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samedi, octobre 5, 2024
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Sam Mbende : « la vérité a triomphé… »

Le 12 Mai 2008, la Ministre de la Culture avait retiré l’agrément de la CMC. Les raisons évoquées par Ama Tutu Muna pour retirer cet agrément avaient été diffusé au journal de 20 heures à CRTV Poste nationale : mal gouvernance, mauvaises répartitions, non respect du partage inter sociale, les salaires du personnel et de nombreux créanciers non payés, la non communication du bilan et des comptes annuels 2007. Le 07 Juin 2008, Odile Ngaska remplace Sam Mbede et CMC (Cameroon Music Coorporation, ndrl) devient SOCAM (société camerounaise de l’art Musicale, NDLR). Le 07 septembre 2011, la cour suprême réhabilite la CMC et annule l’Assemblée Générale constitutive de la SOCAM du 07 juin 2008.
Sam Mbede, Président du conseil d’Administration de la CMC nous parle de cette décision de la Cour Suprême, du Hip hop kamer et bien d’autres sujets.


La Cour Suprême vient de réhabiliter la CMC, votre sentiment par rapport à cette décision ?
J’éprouve un sentiment de satisfaction légitime après cette décision sur le fond prononcée par la Cour Suprême en faveur de la CMC. C’est la preuve que l’affaire CMC/MINCULT n’était pas une affaire personnelle de Sam Mbende contre la ministre de la Culture. Il s’agissait bel et bien d’une simple question de droit. Lequel droit, et rien que le droit, l’aura emporté. Mais au-delà de cette satisfaction pas très enthousiasmée, croyez-moi, c’est l’amertume qui m’habite dans le fond car l’on aura assisté à la mort de la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical au cours de ces trois dernières années. Pourrions-nous la ressusciter aujourd’hui ? Je prie Dieu pour qu’il nous donne la force, le courage nécessaire et surtout la sagesse pour pouvoir y arriver.


Trois ans plus tard, vous vous êtes dit : « la vérité a triomphé ! »…
La vérité a effectivement triomphé, preuve que nous sommes dans un Etat de droit. Cette affaire va certainement faire jurisprudence au Cameroun.


Quand allez-vous récupérer l’agrément retiré par la ministre de la Culture le 12 mai 2008 ?
Il n’est pas question d’un retrait de l’agrément par la CMC. La Cour Suprême a prononcé sa décision sur le fond en faveur de la CMC. Au ministère de la Culture d’en tirer toutes les conséquences. Les décisions de la plus haute juridiction de notre pays s’imposent à nous tous et nul ne saurait s’y soustraire quel que soit son statut.


Que deviendra la SOCAM après cette décision ?
La Cour Suprême vient de mettre un terme à la grande confusion qui a caractérisé la gestion collective du droit d’auteur du domaine musical ces trois dernières années en réhabilitant la CMC et en disqualifiant, de manière définitive, la SOCAM de tout fonctionnement. La décision de la Cour Suprême est sans équivoque. Une fois de plus, à chacun d’en tirer toutes les conséquences. Je n’en dirai pas davantage.


Pourtant, il y’a quelques mois, vous avez rencontré Odile Ngaska sur l’initiative de Raymond Tchiengang, on croyait la hache de guerre enterrée…
Odile Ngaska
est une artiste musicienne que je respecte beaucoup. Ainsi en est-il aussi de Raymond Tchiengang. Et je ne pense pas qu’il y’ait un moindre nuage entre nous qui nous éviterait une rencontre, voire un échange quel qu’il soit. Et soyons sérieux ! Concernant l’affaire CMC/MINCULT, pensez-vous sérieusement que mes deux interlocuteurs étaient les personnes indiquées pour trouver une solution à cette affaire dont le dénouement était attendu à la Cour Suprême. Et maintenant que la Cour Suprême a annoncé sa décision finale, il serait plus sage que nous tournions la page de ces spéculations inutiles pour penser à l’avenir. C’est mon principal souci aujourd’hui.


Croyez-vous que cette décision de justice sera appliquée ?
Le Cameroun, n’en déplaise à ses pourfendeurs, est un Etat de droit. Et la décision que viennent de prononcer les Grands juges est un signal fort.


