Je connais le site. Je pense que parmi les sites qui défendent le hip hop au Cameroun, c’est le site le plus fourni actuellement. Il y en a d’autres mais ils ont encore du travail à faire. C’est un site flexible et qui nous permet d’avoir une véritable visibilité du hip hop Camerounais sur le net. Je suis content d’accorder une interview qui défend le hip hop kamer  parce que c’est mon combat de tous les jours.


Depuis combien de temps flirtes-tu avec le monde de la communication ?
Ca va faire 10 ou 11 ans d’autant plus que j’ai d’abord travaillé dans l’informel. Dès la fin de mes études, j’ai débuté à la Crtv FM 94 grâce à des grands frères comme Billy Show. Je n’ai jamais travaillé dans une radio autre que la FM 94


Dexter, un nom connu du showbiz Camerounais, qu’est ce que tu dis à cela ?
Je ne sais pas trop. Quand je me lève le matin, je ne me pose pas trop de questions et surtout pas ce genre de question. Ce que je me pose comme question, c’est « qu’est ce que je ferai pour être content pendant mon émission ? » Je viens à la radio pour m’éclater et c’est en m’éclatant vraiment que je permet aux autres de partager cette passion, parce que si on a pas cette passion, on ne peut pas permettre aux autres de partager ce plaisir d’écouter la radio, et on ne peut  pas communiquer avec eux. Forcement, après un tel travail, il y a les résultats d’un métier que j’aime. (Rires)


Radio, télé, évènementiel, et rap. Comment tu fais pour t’en sortir ?
J’avoue quand même que tous ces domaines sont complémentaires. Je suis un fruit de l’évènementiel. S’il n y avait pas l’évènementiel, je ne me serais jamais retrouvé à la radio. C’est à force de communiquer que je me suis trouvé des talents d’animateur radio et télé. J’estime que le métier d’animateur est ancré dans le showbiz. Lorsque je termine à la radio, je me retrouve à animer des mariages ou des concerts et voilà.


Tube vision, Tube FM, ça rime avec des tubes. Pourquoi ?
C’est vraiment le hasard, même si tout cela est lié à une seule personne.  Tube vision était l’émission de Nadine Patricia Mengue. Lors de son départ, elle a estimé que j’étais la personne qui avait le profil pour la remplacer. Egalement, c’est elle qui a baptisé ma tranche à la radio : Tube FM. Je me sens à l’aise parce que je suis un diffuseur de tubes que ce soit à la radio ou à la télé.


Avec la pléthore d’émissions spécialisées de rap au Cameroun. Comment tu t’en sors ?
Je m’en sors bien, tout d’abord parce que j’ai la chance d’être dans une radio très écoutée et si elle est écoutée, C’est également grâce à des gars comme nous. Sans vouloir être prétentieux, il faut savoir que je suis le précurseur, je suis celui qui, vraiment,  apporté de manière synoptique le rap à la radio. C’est vrai qu’avant il y avait des émissions qui jouaient un peu de tout, mais je crois que je suis le 1er animateur a avoir crée une émission consacrée au rap et qui plus tard a imposé le rap Camerounais dans les radios. Ça fait que, aujourd’hui, je reste une référence même si je respecte tous les jeunes qui arrivent et font le même travail que moi. Ce qui est bien, c’est qu’ils reconnaissent mon mérite et viennent vers moi pour qu’on travaille ensemble.


Penses tu que les rappeurs sont reconnaissants pour le combat que tu mènes avec eux ?
Franchement, ils sont toujours demandeurs. Ils en veulent plus, mais j’estime que ce que je fais déjà est considérable. Lorsqu’on créait l’émission Tube FM, il n’avait été réservé  nulle part dans le synopsis un espace pour le rap Camerounais (désolé de le dire). Le rap Kamer n’avait pas beaucoup de chance d’être diffusé. Mais petit à petit, j’ai commencé à diffuser le rap Kamer à mes risques et périls. Au final j’ai crée une tranche spéciale de rap kamer le mercredi qui est devenue plus tard un hit parade, pour susciter la compétition. Quand on veut être meilleur, il faut faire du bon travail. Ce travail peut être négligé aujourd’hui mais il va payer plus tard. Avec le temps nous ferons partie
des gens qui auront écrit l’histoire du rap camerounais à la radio.


Dexter animateur, Dexter rappeur qu’est ce qui se passe ?
C’est un coup de folie mais je crois aussi que c’est une résultante tout à fait logique.   A force de côtoyer des gens qui pratiquent un style de musique, on finit par le faire. Peut-être, c’est quelque chose qui était caché en moi. J’ai pris du temps pour le faire. J’ai fait un tube intitulé « tout va de travers » en featuring avec le rappeur Flair et je m’apprête à commettre un maxi. Je ne compte pas faire une carrière de rappeur. Je veux juste produire un album pour montrer qu’on peut le faire.


