kamerhihop.com : On a envie de dire ouf ! Enfin il est là notre premier festival ?
Damon williams : Tout à fait de ton avis.
Après les spectacles des 23 et 24 juin avec la Fouine, JRO, Solano… dans le cadre des avants premières des CAMERHA, après l’album de Manhitoo, te voici aux côtés des membres du festival couleurs urbaines. Tu le fais par opportunisme ou par conviction ?
Ah ! Ah ! Ah ! Elle est drôle ta question. Rassures-toi avec ma suractivité, l’opportunisme est un luxe que je n’ai pas les moyens de me payer. Je me suis engagé à soutenir le festival Couleurs Urbaines pour deux raisons :
– D’une part parce que j’ai été sollicité par monsieur Hans Mbong.
– D’autre part parce que je crois au potentiel humain et créatif des artistes Hip Hop camerounais. Tous les Camerounais artistes, producteurs, auditeurs, spectateurs de musiques et cultures urbaines où qu’ils se trouvent devraient se mobiliser pour travailler à l’éclosion locale et internationale de notre scène urbaine.
Est-ce que Damon Williams peut me confirmer sa participation au festival ?
Oui. Damon Williams confirme son soutien à l’initiative. Il apportera sa contribution à ce projet ambitieux et difficile à mettre en œuvre compte tenu de l’environnement socioculturel et économique en crise au Cameroun.
Concrètement, que peut-on attendre de Damon Williams pour ce festival ?
Des conseils juridiques, artistiques et stratégiques afin de pérenniser le festival pour que la première édition ne soit pas la dernière. Je sensibiliserai différents partenaires médias internationaux afin qu’ils soutiennent le festival Couleurs Urbaines.
Comment trouves-tu les têtes d’affiches ? (NDRL, Kool Shen avec son 4 my people et Mac Tyer)
C’est un excellent choix; tous deux viennent du 93: Kool Shen est l’un des artistes légendaires qui ont contribué à bâtir le hip hop francophone et Mac Tyer a, avec la vivacité d’un lion, le talent et l’acharnement au travail, fini par devenir l’un des rappeurs francophone les plus respectés. Il est très écouté dans les banlieues en France. Il s’inscrit dans la longue lignée des rappeurs français d’origine camerounaise qui ont marqué à l’encre de leur plume, d’une empreinte non « karscherisable« , le hip hop francophone. Je respecte son originalité, sa créativité et surtout sa combativité.
Avec tes nombreux contacts à l’international, on a envie de te demander si tu ne pouvais pas faire venir un ou deux rappeurs américains de classe mondiale ?
Le festival n’est qu’à sa première édition, les organisateurs du festival pourraient envisager ce type de programmation lors des futures éditions compte tenu du coût élevé des cachets qu’exigent les têtes d’affiches. Et même si le festival disposait du budget nécessaire pour faire venir de très grosses têtes d’affiches; il serait de bon conseil de penser à programmer en priorité les artistes locaux, et de leur verser des cachets décents. Ils ont plus besoin de cet argent pour améliorer la qualité de leur musique que les artistes internationaux « stars » qui ne manquent pas de studio ni de nourriture pour eux et leurs familles. Selon moi il serait de bon ton que Axe Jeune pour la première édition ne programme que des artistes locaux, et pas uniquement ceux de Yaoundé et de Douala mais également ceux du grand Nord, du Sud, de l’Est et de l’Ouest afin que ce festival soit une vraie fête nationale du HipHop qui montrera dans son ensemble toutes les variantes du hip hop sur le plan national. Peut-être qu’il est nécessaire d’inviter des artistes internationaux mais je ne pense pas que les têtes d’affiches soient la meilleure solution. Il est certainement plus judicieux de programmer de jeunes groupes ou artistes internationaux européens ou africains qui même s’ils n’ont pas une très grande notoriété, n’exigeront pas de cachets élevés et jouerons le jeu à fond en apportant quelque chose d’essentiel à la scène locale.
Hans Mbong directeur du festival disait dans une interview qu’il nous a accordé je cite : « Damon Williams vient de décider de se lancer dans la bataille à nos côtés pour que ce festival soit une réussite » qu’est ce que tu dis par rapport à cela ?
La réussite est une notion à géométrie variable, quels que soient les efforts fournis par Axe Jeune et tous ses partenaires moi y compris, le festival n’échappera pas aux diverses critiques. Toutefois à ceux qui critiqueront je leur demande de juger l’initiative et pas le résultat. Quant à ma contribution elle n’est pas une garantie de réussite. Enfin il faut noter que le mérite reviendra amplement à Axe Jeune, avoir l’idée d’initier ce type de projet au Cameroun est déjà une réussite en soi.
Axe jeunes et Border Blaster viennent de signer une convention. Peux-tu me dire en quelques mots, de quoi il est question ?
La convention fixe simplement les termes de notre collaboration dans le cadre strict du festival.
Un message à l’endroit de tous ceux qui sont sceptiques ?
« La construction de tout édifice commence par la pose d »une brique » Que ceux qui ont du discernement méditent cette phrase.
Si t’as des conseils à donner aux artistes locaux ainsi qu’au public, que leur dirais-tu ?
De soutenir massivement Axe Jeune, de contribuer chacun selon sa compétence et ses moyens même modestes au succès du premier festival consacré aux musiques et cultures urbaines camerounaise.
Question bonus : a quand le CD physique de l’album de Manhitoo ? (NDRL, CD physique donc la sortie officielle était prévu pour le 07 mars).
Le CD physique est déjà disponible en Europe. Pour le Cameroun je n’ai pas trouvé le moyen d’envoyer les CD compte tenu de leur nombre et pour des raisons de sécurité. On m’a informé que des pirates ont commencé à vendre quelques titres de Manhitoo dans la rue… Vous imaginez les dommages quand le CD physique sera là ? Je remercie personnellement toutes les personnes qui soutiennent Manhitoo.
