Je me suis toujours demandé pourquoi certaines personnes aiment créer des oppositions et des tensions entre artistes. Dans une pseudo industrie embryonnaire telle que la notre, en quoi opposer des artistes peut créer de la plus value ? On assiste depuis plusieurs mois à un déchaînement de fans en furie sur les réseaux sociaux. Les pro Stanley Enow d’une part et les pro Jovi d’autre part. Ils n’hésitent pas à mettre à contribution leur vocabulaire pour mettre en mal l’image et le talent des uns et des autres. On assiste à la naissance d’une nouvelle ère de Docteurs PhD en sciences de la rime et du succès. Ces experts d’un nouveau genre se tuent à prouver que l’un est meilleur que l’autre. Diviser pour ne point régner. S’en suit un flot de tensions qui draine des discours creux, des commentaires sans fonds, des critiques acerbes.
A l’allure où vont les choses, on se serait retrouvé dans le Bronx (USA) et le bruit des balles aurait retenti plus d’une fois. Mais avant d’être aussi pessimiste, il est important de se poser la question de savoir : A quoi ça rime de chercher à prouver que l’un est plus fort que l’autre? A quoi ça sert de vouloir imposer ou décréter l’existence et le règne des rois et des empereurs au pays du koki plantain mur ? Les titres donnent l’argent? Des railleries quotidiennes aux attaques personnelles, on se demande, à qui profite un conflit ouvert entre ces 2 jeunes artistes ? Qui sont les acteurs de ce triste spectacle? Ce qui est sûr c’est que c’est l’image d’un public divisé qui ne sait pas faire bloc autour de ses vedettes qui est vendu à l’étranger. Une situation qui profite à qui ? Je me le demande encore.
Les adeptes de la critique pour la critique, et les champions olympiques des commentaires satiriques et sarcastiques naissent comme des champignons. Comme ces millions de coachs occassionnels que l’on observe durant les matchs des lions indomptables du Cameroun, chacun y va de son analyse et de son decryptage. Au coeur d’une guerre de leadership éphémère on se baigne dans le ridicule. Et quand on prend de la hauteur pour analyser cette situation, on se rend compte du ridicule qui prévaut. Rendons nous compte que le Cameroun représente 20 millions d’habitants dans un continent de plus d’un milliard d’individus. Un pays où les artistes ont de la peine à vivre de leur art, un pays où moins de 1/1000 de la population à déjà acheté un album original en physique ou en digital. On préfère se masturber les méninges pour opposer le fleuron musical au sein de la jeunesse. « Tous les jours c’est le bavardage« … J’ajouterai à cette réplique de Jovi, ca paie le loyer? Le clash nourrit des familles ? Ca crée des emplois ? Pourquoi penser à opposer mais ne pas prendre la démarche d’unir? Il est l’heure et temps de prendre nos responsabilités en main. Comme l’a dit Stanley Enow « No time for dirty fight« . Il est temps pour nous de célébrer le talents de ces deux jeunes et se pencher sur l’essor de ces milliers d’autres Stanley Enow et Jovi qui sont dans nos quartiers à attendre une occasion pour briller et défendre les couleurs du pays. Il est temps laisser libre cours à la créativité des uns et des autres et de respecter leurs plans de carrières. Nul n’est parfait et à chacun ses ambitions. On ne cessera jamais de le dire, les goûts et les couleurs ne se discutent pas. A chacun ses sensibilités. On n’est pas obligé d’aimer la musique ou le comportement d’un artiste mais le minimum serait de respecter son travail.
Autant que vous, ces artistes sont sensibles à vos messages et ont plus besoin de vos ondes positives. Plus que jamais, la musique camerounaise a besoin de notre participation efficiente et efficace à son développement harmonieux et son expansion à travers le monde. Ce n’est pas avec des railleries à deux sous qu’on bâti une nation forte mais avec des idées éclairées et des actions concrètes. Jovi et Stanley Enow sont deux enfants d’une même nation, des frères sous un même drapeau, des talents à soutenir et accompagner. Les opposer, ou créer délibérément frictions entre artistes c’est s’opposer notre idéal de Paix, un idéal cher au peuple camerounais, un idéal ancré dans notre devise.
Par Taphis