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mardi, avril 30, 2024
On Djoss

Shamak : « J’ai sacrifié ma vie pour ce que je fais »

Symbole de l’audace et d’une jeunesse tournée vers un futur dorée, il relève des challenges dont lui seul, a la signature, l’empreinte inébranlable. Les stigmates et légendaires mépris d’antan quant au travail qui se faisait dans l’univers qu’il a embrassé, n’ont plus de place car le désormais c’est de l’indiscutable dans son domaine. Ses amis et ses proches l’appellent Shamak, depuis 4 ans déjà. Mais son véritable nom résonne tel celui d’un prophète : Nangah Alharamadji Bienvenu. Sa trentaine raisonne ses idées aussi folles et gigantesques soient elles, pour le bonheur de ces courts instants passés devant le petit écran, à mater notre clip préféré. Shamak réalise des chefs d’œuvre vidéogrammiques. En digne fils du Mboa et fier de l’être, Shamak s’est forgé une réputation de titan, même au-delà des frontières nationales. Le jeune réalisateur camerounais, d’une sérénité troublante, à l’allure frêle, il est toujours entre deux challenges. Voici de ce fait, une entrevue exclusive avec Shamak lors d’un tournage dans la région du Sud, Cameroun.


Quel est le thème que tu as choisit cette fois, pour ce nouveau challenge étant donné que nous sommes sur le tournage du clip « Le Son des Don Man » d’Espo2Ben’s.
Déjà, j’ai voulu un peu sortir de la norme des clips Bikutsi qu’on voit en ce moment. Donc, on a essayé de faire un truc un peu différent. Présenter l’artiste comme à ses débuts, exactement comme il était. Présenter le rêve mais d’une certaine façon quoi ! Je pense que le téléspectateur qui voit le clip aimerait savoir comment l’artiste a commencé. A quoi il ressemble s’il est peut-être en « sans-confiance » comme on a vu et ça se voit dans le clip (rires). C’est un peu dans cette idée que je suis parti. Loin des trucs un peu standards, trop greffés ! Un truc un peu culturel ! C’est ça (sourire).


Est-ce que ce clip ci, change de ce que tu fais donc habituellement ?
Euuh ! Oui un peu ! Mais depuis un certain, je m’efforce de  présenter un  peu la localité mais d’une certaine façon, un peu « propre » quoi (sourire) ! De recentrer un peu les choses quoi ! Le Bikutsi principalement ! De toutes les façons, moi je n’ai pas  de limites hein ! Peu importe la musique. Tant que je ressens la musique, moi je n’ai pas de limites. Je me lance à fond. C’est comme ça que moi je procède.


Je voudrais te poser une question plutôt normale je dirais, combien tu te fais par clip ?
(Rires) Non, non ce n’est pas normal. Ça dépend. Je ne vais pas déclarer les chiffres. Déjà le travail que je fais est quand même à la hauteur de ce que je demande. Donc euh, en même temps, je ne suis pas là pour asphyxier les artistes. Je sais un peu comment le côté culturel se passe au Cameroun. Comment les artistes souffrent. Pour moi si je demande une somme à un artiste, il faudrait que je justifie ça par la qualité du vidéogramme, en lui mettant à un certain standing qui fait qu’il pourra gagner peut-être plus tard, un peu plus quoi, dans ses concerts, ses déplacements et tout quoi !


Mak Concept, ton écurie prend de l’ampleur au pays, quelle est ta vision future, quels sont tes objectifs quant à l’essor de ta structure ?
Bon déjà, mon rêve, j’essaye déjà au maximum de hausser l’image du Cameroun qui est mon pays. Depuis mon enfance, c’est de le mettre à un certain standing. Je pense qu’on en a assez entendu quoi ! Le Cameroun n’a pas de vidéos de qualité. La preuve que sur Trace TV, c’était à un moment super sélectif. Inch’Allah, c’est possible maintenant sur Trace TV et on réussit… Je vais prendre l’exemple de Stanley Enow qui fait déjà plus de 50 000 vues. Pour moi c’est un accomplissement. Ça montre qu’au moins on évolue. Pour l’avenir, moi ce que je voudrais c’est que les jeunes qui aspirent à faire ce métier, trouvent qu’on a ouvert les routes quoi ! On leur a ouvert les brèches, facilité un peu les taches et pour que demain, moi je rêve monter une écurie ! Soit une école de production, une école qui va vraiment former les jeunes, qui pourront représenter les couleurs d’ici peu de temps, de ce pays. Moi, c’est pour ça que je fais ça, ce n’est même pas pour l’argent ! Ok, je pense que c’est ça.


