Sadrak [Negrissim] : « l’écriture s’est beaucoup améliorée dans le rap camerounais »
Sadrak fait partie des « premiers enfants du hip hop camerounais ». Avec son groupe Negrissim il ont été parmi les précurseurs du mouvement hip hop au Cameroun. Parti depuis 2001 de leur Cameroun natal à la recherche du « tambour sacré des aïeux au pays des fantômes-n’djou-n’djou-kalaba… », Neuf après le vieux briscard est de retour au Mboa et se livre à kamerhiphop.com
Kamerhiphop.com : Bonjour Sadrak. Tu n’étais plus revenu au Mboa depuis 2001. Neuf ans après quelle sensation éprouves-tu de retour chez toi ?
Sadrak : Bonjour et merci. En ce moment j’éprouve le bonheur au pluriel du présent positif Maaaan !
Qu’est qui explique ta présence ces jours ci au Cameroun ?
J’avais besoin de revoir ma famille, besoin de me ressourcer, de retrouver les petites ruelles de mon enfance. C’est fou comme c’est énergisant et…rassurant.
Qu’est ce qui a changé ?
Quelques nouvelles routes…Le bled est toujours aussi « ambiancé » Et riche de nourritures diverses et pas chères. C’est génial ! Je trouve que les jeunes camerounais sont très intelligents. Espérons que nous saurons ajouter une belle dose de pragmatisme dans nos faits et gestes. Et que les vieux au pouvoir auront la grandeur de laisser la place aux jeunes créatifs.
Quel souvenir gardes-tu de ce pays ami et frère ? (le Sénégal)
Tout n’est pas parfait mais le Sénégal est Magnifique dans l’ensemble. Un beau carrefour culturel. Inoubliable ! J’ai encore beaucoup d’amis là-bas. J’y retournerai de temps à autre Inch’Allah.
Y’a quelques temps tu as entrepris de raconter tes récits de voyage à travers un road-disc. Où en est le projet ?
Le projet est en stand-by pour le moment. Quand je repars à Paris, Je m’y remets avec les amis avec lesquels je travaille dessus.
Tu es à la base d’un concept, celui du « rap de bon voyazinage ». Qu’est ce c’est exactement ?
C’est le récit des aventures d’un poème borgne qui un matin s’en alla demander trois yeux clairs à la face cachée des routes. C’est aussi le récit des aventures de Negrissim’ de Yaoundé à Dakar. De Dakar à Paris à travers les pistes imprévisibles de brousse.
Après l’album de ton groupe Negrissim, ton album solo était aussi annoncé. Où en est-il à ce jour ?
Je le cuisine… J’enregistre… Je travaille dessus avec des « soldats » du label Red Zone. Et d’autres frangins bien motivés.
Après le show avec Valsero, tu es annoncé du coté du ccf de Douala pour le 02 juillet. Que réserves-tu au public après tant d’années d’absence ?
Finalement Je n’ai pas pris part au dernier concert de Valséro… Bref j’invite tous les enfants du Hip Hop à venir le 02 juillet au ccf de Douala vivre un grand moment de célébration. Concert Live (Drums, bass, clavier, guitare) développé aux côtés de quelques artistes du label RedZone.
Pour ce retour à Douala, pourquoi t’as choisi Red Zone et pas un autre label ?
Ils avaient les personnes, le feeling, la réactivité, la logistique pour enregistrer des titres qui me brûlaient les lèvres. J’ai foncé au feeling après plusieurs conversations avec Bobby. Ça se passe bien avec T-bo, Steph et les autres. Je suis content de faire cette expérience avec eux.
Des rumeurs circulent comme quoi tu aurais intégré ce label ?
Nous collaborons ensemble. J’appartiens à negsounds, le label de Negrissim’ et j’ai mon label perso qui s’appelle PuZumPuGu
Sur ton blog tu te définis comme « l’Enfant qui alla chercher le tambour sacré des aïeux au pays des fantômes-n’djou-n’djou-kalaba… » Cette quête a-t-elle finalement été récompensée ?
La route est longue et pleines de surprises. Jusque là Dieu Merci ! Ça va bien. Je rends grâce aux autres voyageurs qui m’édifient chaque jour sur le chemin.
Rappeurs à la base, ton amour de la poésie t’a conduit au slam et te réussi. Penses-tu que l’appropriation du slam par les mc’s kamer peut aussi apporter un plus au hip hop camerounais ?
Oui ! Le slam peut-être plus facile à assimiler par tout le public qui a de la peine à capter les paroles de rap dont le débit est parfois trop rapide.
Parlons à présent de Negrissim ton groupe. Vous figurez parmi les groupes de rap africains présents sur la compilation Afrolution Vol 2. Peux-tu nous dire quelques mots sur ce projet musical ?
Joli projet mené par un label londonien engagé et mené par des personnes passionnantes. Notamment Marie Agnès Beau (elle dort « même » à quelle heure ? Je wanda ! ). Nous sommes fiers d’être sur cette compile où l’on retrouve de belles figures du HipHop anglophone et francophone d’Afrique. Des artistes comme Bams, Yeleen, Tumi and the volume, Trenton and Free Radicals d’Afrique du sud, Djanta Kan du Togo, Apkass Et Lopango Ya banka du Congo, Amkoullel du Mali, Goreala du Kenya, Des artistes du Malawi ; Kenya, Ouganda, Sénégal et j’en passe…
Quelles sont les autres actualités à propos de Negrissim ?
Des concerts sont prévus à la reine blanche au mois d’octobre à Paris et un nouvel album Inch’Allah.
Et ton actu à toi ?
Un album en préparation aux côtés de RedZone pour mes sœurs, ma famille, mes amis, le Hip Hop, le pays. Je tiens à le sortir avant de repartir. La bonne force soit avec nous!!! Des concerts en juillet, août sont prévus.
Ce retour au bled, il est définitif ?
Il était temps que je me refasse une base sur la terre de mes aïeux. Où que j’aille j’y reviendrai plus régulièrement par la grâce de Jah Lova.
Tu fais partie de la première génération du hip hop camerounais, alors qu’on s’apprête à célébré les 20 ans (pour les uns) et 21 ans (pour les autres) des cultures urbaines au Cameroun, quel bilan personnel fais tu l’évolution de la scène rappologique camerounaise ?
Beaucoup de choses bien. Félicitations, Big UP à ceux qui entretiennent la flamme. Mc’s, breakeurs, DJ, vidéastes. L’écriture s’est beaucoup améliorée. Reste juste à améliorer notre qualité d’écoute générale les uns vis-à-vis des autres. Le respect est primordial ! Respect pour nous-mêmes. Respect pour les autres.
Quelques contacts utiles ?
Mon mail : lammaniyi@yahoo.fr
Ton mot de la fin ?
My People stop cry. Let’s work together in this land. Djob à holà. Halani à PuZumPuGu mama ! Gracias Kamerhiphop !