Lalcko : Diamants de Conflit
« Il y a trois choses qui peuvent changer le cours de l’histoire :
Les actes héroïques, les grandes décisions et les erreurs décisives
Bienvenue sur ma mixtape Diamants de Conflit
On est ouvert à tous, à toute heure, parce qu’on partage un plaisir fou
Derrière le microphone on prend de l’ampleur
C’est pour toute mes streets, je vous vois sourire
Je vois des daronnes porter leurs enfants
Je vois l’Afrique grandir
Je vois la France à peser
Je vois les renois arrêter de se détester
Je vois partager avec nos voisins
Je vois et je vois bien
Mon nom à moi, c’est LAL, Lalcko
C’est comme ça qu’ils m’ont appelé
Vous voulez que je le représente, je vais les représenter
N’oublie pas qu’avant ça on était des rois
Et qu’un grand roi est esclave et que son peuple est libre
Ces diamants de conflit, on donne ça pour que le peuple vibre
C’est le retour du rap, du vrai rap
Des mecs qui en font parce qu’ils en ont envie
[…] »
Tel est le discours, le préambule de ce « street-album », entre guillemets; Car cette appellation ne reflète en rien la noblesse de ce disque de Hip Hop français, qui incarne la richesse de tout un continent, massif comme du bois d’ébène et étincelant comme des diamants 44 carats.
Les diamants de conflits (appelés aussi ‘diamants de sang’), ce sont ces fameuses pierres cristallines venant d’Afrique, extraits par les esclaves dans les mines des pays en guerre civil et dont le trafic a été décrété comme illégal depuis sept ans. Vu sous l’angle de la métaphore, ce titre convient parfaitement à l’auteur de cet album, Lalcko, un MC sanguin et brillant originaire du Cameroun. Après un premier street-album Diamant Noir, l’ex-membre de l’écurie 45 Scientificvient en ce début d’année 2008 représenter. ‘Représenter’, un verbe qui signifie qu’il est la voix de plusieurs peuples ou populations, de plusieurs villes (Rouen, Créteil, Yaoundé) ou pays, et que son art, le rap, vient du hip-hop.
Le long des 20 pistes, Lalcko en impose avec majesté, puissance et prestance, non sans souffrance, employant un flow abrasif pour écorcher avec sa plume remplie au sang d’encre les parois d’une mine de vocabulaire, puisant et confectionnant des thèmes éclatant de vérité et de transparence. Son premier extrait « Lumumba », du nom de la figure de l’indépendance congolaise assassiné, n’est qu’un joyau rare parmi tant d’autres sur cet opus. Affichant haut et fort « Le prix de l’ambition », le MC amène de « La Dope » pour infester les quartiers par la force de ses punchlines et poursuivre une ascension irrésistible, celle de l’arrivée du « Nègre », au sens de ‘celui qui écrit pour les autres’ pour reprendre ses mots. Lalcko n’est pas le genre d’artiste rap qui ne fait que lèver son majeur au gouvernement, parce que même s’il compare la vie des escrocs à celle de l’ancien Président de la République Jacques Chirac sur un instrumental signé Havoc (des Mobb Deep), sa démarche veut qu’il use même de la voix (et la voie) de la diplomatie sur « De toute façon », qui aurait bien vu ‘lettre au président’ comme sous-titre.
Parmi les fabricants de ces Diamants de Conflit, le label suédois Border Blaster a fait appel à des artisans partout dans le monde, comme Fred Dudouet, Ren Hook, Schlas, Havoc (des Mobb Deep), et Pharaoh Williams & Brandon Bell du Billionnaire Club, le duo qui instrumentalise le son « Sang pour Sang Diamant ». Des soldats comme Seth Gueko, Escobar Macson et Despo Rutti viennent prêter main forte avec leurs phrasés carabinés sur « La Cage Aux Lions » ; Lalcko compte aussi sur d’autres alliés tels que M24, M99, Mac et Failfell.
Pour résumer, Diamants de Conflit est bien plus qu’un gros street-album, les vrais seront unanimes à propos de cette œuvre magnanime et sauront reconnaître sa valeur et son authenticité. Juste pour mettre un peu la pression maintenant, nous espérons tous que dans cette marche vers la gloire et la victoire, le véritable premier album sera un très grand cru pour le rap français.