La CMC réhabilitée, quel sera le chantier prioritaire de Sam Mbende ?
Permettez que je vous corrige rapidement pour vous faire comprendre que la CMC n’est pas l’affaire de Sam Mbende à qui revient la responsabilité de définir les grandes missions. La CMC a, à sa tête, une assemblée générale et un conseil d’administration. Les seules structures habilitées à définir les grandes orientations de notre organisme de gestion collective du droit d’auteur du domaine musical. Les jours à venir s’annoncent déterminants car l’assemblée générale ou le conseil d’administration seront sollicités dans un bref délai pour la définition effective des premières mesures à prendre au lendemain de la décision de la Cour Suprême.


Les hip hopeurs se sentent marginalisés au sein de la CMC. Beaucoup d’entre eux pensent que la CMC, c’est l’affaire des autres…
C’est une vue de l’esprit que vous manifestez malheureusement à travers votre question qui ne reflète pas du tout la réalité. Le hip hop est un genre musical comme les autres et il a été formé, dans le domaine musical au Cameroun, entre les comparants et tout créateur, éditeur, artiste-interprète, producteur de phonogramme et de vidéogramme et leurs Ayants droit une société civile, la Cameroon Music Corporation. Et les auteurs, compositeurs, éditeurs, artistes interprètes et autres producteurs peuvent en être membres et sont d’ailleurs membres dès lors qu’il n’existe au Cameroun, selon la loi, qu’un seul organisme de gestion collective du domaine musical. D’où vient-il que les hip hopeurs soient marginalisés. Dommage que vous n’ayez pas des exemples probants à étayer.


Comptez-vous travaillez avec eux en étroite collaboration ?
Il n’y a aucune discrimination à la CMC. Nous n’avons pas des membres à part entière et des membres à part.


La piraterie a atteint des proportions incroyables, des CD vendues à 300 FCFA au vu et au su de tous. Quelles sont les mesures que vous allez prendre pour éradiquer cela ?
La mission fondamentale d’un organisme de gestion collective de droit d’auteur n’est pas de lutter contre la piraterie. Concernant par exemple la CMC, son objet est de défendre et promouvoir les intérêts matériels et moraux de tous les titulaires de droit d’auteur et des droits voisins du domaine musical et d’établir entre eux et les usagers des relations nécessaires à la protection de leurs droits. Sur un autre plan, la CMC est habilitée, sur le territoire national et international, à assurer l’exploitation et la protection du droit d’auteur et des droits voisins du domaine musical, tels qu’ils sont définis par la loi N°2000/011 du 19 décembre 2000 relative au droit d’auteur et aux droits voisins du droit d’auteur.
Concernant précisément la piraterie dont vous faites allusion, il n’est pas inutile de préciser que même si la CMC dispose d’une commission de lutte contre la piraterie, il faut malheureusement reconnaître que la modestie de nos moyens ne nous permet pas de faire véritablement face à cette contrebande.
Pour finir, il est important de relever que les autorités camerounaises doivent comprendre que la répression de la piraterie est du ressort de la force publique : police, gendarmerie et douane. Le ministère de la Culture doit alors savoir que l’Histoire est tragique. Elle jugera par conséquent durement tous ceux qui, aujourd’hui, n’auront pas fait l’effort de saisir les opportunités de changement qui s’offrent aux uns et aux autres avec l’avènement de la loi N°2000/011 du 19 décembre 2000. Le titre VI de ladite loi consacre la protection du droit d’auteur au Cameroun. Et cette disposition n’est pas littérature.


Depuis votre album « Rosita », on ne vous sent plus artistiquement, qu’est-ce que vous devenez ?
Vous ne me sentez plus artistiquement parce que vous ne me suivez pas aussi et c’est regrettable que l’on ne pense qu’à Sam Mbende que lorsqu’il est question de la CMC. Au-delà de diverses responsabilités de ma part dans divers domaines, je demeure artiste musicien. Mon dernier album que j’ai intitulé « glamour » est par exemple prêt depuis longtemps mais au regard de l’environnement délétère de notre marché discographique quand je pense à la piraterie, je préfère encore attendre.

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