Big Bzy : « Le hipmakossa c’est avant tout pour les professionnels »
Alors que le collectif rap conteurs 1 avec je wanda connaît toujours un succès auprès des mélomanes, Big Bzy aka le gringo au mic, a le vent en poupe. Initiateur du concept hipmakossa, il se livre dans une interview vérité, véritable mise au point avec un des précurseurs du hip hop kamer.
Kamerhiphop.com : Bonjour Bzy, peux tu te présenté pour nos internautes ?
Big Bzy : Bonjour. Je me nomme Pierre Alain Mouasso, et je suis camerounais, artiste musicien, arrangeur et producteur.
Peux tu nous faire un petit rappel sur ton parcours ?
Je suis dans le hip hop depuis plus de 25 ans. J’ai commencé par la danse et puis plus tard à partir des années 86, 87 la parole m’a entraînée. Si je suis dans le rap c’est parce que c’est une destiné, Dieu l’a voulu. J’ai des preuves que aujourd’hui je suis dans le rap parce qu’il y a une puissante force qui a voulu que je sois là.
Dans le milieu on te surnomme le gringo au mic, d’où te vient ce surnom ?
Le gringo pour moi c’est un dieu. Je dis cela parce que le vrai sens de gringo en espagnol c’est étranger. A l’époque quand on voyait les films western gringo était soit le bon ou le méchant et il était considéré comme un dieu par certain. Et de là moi j’ai décidé de m’appeler gringo qui veut dire dieu, grand, puissant.
A une certaine période tu as sortie ton street album, concept pas trop à la mode dans le hip hop kamer. Mais celui-ci n’a pas eu le succès escompté …
Oui. C’était le premier street album sorti au mboa mais je suis désolé de te dire que les gens à l’époque n’ont rien pigé au concept. Il a fallut que d’autres street album sortent sous d’autres cieux pour que les gens comprennent que ce genre de procéder existe dans le hip hop et que l’on peut le faire également au Cameroun. Mais toujours est-il qu’après les gens ont prit goût car « ma zik » fut un tube.
Cependant, on croyait que ce street album augurait un album en gestation et que celui allait suivre juste après ?
En fait il faut d’abord savoir pourquoi je sors ce street album. Tu sais moi j’ai sorti mon premier album en 2000 mais il était déjà prêt en 1999. en 2004 j’avais un autre album déjà prêt mais celui n’a pas pu voir le jour suite à certaines difficultés qu’a connu mon producteur de l’époque. Sinon ce projet d’album est toujours d’actualité mais il sera une auto production et il sera disponible d’ici à la fin d’année.
Tu fais parti du collectif rap conteurs 1, parles nous un peu de cette aventure
Avant le projet des rap conteurs moi je suis déjà dans pas mal de collectifs notamment DTM (deïdo tue au micro, ndlr), Green Colors. Par contre rap conteurs au départ c’était le 5 qui racontent et c’était une idée de Blick Bassy et Tony. Et on retrouvait dans le projet Big Bzy, Koppo, Krotal, Nobody et Bantou Po si. On a fait un son (koi de 9 ?) mais ça n’a pas trop accroché le sponsor qui voulait le projet. Deux ans plus tard je revois Blick lors du concert d’Aksan grave on en a reparlé et on à décidé de recommencé à bosser dessus. Au final MTN a kiffer la seconde mouture et a donc décidé de produire le projet. Moi je tiens à préciser que c’est Blick qui m’a contacté pour ce projet, c’est son concept et c’est lui qui a choisi les artistes car il a voulu qu’il ait un projet réunissant quelques précurseurs du hip hop du bled. Moi je suis le premier rappeur du Cameroun à sortir réellement un album de rap, c’était le 30 mai 2000 et Négrissim a sorti le sien deux mois plus tard.
Aujourd’hui le hipmakossa est plutôt à la mode et on te retrouve en feat aux côtés de pas mal d’artistes makossa. Ne penses tu pas que dès lors le rap est sacrifié au profit de la variété ?
