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vendredi, avril 26, 2024
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Rap Kamer : Autopsie du Hip Hop Camerounais – 1ère Partie

Etats des lieux :  


De mémoire collective, le Rap fait ses premiers pas au Cameroun à la fin des années 80. Il est arrivé presque au même moment que la télévision, par qui les jeunes ont appris beaucoup de choses sur cette musique. Il n’y avait pas encore d’albums « Made in Kamer » mais les jeunes qui se passionnaient peu à peu par ce style particulier de musique, se défoulaient dans des soirées tels que : les Sunday rap, big rap show, les soirées Mbitakola, les nuits du rap… Durant la décennie suivante, c’est-à-dire pendant les années 90, les groupes et rappeurs ont commencé à voir le jour. On peut citer entre autres : UMAR CVM, Anonyme Posee, Otoul Baka, le collectif Magma fusion, Benjo, Protek Tho’or, Big Bzy ; sans oublier des lieux devenus cultes comme African Logic, les cinémas Abbia et le Capitole, le Centre Culturel Français de Yaoundé, l’Institut Goethe où il était permis aux amoureux du hip hop de se retrouver.


Le Hip Hop local connaitra véritablement son âge d’or au début des années 2000, avec l’émergence de certains groupes de RAP comme Ak Sang Grave et leur emblématique YPP qui reste une véritable fierté pour de nombreux « puristes », Bantou Possi, Negrissim, Zomloa Familia ; mais aussi d’artistes solos à l’instar de Rasyn, Krotal, Joel Teek, Sultan Oshimihn ou même Lady B.


Cette renaissance a été plus ou moins inspirée et soutenue par les artistes Hip Hop de la Diaspora comme Pit Baccardy ou Menelik, qui à travers leurs talents et leurs succès outre atlantique, ont été une source d’inspiration pour une nouvelle génération de rappeurs.


Actuellement, parmi les figures fortes de la scène Hip Hop locale, nous pouvons citer entre autres Bashiru, Valséro, Les Clés – Son of God, Killamel, Palesto, C-minaire et le crew quelque peu controversé X-Maleya



Hip-Makossa, Rap Mboa… : Où sommes-nous ?


Nombreux sont les MC’s qui, en quête d’originalité ou dans le souci de se forger une identité, n’ont pas hésité à travestir l’essence même du Hip Hop. Voulant doter à la culture urbaine une certaine couleur locale, ils ne cessent de s’attirer les foudres de ceux là qui sont restés fidèles aux styles caractéristiques du mouvement 2H tel que voulu par NTM, Public Enemy, IAM ou même Solaar.


Pour prendre exemple sur les artistes One Love ou même Koppo à ses débuts, l’on a noté une réelle désolidarisation et des propos virulents face à ceux-ci ; car nombreux sont ceux-là qui les traitaient de travestir le RAP du bled.


C’est aussi le cas de Roggy Stentor et bien d’autres, qui ont même fait l’objet d’un titre « le Rap qui dérape » par  Ken Mots, qui trouve et très souvent à juste titre que le mouvement hip hop du bled souffre de quelques dérapages de ces artistes. Doit-on dénaturer le RAP pour  permettre aux uns et autres d’émerger ? Est-ce l’artiste qui doit s’adapter aux humeurs et bons vouloir du public ?


 


Où est passé la créativité ?


Les artistes Hip hop ont de plus en plus de fortes tendances à s’appuyer sur des titres à succès empruntés par exemple au Makossa pour booster leur audimat. De Krotal à X-Maleya en passant par le Bantou Possi ou même Big Bzy, des figures de prou de la scène urbaine s’y sont prêtées à cœur joie à cet exercice pas très glorieux. C’est donc à se poser la question de savoir ; si pour fleureter  avec le passé peut être un gage de succès. Génération en panne de créativité ? Impossible de répondre par l’affirmative, puis qu’on peut présenter un exemple récent et patent, en l’occurrence Valséro, qui, original dans son concept ravageur et osé, a réussi à faire chantonner des parents qui suivaient son titre « Lettre au Président » dans un taxi arpentant les rues de la capitale et bien plus encore.


La famille Hip Hop du Bled : Pour plus de solidarité


L’on regrette beaucoup le fait que l’environnement hip hop au Cameroun ait de la peine a véritablement décoller. Il y’a de quoi pâlir de honte lorsqu’on jette un regard sur l’évolution du même mouvement au Gabon ou au Sénégal. Les causes et responsabilités sont nombreuses et partagés. Mais bien évidemment, l’on ne saurait parfois négliger l’impact négatif de certaines personnes qui se présentent très souvent comme « les grands frères » mais qui font office de torpilles aux initiatives.


Spécialistes en intrigues et critiques acerbes, certains « grands frères » qui devraient se comporter comme de véritables relais et soutiens inconditionnels pour la jeune génération, trouvent toujours à redire sur les différentes initiatives, lorsqu’ils ne méditent pas sur les moyens de nuire. Nostalgiques et frustrés, ils pensent toujours faire mieux ; pourtant ne présentent pas pour la plupart, de véritables CV en la matière.


De même, par effet domino, le prétendu fer de lance du mouvement Hip Hop, se voit manipuler et parfois pas à une main invisible. L’on arrive pas à respecter ou à apprécier le travail des autres à leur juste valeur, on n’arrive pas à reconnaitre le talent des autres. C’est dommage et grave !


C’est dommage que certains, très souvent très proches sous le couvert de l’anonymat, s’amusent à s’acharner à tort ou à raison sur les autres ; se réjouissant au passage de leurs déboires. Le dernier cas notable en date a été la vague déferlante d’insultes et de critiques qui ont suivi la censure de Bilik Jo sur la chaine privée Canal 2 International ; Sans toutefois mesurer son apport non négligeable à l’essor du Hip Hop Camerounais.

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