hello@kamermoov.com
mardi, septembre 17, 2024
News

Hip Hop kamer : Le second essai n’était pas bon

On voudrait croire à une malédiction. On voudrait crier au complot. Mais, à bien regarder, aucune de ces explications ne suffit à justifier l’incapacité presque chronique des rappeurs du terroir à rééditer le succès.  Cette troublante réalité, appelons-là « syndrome du deuxième album ». Vous tardez à comprendre ? Faisons simple. Prenons Negrissim’, Ra-syn, Big B-Zy, Koppo, S-Team. Ajoutons Roggy Stentor, Sultan Oshimihn,  Kund’Eyala, Joël Teek ou encore Valséro. Pour chacun, le premier album a été un retentissant succès. Le second n’est jamais sorti. Ou n’a jamais été à la hauteur des attentes. Le bon sens prescrit de s’arrêter et de s’interroger : que se passe t-il entre deux albums ? Quelle fatalité dissout subitement le génie des rappeurs qui décollent sous nos cieux ? Certains observateurs soulignent qu’ «il est facile d’arriver au top mais difficile de s’y maintenir». D’autres indiquent que le contexte d’émergence des rappeurs du bled est trop précaire pour soutenir longtemps le succès. Les deux arguments valent leur pesant d’or. Mais, nous pensons qu’il convient de les dépasser. Et chercher aussi dans la gestion de la période glorieuse, les ferments de la destruction de nombre de carrières prometteuses.


Bien que talentueux, nombre de rappeurs camerounais paraissent souvent surpris par le succès. Pas suffisamment avertis des dangers d’une popularité mal assumée, ils se laissent gagner par l’ivresse de la gloire. Sans plan de communication, ni chargés de communication, ils multiplient des déclarations tapageuses dans les studios radio et autres plateaux télé. Ils se font inviter à tous les spectacles et ne manquent aucun after-show, dans ces boites de nuits où whisky, « champy » et filles à usage unique abondent. Les cachets sont claqués ici avec l’imposante cour d’amis (plus des courtisans que des amis véritables). La gloire se gère en F –francs cfa, fiesta, frime, fringues, filles, folies-. La gloire se vit en foire. Plus de temps pour le renouvellement des chorégraphies, pour l’amélioration du flow, pour l’adoption de meilleures techniques d’écriture, pour le perfectionnement du style. Le temps passe. Et, sous le vertige des sollicitations, la nouvelle star oublie que le public n’est vraiment jamais un allié. Le public, une entité mutante capable de vous porter aux nues aujourd’hui et de vous jeter aux orties demain. Le public, une pute capricieuse toujours en quête d’émotions nouvelles. Ce public-là, bientôt, ne veut plus de la formule qu’il a plébiscitée hier. Il se tourne même vers une nouvelle idole. Plus sexy, plus virulente, plus originale ou banalement plus « récente ».


Il en est de la gloire comme du pouvoir : quand on y a gouté, on peine à les quitter. Piquée au vif, notre « ancienne » star (que le temps passe vite !) tente de revenir au devant de la scène, s’acharne à retrouver son lustre d’antan. Mais comment rééditer le succès quand on ne s’est véritablement pas préparé ? Equation complexe. A laquelle la vedette d’hier espère trouver solution soit en faisant un « copier-coller réchauffé » de son premier album, soit en migrant vers un style nouveau, extraordinairement étrange à la fois pour lui-même et pour son public. Fondant ses espoirs sur la force de son nom, elle plaque sur l’affiche promotionnelle « Nouvelle tuerie » ou « Nick B. is back ! ».  Peine perdue. Sous la rutilance du design de l’album, l’extravagance des tenues ou l’abondance de références, le public saura reconnaitre les mêmes lignes rythmiques, le même style, les mêmes rimes. Les nombreux featuring, les remix ou le vidéoclip bétonné de filles sexy n’y changeront rien. Un parfum de « déjà entendu » accompagnera partout l’album. Preuve patente et honteuse que, pendant la période de vaches grasses, notre « star » ne s’est pas donné le temps ou le moyen de travailler, de se bonifier ou de s’entourer de personnes compétentes et performantes.


Que faisiez-vous pendant l’été ?

Leave a Response