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vendredi, avril 19, 2024
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Hip hop kamer : Kamer rap, cette secte qui s’ignore

Que ça plaise ou pas, disons le : le hip hop kamer est une secte. Un clan fermé. Un groupe marginal avec ses codes, ses pratiques, ses gourous et ses idées généralement en opposition avec le courant dominant. Ici, s’isoler est une règle fondamentale et ignorer ce qui se passe chez les autres, une pratique courante. Il faut soutenir la différence. Entretenir à tout prix l’illusion de supériorité.


Le rappeur du bled n’est pas tenté d’explorer ou de s’enrichir de l’expérience des autres. dans sa tête, trotte et trône l’idée que son style est radicalement différent. Que seuls les initiés (les membres de sa secte) peuvent accéder à sa science. En fin de compte, ses ingénieurs de son sont presque toujours ceux de zomloa, so sound ou mapane.


Pour la promo, la production hip hop kamer suit un créneau tracé et connu à l’avance avec des émissions et amateurs précis dans les médias « chaud » : Dania, Tony Nobody et Tito à la télé ; Eric Christian, Pegguy, Visley à la radio ; Idrissou, Rocky sur Internet… la presse écrite est délaissée. Trop intello. Les animateurs pop sont écartés. Trop incultes. A l’arrivée, en dehors du très consensuel Koppo, peu de rappeurs du « Mboa » sont invités dans les manifs, émissions et remises de prix des « autres ». Pas la peine donc de chercher holokost à Tube Vision. Ils n’y seront jamais conviés. Inutile d’imaginer Francky P sur un plateau de C la fête. Ce n’est pas son « truc ». Un kamer rappeur artiste de l’année, c’est encore mission impossible alors que Diam’s lauréate des victoires françaises de la musique, c’est banal.


Le plus choquant est qu’aucun membre de la secte hip hop n’ambitionne sérieusement changer la donne. Au contraire, tous se barricadent, se masturbent l’esprit lors de leurs soirées fermées de récompenses annuelles : hip hop awards, CAMERHHA… et pendant que Manu Dibango collabore avec le congolais Passi, Sally Nyollo avec le gabonais  Lord Ekomy Ndong ou Johnny Hallyday avec le secteur A, aucun talent du bled n’ose un featuring avec Vincent Nguini ou Talla André Marie. Au nom de la différence. Le langage et l’accoutrement sont d’autres éléments caractéristiques de la secte. Dreadlocks, pantalons tombants, piercing, boule à zéro et tatouages, entre autres, sont au haut de l’affiche. On cultive l’apparence de « bad doy ». on soigne un discours inutilement anglicisé (featuring, flow, hardcore, groove underground…) à la manière des fidèles d’églises révélées qui n’ont cesse de « rendre grâce », « parler en langues » ou « délivrer au nom de Jésus ». le hip hop a son identité propre, dit on. Mais, ou doit prioritairement s’exprimer cette identité ? dans les contenues rythmiques ou sur l’apparence ?


Parlons des mécènes. Ah, les mécènes ! toujours les mêmes. Un peu comme le financement, les stratégies marketing et les relations presse, dans le domaine du hip hop, sont l’ambroisie, le terrain conquis des gourous que sont devenus Ajajo, Hans Mbong, Phen, Jefté, DJ René Cool… c’est eux qui font et défont les stars, qui distribuent parcimonieusement la voix au chapitre. Pendant qu’on y est, as-tu remarqué que les filles n’ont pas le beau rôle dans cette chaîne ? elles sont chargées de se déshabiller dans les clips, d’embellir de temps à autre les chœurs, d’entretenir les fans clubs des gourous ou de remplir les salles de spectacle. Exactement comme dans une secte !

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