Il y’a une écurie africaine, gabonaise principalement, en l’occurrence Boss Playa qui fait des trucs en Jamaïque avec Ayana, l’une des Brick&Lace. Est-ce que Mak Concept n’a pas cette visée là ?
Ah bèh ! Bien sûr. Déjà moi je vais dire je fais beaucoup de clips à l’extérieur. J’ai fait des clips en Guinée, au Nigéria, etc. Maintenant, j’ai un contrat avec Well Done, Kenny G du Nigéria, qui est une grosse pointure de la musique nigériane. Donc, on a un clip qui se prépare. Pour moi c’est ça quoi ! Je ne suis pas étonné de voir que ça se passe ainsi parce que vraiment je travaille dur hein, pour dire vrai … Tu vois pour un tournage comme celui d’Espo2Ben’s ici, on est là depuis hier, on a tourné toute la nuit, j’ai à peine fermé l’œil de la nuit. Et, nous voilà depuis ce matin, on a toujours pas fini ! Bref, c’est un peu ça le fruit de ce qui se passe là !


Pour un clip comme celui-ci, combien il te faut de ressources humaines et de matériel en général ?
Le matériel qu’il me faut, déjà il y’a un standard. Ça dépend généralement de la vision. Moi, j’ai mon équipe avec laquelle on marche. Nous sommes au total quatre avec qui je me déplace. S’il faut aller par exemple au Nigéria avec quatre personnes, certains artistes n’ont les forces de supporter cette charge là ! Généralement, je suis assez polyvalent sur le terrain. Je remercie Dieu de m’avoir créé ainsi. Avec deux personnes déjà pour mon équipe, c’est suffisant ! Et pour l’artiste, ça dépend du concept, ce que la musique inspire et tout ! Ça dépend vraiment du concept de la musique, du nombre de personnes qu’il faut pour tourner le clip.


Depuis quand est-ce que Mack Concept existe et quel est le conseil que tu peux procurer aux jeunes comme toi, qui veulent faire comme toi ?
C’est depuis 1999, que je fais ça ! Je faisais encore la classe de 4ème. Et, j’ai persisté. Ce que je peux dire aux jeunes c’est de persister et d’être patient. On dit « le premier de la classe est le premier tricheur ». Celui qui sait recopier au tableau. Je dirais aux jeunes comme moi, des jeunes plus petits que moi, qui aspirent à me ressembler qu’il faut être patient et il faut vraiment apprendre à recopier au tableau sans orgueil. C’est comme à la SIL, quand on disait de copier, il y’a des gens qui copiait avec des erreurs. C’est comme ça qu’on apprend. Et, pratiquer au maximum en s’inspirant de quelque chose ou de quelqu’un. Je pense qu’on s’inspire toujours de quelqu’un pour pouvoir aussi faire son chemin. S’il y’a des jeunes qui s’inspirent de moi, je dirais que Shamak c’est quelqu’un de patient et qui a un parcours un peu lourd, voilà ! Qu’ils s’apprêtent à sacrifier les choses, des vies quoi. Je ne dis pas de tuer des gens parce que le métier qu’on fait pour dire vrai, je dirais qu’on n’a pas de vie. On n’a pas de vie vraiment. Tu es constamment devant les ordinateurs sur les projets des gens. Les gens qui sont plus proches de toi, te perdent un peu !


Quels sont tes meilleurs clips, tes meilleures réalisations ?
Déjà jusqu’ici, je ne pense pas avoir de meilleur clip. C’est vrai que les travaux que je fais, surtout ces dernières années, éblouit vraiment les gens mais pour moi ce n’est pas la limite. Pour moi, ce n’est qu’un début. Vraiment, j’aspire à fournir quelque chose de plus fort et de plus conceptuel pour le Cameroun.


En matière de réalisation de clips, quels sont les exemples à suivre, les modèles dans le domaine ?
Déjà moi je fais beaucoup dans le cinéma. Je suis les clips makers. On va dire les Clarence Peter du Nigeria, Chris Macari de France, Pouyong Farnam de Dubaï. C’est des gens que j’ai rencontré personnellement. C’est des modèles. C’est des gens qui travaillent bien. Au pays, on a NS Pictures qui travaille bien. On a Napster qui travaille bien. Il y’en a plein !

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