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jeudi, avril 18, 2024
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Valsero : Et si valsero fesait du « rap mboa »

Il ne va pas aimer. Il ne va pas du tout aimer. Sa haine des imposteurs est trop forte ; son obsession de la différence, trop marquée. Et pour ne rien arranger, ces temps derniers, son ego est sous l`ivresse d`une popularité aussi indicible qu`inattendue. Qu`importe ! Maintenons l`interrogation : Et si, malgré ses dénégations, Valsero faisait du rap mboa ?


Inutile de tergiverser. Valsero n`est pas le centre de la question ci-dessus. Il n`est qu`un trompe-l`œil, un prétexte pour sonder, examiner en profondeur un concept en vogue : le rap mboa. Kamer-rap, Rap Mboa, Hip Hop du Bled,……..les expressions fleurissent. Difficile de passer une journée sans qu`un animateur télé ou radio ne nous l`assène. « Evoquer une chose, c`est l`invoquer« , disait le poète. Le rap mboa existe donc certainement. Mais qu`est ce que c`est ?


Pour une classe d`observateurs, l`expression «  Rap Mboa«  s`est imposée pour regrouper toutes les œuvres de rap « made in Cameroon«  ou, pour reprendre les termes de Ra-syn, « embouteillées«  au Cameroun. En vérité, cette définition ne fait qu`accroitre l`embouteillage (rien à voir avec des délires Petit-Pays-esques) conceptuel. Car, embouteillage pour embouteillage, rappelons que la boisson Coca Cola est embouteillée au Cameroun mais n`est toujours pas camerounaise. De même, l`opus du centrafricain Sergent T a bel et bien été « embouteillé«  au Cameroun – arrangements, enregistrement, production- mais n`en demeure pas moins une œuvre étrangère.


A ce stade, une branche de scrutateurs souligne que le rap mboa désigne plus précisément l`ensemble des productions rap émanant des camerounais. Cette définition vole en éclats lorsque les mêmes personnes excluent les albums de Bam`s ou Jango Jack du répertoire du rap Mboa. Comme si on perdait sa « camerounité«  du simple fait d`être installée à l`étranger….


Arrive alors une troisième unité soutenant qu`en plus d`être l`œuvre des nationaux, le rap mboa doit porter les maux, les mots et le ton typique du terroir. Une partie du « Noiraukarisme«  et du style Koppo semblent fondés sur ces présupposés. A première vue, la moutarde pourrait prendre. Mais, en seconde analyse, la nationalité, la tonalite et le ton paraissent bien maigres pour définir une variante de rythme. Les exemples sont légion : Akon est-il américain ou sénégalais ? A`Salfo (leader du Magic System) est-il ivoirien ou burkinabé ? Sniper est-il un groupe français ou tunisien ? Keziah Jones, Seal et Asa, nigérians ou anglais ? Le profil de Passi est bien plus troublant encore. De Je zappe et je mate à Bisso na Bisso en passant par tous les Dis l`heure de…, il prouve qu`il est capable de faire des albums entiers avec la coloration, la tonalite, les maux et mots de son choix. Solaar s`est arrêté aux titres mais difficile de repérer les racines de ce tchado-sénégalo-français entre Carpe Diem, Hijo de Africa, Au pays de Gandhi ou  Hasta la vista.


Il faut donc se rendre à l`évidence : la nationalité des auteurs, les mots utilisés, l`accent adoptée et les lieux de production ne suffisent pas à établir des lignes de démarcation entre des œuvres d`un monde global. Les vraies différences tiennent au talent, à la spécificité rythmique ou à la démarche artistique. Enfermer un rythme dans des frontières nationales, c`est la meilleure stratégie pour gagner…..du retard sur l`évolution du monde. Du coup, le rap mboa apparait tel un paravent monstrueux, un masque hideux de l`inconsistance de nos démarches artistiques. C`est le champ local, la parcelle géographique, le petit coin ou nous nous masturbons de nos balbutiements artistiques parce qu`incapables de nous affirmer sur la scène globale. Avez-vous remarqué que Milla, Omam Biyik, Eto`o ne jouent pas au « foot mboa«  ? Avez-vous noté que Manu Dibango, Kayou, Noel Assolo ou Richard Bona ne jouent pas au « sax Mboa«  ou a la « bass Mboa«  ? Il est probable que MNLK ou Bam`s ne connaissent pas l`expression « Rap Mboa« . Et pour cause : c`est une imposture.  Dangereuse et pernicieuse. On ne peut lui accorder de circonstances atténuantes que si elle devient le label d`une créativité naissante, fidele à des canons objectifs et qui s`inscrit dans le cadre d`une démarche structurée et durable. Si le « rap Mboa«  devient la marque d`une originalité rythmique et stylique qui s`impose localement et ouvre les frontières internationales, alors OUI, nous pourrons lui reconnaitre une certaine légitimité. Et face à la question : Valsero fait-il du rap Mboa ?, nous répondrons sans hésiter : OUI.

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