Patou Ebongue : Patrick Ebongue, Prince camerounais du Hip hop.
Il a vu le jour en région parisienne et, pour lui, pendant longtemps, le Cameroun a été une contrée lointaine dont l’image était entretenue dans son monde de petit garçon sur qui ses parents veillaient. Le rap le fait vivre, ainsi que cette petite famille composée de deux merveilleux bambins et d’une plantureuse camerounaise qui partage sa vie depuis 4 ans, et qu’il fait tout pour garder dans la discrétion, loin de strass et des paillettes du showbiz. Son look, toujours le même : un baggy jeans, un polo et des baskets. Avec son air d’éternel adolescent, il passe facilement inaperçu. Pourtant, ils sont nombreux, les artistes qui rêvent de le rencontrer, lui qui est l’un, sinon le seul magnat du rap africain en France.
La belle aventure commence en 1998 quand il investit tout le fruit de son travail -une PME spécialisée dans le téléachat -dans la production et la promotion du premier album de Neg Marrons, le groupe de Jacky et Benji, deux amis d’enfance. Il les a vu débuter. Ils vendaient leurs disques de magasin en magasin en portant entre les mains, marchandant au centime prés. Ils font un carton. « première classe vol 1 » est vendu à plusieurs milliers voire à plus d’un million d’exemplaires. Il en sera de même pour le volume 2 et pour les autres artistes que Patou comme tout le monde l’appelle affectueusement dans le milieu, prendra sous son escarcelle : Pit Baccardi, L’Skadrille, Jalane… il est devenu un faiseur de star, et travailler avec lui est un gage de succès.
Avec ses potes, il a investi sa première maille, et donc son avenir dans quelque chose qui ressemblait à une folie d’adolescent, en y croyant dur comme fer, malgré quelques tentatives de dissuasion. A force de travail, il y a trouvé le bonheur. « Avec le rap, j’ai fais le tour des cinq continents ». ici, l’expérience la plus marquante de toutes étant ce voyage en Jamaïque, avec des passages dans des studios grandioses qu’il n’avait jamais vu dans sa carrière de producteur et de manager. Dans le travail, il est sérieux, rigoureux et professionnel, reconnaît un ami. La Jamaïque est une occasion unique de travailler avec des artistes de légendes comme Sly et Robbie, connus pour être le meilleur tandem bass/batterie au monde. Mais aussi Mister Végas. Rencontre qui s’est traduite par le succès planétaire « tout le monde débout » et son clip tant apprécier des jeunes à travers le monde.
Outre tutoyer les sommets, le jeune homme, à peine trentaine, à également amené ses artistes à côtoyer les sommités de la musique : « ça ne me fait rien », version française de « it doesn’t matter » avec le célèbre « preacher’s son » ; Wycleff Jean et une tournée avec les Fugees ; le ghetto ambianceur de Pit Baccardi, une tournée avec les Wailers groupe mythique de Bob Marley…
S’il y’a quelques années, le Cameroun était encore pour lui une terre à explorer, aujourd’hui, Patou qui le visite plusieurs fois par an, s’est pleinement investit dans la logique d’apporter sa pierre à la construction de l’édifice du rap camerounais qui se développe, quoi que timidement.
Les jeunes y croient. Lui, il veut les aider à y croire et à en vivre en leur faisant partager son expérience de la scène international du hip hop. Il les appuie dans l’organisation des concerts, le travail en studio, mais aussi le management et la construction d’une carrière internationale. Il a crée au Cameroun son propre label. Dans un pays qu’il connaît si peu et qui pourtant attend tellement de lui ! qu’il s’investisse davantage. « je ne veux pas faire de fausses promesses. Si je travaille avec un artiste, je travaille avec lui à fond. Ainsi, les autres verront que je ne blague pas », confie t il. Pour lui, le plus important est de bâtir une industrie de rap au Cameroun, et plus généralement une industrie de musique afin que ses frères puissent, comme lui, vivre de leur talent et de faire connaître ce courant de musique orphelin, véritable canal d’expression de la jeunesse en mouvement.
Gaëlle Moudio Ndedi by Situation Mag