Je pense qu’il faut être honnête le rap camerounais est en pleine crise et quel est le problème ? Et bien c’est que nous les précurseurs on a commencer le rap à la fin. On a aimé I’AM, Dr DRE, KRS ONE …mais on n’avait pas de model. Moi quand j’ai sorti mon album en 2000 j’avais pas encore fait le clip de « fiesta fiesta » mais ce fut néanmoins un succès. Rasyn par exemple, quand il réalise le clip de « né sous un arbre » le succès n’a pas suivit. Mais quand il sort « allô allô » c’est un tube ! Pareil pour Krotal qui va connaître un succès immense non pas avec « vert rouge jaune » mais plutôt avec le titre « jamais ». Ça veut tout simplement dire que les camerounais tout ce qu’ils demandent aux rappeurs c’est d’avoir une couleur locale dans leurs chansons. Je te rappel que la plupart des tubes de 2PAC sont des classiques américain. Y’a pas de mal à ce que je prenne un classique du pays pour posé dessus. C’est plutôt normale car ça fait parti du hip hop tout comme quand je prends un beat de Manu Dibango et je rappe dessus. Je fais parti des précurseurs de ce concept et d’ailleurs le nom hipmakossa vient de So Sound, Roggy Stentor, Balafon Kunta et de moi. On a fait le bilan et l’on s’est rendu compte que si tout ces titres ont été des tubes c’est en fait parce qu’il y’avait un fond makossa. Alors on s’est dit pourquoi ne pas crée un style parallèlement avec le rap contemporain qu’on pratique ? Donc le hipmakossa ce n’est pas de la variété mais c’est du hip hop. Nous au lieu de faire des samples de Dr DRE on fait plutôt des reprises de Ben Decca, Moni Bilé et ce n’est que très normal. Si vous voulez enlevez la musique et c’est du rap qui restera ; du bon rap avec un bpm à plus de 180. Que les gens cessent de chialer s’ils ne peuvent pas faire qu’ils se taisent à jamais car le hipmakossa c’est un avant tout pour les professionnels.
Toi en ta qualité de précurseur quel regard portes tu sur le hip hop kamer actuel ?
Il est clair que le hip hop camerounais est entrain d’évoluer mais de nombreux problèmes le mine cependant. Les petits frères ne comprennent pas qu’il y’a plus de 10 ans nous on a commencer le rap à la fin et aujourd’hui qu’on s’est rendu compte de la bêtise, toutes nos énergies convergent vers un hip hop du mboa . D’autre part, sur le plan artistique c’est un succès parce que aujourd’hui des sociétés pour vendre leur produits font appel aux rappeurs ce qui veut dire qu’ils croient au hip hop kamer (Coca Cola avec Dream, MTN avec rap conteurs 1&2, PMUC avec Lady B. Ndlr). Enfin, il faut que les petits qui arrivent respectent les aînés.
Quels sont tes projets dans l’immédiat ?
Après les Couleurs Urbaines (interview réalisé le 22 juillet 08, ndlr), je vais faire deux titres de mon street album et j’entre en studio pour finir mon album intitulé « one day one day » parce que je crois qu’un jour le hip hop dans ce pays ça va payer !
Un mot sur kamerhiphop le site ?
(rire) Le hip hop évolue grâce à kamerhiphop.com car on voit le boulot que vous faite pour le hip hop du bled. En plus kamerhiphop est un tremplin pour le hip hop du mboa on a besoin de vous et je dis big up !
Tu as lu le kamerhiphop mag comment l’as-tu trouvé ?
J’ai parcouru le premier numéro et j’ai kiffé et je pense qu’on est entrain d’avancer. J’ai lu l’interwiev de mon pote Sydney (vainqueur de Africa Star 2008, ndlr) à qui je passe un big up car il a prouvé au monde que les kamers sont forts. Moi je vous encourage, je suis derrière tout ce qui est kamer et surtout quand c’est positif comme votre projet.
Merci