Dans Tube FM, tu viens d’instaurer une rubrique appelée « la rumeur ». Elle parle de la vie privée des rappeurs. Est ce que tu  ne t’exposes pas ?
Ce genre de choses n’arrive pas tous les jours. En créant cette rubrique, j’ai crée quelque chose hors du commun. Parlant d’agression,  je ne pense pas. La rumeur vient de la rue. On ne crée rien et cela nous préserve car il y a des infos encore terribles sur les rappeurs et on n’est pas obligé de le dire même quand on a reçu quelques coups de fils, quelques menaces. On enregistre juste ce qui se dit dans la rue. On ne va pas arriver à One Nine Seven où on vient tirer sur les rappeurs en pleine radio.


Comment trouves-tu le milieu Hip Hop au Kamer ?
Franchement, ce qu’on dit depuis des années, c’est qu’il y a de la potentialité en matière de rap mais on a un problème infrastructurelles et aussi cette cassure entre la new school et la old school. Parce que ce qu’on reçoit dans les radio aujourd’hui comme zik c’est de la merde comparé à l’ancien rap. C’est pourquoi, les scènes aujourd’hui n’ont que les mêmes têtes qui reviennent entre autres Krotal, Bilik… Les jeunes rappeurs n’arrivent pas à s’imposer. On est toujours obliger de se référer au passé.


Quelle est ta place dans Camerhha (Cameroon Hip Hop Awards) ?
Il était question de coordonner la communication de Camerhha.   J’ai accepté de jouer ce rôle parce que j’ai été convaincu par Damon Williams (Manager international de Camerhha), quelqu’un qui a beaucoup de potentialités. C’est quelqu’un qui peut apporter d’énormes choses dans le rap du Cameroun car il a beaucoup de relations. Il m’a convaincu en me disant : « Dexter, si tu adhères au concept Camerhha, je finance le projet. » C’est comme ça que je me suis retrouvé dans Camerhha. Malheureusement, ce n’est pas un rôle que j’ai toujours pu jouer à fond parce que je n’ai toujours pas eu la latitude de bien exercer ma mission.


Est-ce que tu penses que Camerhha joue son rôle dans le Hip Hop camerounais ?
De part son appellation, Camerhha devrait aboutir au Cameroon Hip Hop
Awards
. Ce qu’on devrait faire chaque année, c’est de préparer ces Awards à travers le Cameroun. Faire également la promotion des rappeurs Camerounais à travers leurs musiques, donner une véritable visibilité au Hip Hop Camerounais dans le monde. Cela n’exclut pas qu’on puisse faire des spectacles mais ces spectacles devraient avoir une certaine thématique. L’orientation des Camerhha d’aujourd’hui ne me plaît pas beaucoup. Comme vous le voyez, je n’ai pas beaucoup de choses à dire la dessus parce qu’il n y a pas de structures. Si j’avais à me plaindre, je ne sais même pas chez qui je le ferai. C’est un truc décousu où tout le monde fait ce qui veut.


Pourquoi les rappeurs du bled se cantonnent sur le manque de structures pourtant le Sénégal et le Gabon continuent de nous tutoyer en matière de Hip Hop ?
Qu’est ce qui fait la force du Sénégal ? C’est Positive Black Soul (PBS) et Daara J. Au Gabon, c’est Baponga ou Lord Ekomindong. C’est quoi le truc ? Prendre deux, trois, quatre bons groupes, les amener au sommet,  les faire tutoyer le show biz mondial et puis les autres vont suivre. Le problème au Cameroun, c’est qu’on veut amener tout le monde à la fois alors que tout le monde ne mérite pas notre attention, que ce soit celle de Kamerhiphop.com, que ce soit celle de Dexter ou  celle de Camerhha. Nous devons prendre des groupes. Je crois que nous pouvons les choisir d’ailleurs sur la base de certains critères. Nous savons qui fait quoi dans le Hip Hop. Nous sommes bien placés pour les amener au sommet.  C’est ça qui va amener le financement et les gens vont comprendre que c’est comme cela que ça se passe au Cameroun, un peu comme au Sénégal. Aujourd’hui, si la scène sénégalaise a évolué c’est grâce à Daara J et PBS. Je pense qu’il faut toujours avoir des ambassadeurs. On n’a pas d’ambassadeurs au Cameroun. On a quelques rappeurs de la diaspora qui se foutent de nous et quelques rappeurs au bled qui sont bons mais qui ne foutent rien pour s’investir à l’étranger. Entre tout ça, il y a une grosse cassure et nous devons créer ce lien : faire partir les leaders Camerounais vers l’international pour que l’argent revienne financer le Hip Hop camerounais. Il ne sert à rien de vouloir partir avec mille groupes en même temps. C’est mission impossible.


Si on te demandait de manager un rappeur camerounais, tu pencherais pour qui ?
J’aurais l’embarras du choix mais j’ai un coup de cœur pour  Duplex. C’est un garçon qui fait du r’n’b. J’aime sa démarche artistique. Je crois que je vous donnerai son son pour votre site. Je ne peux pas faire de commentaires la dessus. Parfois, on agit comme ça. On ne sait pas pourquoi. Si je trouve une ouverture pour lui, je n’hésiterai pas. Je veux juste l’aider.


Quelques points personnels ?
Je suis très content de voir l’éclosion d’émissions de rap et sites web de rap. Mon souhait est que le rap camerounais puisse avoir une grande visibilité internationale pour que l’argent puisse entrer au bled et fructifier l’économie rappologique au Cameroun. Peace à Kamerhiphop.com

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