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vendredi, avril 26, 2024
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Elokk : ELOKK, avec « elokkanz » en 2009

Tout le monde les mains en l’air et faites la holla car (re)voici enfin Elokk. Mongo Nam et Nkunkuma, deux mc’s qui ont la tension verbale et un mini album histoire de faire monter la pression : griots de kwats (griots de quartier, ndlr).


Depuis la lointaine époque de Zomloa au Pays de Kush Vol 1,  il faut le reconnaitre les poulains de dj Bilick ont pris du recul afin de préparer un comeback fracassant. Et à  travers  « griots de kwats » c’est chose faite car le groupe nous livre ici un album avec grand ‘’A’’, composé de six titres en plus d’un bonus track (sans confiance). L’objectif étant de faire monter la pression, les deux rappeurs d’entrée de jeu donne le ton sur le très enragé « révolution blackman ». C’est un appel à la révolution des peuples noirs après des siècles d’esclavage qui se perpétue d’ailleurs de nos jours sous des formes modernes. Elokk c’est surtout du rap à haut débit engagé comme à l’image du très festif « soldats engagés » en faeturing avec le groupe Sumanja autre virtuose de l’écurie Zomloa Records.


Mais Elokk ce n’est pas que du rap hardcore. En douze ans de pratique rappologique nos deux griots ont compris que la recette du succès réside dans l’originalité afin d’éviter le déjà entendu. C’est donc sans surprise que dans cet album pour lequel ils se attachés les services de quelques  grosses pointures de la production au kamer (dj Stéphane Akam, dj Ramsès, dj Bilick. Ndlr), on y retrouve un brin de r’n’b de quoi faire plaisir aux amateurs du genre qui en redemanderont à l’écoute du titre « suggar daddy ». La mise en scène parfaite et les répliques calibrées font de cette chanson une pure merveille embellie par la touche féminine qu’apporte la chanteuse D-one. Dans un face à face verbale entre les deux mc’s, le morceau dénonce la sexualité transgénérationelle, un fait de société banalisé et accentué par la pauvreté ambiante dans notre bled.


Sur le titre « minimum de love » Elokk en featuring avec MH et Alyss imaginent l’amour avec des belles rimes, un hymne à l’amour afin que s’ouvrent les cœurs car Mongo Nam et Nkunkuma croient encore au « happy end ». Griots de kwats est surtout moulé dans une philosophie chère au groupe : évolué sans toutefois se dénaturer. Malgré de nombreuses péripéties, ils sont restés fidèles à cette identité linguistique, le camfranglais, un mélange de la langue de Molière et de Shakespeare. Une sorte d’argot à la camerounaise très présent dans les textes de leurs compositions notamment « en poto poto » et le classique « sans confiance » dans lequel Elokk fustige l’amour matérialiste prôner par certaines femmes et reconnait néanmoins que cette dernière est un mal nécessaire en fin de compte.


Le seul bémol dans cette belle aventure musicale réside au niveau de la qualité sonore du disque qui reflète un gout d’inachevé. Beaucoup d’efforts restent à faire sur ce plan afin que la prochaine production ne soit pas un calvaire pour les tympans des mélomanes.


Loin des albums moribonds sortis cette année, voici un disque qui s’inscrit dans la durée et est la preuve du talent ou plutôt de la maturité d’Elokk, deux griots de kwats qui n’ont pas encore dit leur dernière note. Bonne fin d’année, vivement en 2010 !


Elokk, Griots de kwats,  Elokkanz Productions.

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