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samedi, juillet 27, 2024
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Mac Tyer : Mac Tyer : 93, tu peux pas test !

Depuis son envol avec son groupe Tandem (qu’il forme avec Mac Kregor), et l’annonce de son projet solitaire, Mac Tyer compte un buzz énorme. Les attentes placées en ce rappeur du 93, au style percutant et cru, ont donc logiquement pris de l’ampleur au cours des derniers mois, atteignant un niveau d’engouement qui ne laissait que peu de place à l’erreur pour cet artiste en pleine ascension. Sur de son talent et confiant dans ses capacités à donner au public ce qu’il attend, Mac Tyer est même allé au delà des espérances de ses fans en se lançant dans la réalisation d’un double album. Près de vingt-cinq titres rugueux, dans la veine south que Mac Tyer affectionne, et sur laquelle le public français misait des espoirs considérables.


Le statut de Mac Tyer ? Sûrement pas celui d’un rookie cherchant la confirmation ou quelque autre reconnaissance de son potentiel. Fort de son vécu avec Tandem (et notamment le premier album acclamé du groupe), Mac Tyer se proclame sans complexe comme « Le général » en devenir d’un rap français se cherchant un leader. Dans le titre éponyme de ce double album, en forme de présentation introspective, celui que l’on appelle également Socrate fait valoir sa force imparable sur un beat rythmé mais sobre et mélodieux. Egotrip, comme sur le costaud « Derka » ou le solide « 93 tu peux pas test », Mac Tyer n’est jamais aussi à l’aise que lorsqu’il évoque la rue, et la vie qu’elle met en scène. Apologie de la « Paire de requins » comme mode de vie, le sombre « Impulsif », « Racaille ambition », le portrait raturé d’un agent de police (« Pacman »), ou la rencontre au sommet avec Booba pour un « Ne me parle pas de rue » (qui prend des allures de championnat du monde des poids lourds), les morceaux dédiés aux affres de la banlieues ne sont pas rares, et permettent globalement à Socrate de faire valoir sa verve et son flow monocorde. Souvent dans le rôle du bulldozer que rien n’arrête, la moitié de Tandem ne s’impose pourtant pas une façade de marbre, et s’aventure dans des thèmes plus profonds, ou simplement moins consensuels : les propos à cœur ouvert de « On a tous mal », la lucidité bienvenue de « Auber’ c’est pas L.A. » (ft. Wallen), le chantonné « Petit frère, petite sœur », ou encore le « Jeunes parents » (l’un des morceaux assez peu convaincants de l’album) tranchent littéralement avec les propos rudes et saignants de « Tu vas pleurer » (avec Mac Kregor), « Si tu rotka » ou du terrible « A chaud ». En forme d’apogée pour Mac Tyer, le premier disque de cette double détente se termine sur une collaboration aussi prestigieuse que symbolique avec « Suicide Carcéral », qui laisse transparaître le passage de témoin entre le rappeur harcodre des 90’s (Kéry James), et celui des années 2000.


Ponctué de refrains fredonnés, marqué par des beats tantôt south, tantôt plus conventionnels, Le Général est l’opus qu’on attendait de Mac Tyer. Porté sur la quantité sans renier la qualité, le double essai passe très près du coup de maître et ne pèche que par une certains redondance dans les thèmes, et des ambiances un peu trop homogènes. Véritable écorché, Socrate fait preuve d’une consistance remarquable tout au long de cette tracklist pléthorique, quand bien même certains regretteront la linéarité de son flow. Il demeure pourtant évident que ce projet ambitieux constitue une réussite artistique pour son auteur, qui s’impose indéniablement comme l’un des généraux du rap français. Nul doute que ce chef de file de la nouvelle génération du rap hexagonal saura marquer son temps et apposer sa marque à une musique qu’il transforme en dépassant les standards habituels.


Raging Bull source www.rap2k.com

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