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samedi, avril 20, 2024
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Noyau dur : Tout ça pour quoi ?

« Donne leur la bonne musique que le public respecte / Celle qui garde le noyau dur comme la tête« … Voilà le refrain qui constituait l’acte de naissance du Noyau Dur, sur la compilation Secteur Ä All Stars, en 2000. Composée de Pit Baccardi, de Calbo et Lino d’Arsenik et de Jacky et Ben-J des Neg’Marrons, la belle équipe se veut le fleuron du Secteur Ä, label au somment de l’époque. Sorte de Dream Team, le combo peine pourtant à proposer un album collectif, si bien qu’on pense le projet tombé à l’eau. Les disques des différentes entités sortent et connaissent des accueils divers, et le crew place quelques titres sur des compilations à succès (Illicite Projet). Et puis, sans qu’on y prête vraiment attention, l’opus Noyau Dur se retrouve dans les bacs, en ce début d’année 2006. A la curiosité succède l’écoute, et elle est mitigée, disons-le tout de suite.


Tout commence avec « Présentation« , comme si les protagonistes, conscients du temps écoulé depuis leurs derniers faits d’armes communs, se sentaient obligés de rappeler leur parcours dans le rap français, et leur palmarès flatteur. Une entrée en matière moyenne, qui ne parvient pas à créer l’enthousiasme ni l’effervescence autour d’un projet qui ne s’annonce pas de la meilleure manière. Sur une production de l’ami de toujours, Djimi Finger, « Réconciliation » confirme les premières impressions : les rappeurs sont un peu à cours d’inspiration, et la promesse du refrain (« Avec la musique on va vous réconcilier« ) sera difficile à tenir. Comme des jeunes loups, les cinq rappeurs se lancent dans un venimeux « Départements« , fédérateur et destiné à flatter les « quartiers chauds » de « Paris et sa banlieue ».


Les mauvaises surprises s’enchaînent, et on reste perplexe devant les fiascos dancefloors que sont « OP » (et ses vagues relans de dancehall), et surtout le single « Tout est permis (Viens…) », sur lequel même Lino, vacille sur la corde raide. C’est d’ailleurs l’un des gros points faibles de l’opus : les rappeurs ne sont pas au mieux de leur forme. On sent nettement que Calbo manque de « compétition« , que Pit n’est pas très en verve, et que Lino frise le surmenage après son très bon solo. La palme revient aux deux Neg’Marrons, qui sombrent dans le surfait et l’indigeste à maintes reprises. Entre refrains téléphonés, couplets ratés et lyrics au rabais, Jacky et Ben-J surprennent par leur manque d’efficacité.


Dans ce ramassage collectif, quelques titres viennent quand même relever un niveau bien faiblard. « On en sera jamais pareils » nous ramène quelques années en arrière, au temps où Arsenik menait le rap français d’un mic’ de fer, dans un ambiance nostalgique soignée (mise en son par Skread). Même chose pour « L’histoire continue« , sur lequel MC Janik (qui fait office de revenant de luxe) se rappelle à notre bon souvenir. Les rappeurs y racontent leurs périodes de doute d’artistes et d’hommes (qu’ils connaîtront peut-être de nouveau après l’accueil de cet album…). « Besoin d’ennemis » se positionne comme un morceau virulent à l’encontre des haters du noyau pas si dur (qui se délecteront sûrement de cette sortie !).


Pas besoin de se voiler la face, la première pierre de l’édifice Noyau Dur est en argile. Les cinq rappeurs s’emmêlent un peu les mics sur des instrus qui ne débordent pas d’âme. On est déçu, très déçu, de constater que ceux qui menaient autrefois le game sont aujourd’hui bien à la traîne (même Lino semble ne pas voir le bout de ce marasme). Il y a fort à parier que ce premier volume des aventures du Noyau Dur sera le dernier. Peut-être que le verdict aurait été plus élogieux en 2000, malheureusement en 2006 c’est tout juste passable. A réserver au plus stricts fans de la bande.

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