Sultan Oshimhin – Black Queen : Décryptage de l’album « Black Queen » de Sultan Oshimhin
Cinq années après la sortie de son premier album, Sultan Oshimhin, artiste chanteur camerounais revient sur le devant de la scène avec un nouveau produit musical intitulé « Black Queen ». Afin de mieux le faire découvrir au public, l’on se propose de revisiter entièrement ce produit sous un regard neutre en essayant de le décrypter dans le fond et la forme.
Ce qui frappe de prime abord après la lecture de la pochette arrière de l’album « Black Queen » est que malgré qu’il soit composé de 13 titres, l’on s’aperçoit qu’il n’y figure aucune collaboration. Mais déjà au niveau des compositeurs, c’est la crème de la crème. Shy FX, Djess Panebo, T BO, Babou Sla pour ne citer que ceux là. A la guitare, on retrouve Dubois Minka, à la Bass, Serge Maboma, à la percussion, Effila et au Keyboard, Ruben Binyam. La quasi-totalité de l’album ayant été mixé et mastérisé par Stéphane Akam. Avec un arsenal de musiciens et programmateurs de sons aussi talentueux, c’est déjà l’assurance d’un cocktail sonore de haut niveau qui pousserait plus d’un à vouloir sur le champ, déguster ce produit. Mais avant de commencer l’écoute, l’on fait un petit détour dans l’analyse de la pochette dans son ensemble.
L’examen du choix et du ton des couleurs utilisés sur l’ensemble de la pochette, laisse entrevoir la domination de la présence d’un mélange d’orangé, de jaune foncé et de noir recouverts par un filtre de dégradé. Sur la pochette avant, l’on remarque une photo portrait de l’artiste Sultan Oshimhin, auteur de l’album, vêtu d’un vêtement d’apparat arboré en général par des hauts gradés de l’armée ; sur lequel, au niveau de son cœur, est écrit le titre de l’album « Black Queen » avec une police d’écriture caractéristique de ce milieu. Plus haut, sur le côté gauche, est écrit son nom. Souriant et effectuant un salut militaire, Sultan Oshimihn sous des airs détendus, nous donne l’impression d’exprimer sa fierté envers ce produit mais aussi son respect envers tous. A l’arrière, dans un espace rectangulaire, l’on retrouve les titres contenus dans cet album et plus bas, l’ensemble des personnes ayant travaillé dans la production de cet œuvre, mais aussi les logos de l’ensemble des partenaires. A propos de ces logos, l’un se distingue particulièrement par sa taille et sa position. Ce dernier représente deux mains réunis par un léger croisement de doigts, surmontés par un losange, qui lui est circonscrit par un demi-cercle. On dénombre trois types de polices d’écritures utilisés sur l’ensemble de la pochette. Le hic relevé au terme de ce premier tour est que la pochette dans son ensemble, ne met véritablement pas en exergue le côté « Black Queen » porté par l’album. Néanmoins, cela ne nous empêche par à se lancer dans le vif du sujet qui est l’écoute des titres qui constituent cet album.
Pour marquer son retour, celui qui se considère comme le détenteur du feu verbal, reste fidèle à ses idéaux qui sont la dénonciation des maux qui minent la société. C’est un Roi et sur sa tête brille sa couronne, qui n’a pas n’a pas peur de pointer clairement du doit le « système » et « Babylone » qui pour lui, sont responsables de la décadence des mœurs. « C’est encore moi », premier titre de la playlist constitue une véritable attaque contre le tribalisme, les corrupteurs et les détourneurs de fonds pour qui, cette voix des sans voix appelle le feu purificateur pour débarrasser la société de tous ces maux. Sur lui, il n’y a pas d’explosifs mais beaucoup d’amertumes et se montre clairement déterminé à faire entendre la voix des ghettos sur qui reposent les clichés pas toujours légitimes liés au « Banga » ou à l’irresponsabilité notoire.
Le deuxième titre de cet album, porte le titre de l’album, à savoir « Black Queen ». C’est un véritable hymne à la femme vertueuse. Il l’aime, c’est sa black queen, son impératrice si pure et clean, celle qui ne se prête pas aux pratiques de Babylone. Sa black queen s’en fou du matériel, sait faire la cuisine, ne va pas dans les bars, respecte la tradition et comprend le modernisme. Elle est maternelle, à des valeurs morales et vit dans la crainte de Dieu. Ainsi, le titre black queen constitue un tremplin pour le titre suivant qui est un son dédicacé à sa mère et à toutes les mamans du monde. Celle qui s’est sacrifiée pour lui, l’a éduqué, l’a toujours soutenu, conseillé et à mis du positif dans sa vie. Il aime sa mère et le fait savoir à travers un son remplit d’émotions. « Sweat sweat sweat » et « Pum pum » sur des rythmes un peu plus rythmés, sont des titres qui resteront dans la continuité de la valorisation plurielle du genre féminin avec des approches différentes.
Sur les titres « Lotion girl » et « Sweat Love », contrairement aux autres titres adulant le genre féminin, Sultan Oshimhin fera un break pour dénoncer le comportement de ces filles qui se décapent la peau ou qui créent des divisions dans les relations d’amitiés ou dans les familles. Il valorise la femme qui ne dénature pas son épiderme remplit de mélanine et profite pour faire un clin d’œil à Naomi Campbell ; elle qui permet de montrer aux femmes qu’on peut rester belle et attirante avec une beau noire. Il tire une sonnette d’alarme sur les conséquences du décapage et met en garde sur les femmes semeuses de trouble dans les foyers.
« Wha’a gwaan », pourquoi tu paniques ? C’est juste Sultan Oshimhin qui enflamme les pistes de dance sur un rythme dancehall. Besoin de mettre un piment à ta journée, tu retrouves ce titre sur la cinquième piste de l’album. Il s’agit de détendre l’atmosphère car beaucoup de choses à dire en perspectives.
En effet, que ce soit sur « 360° de réflexion », « Look dem », « From long time » ou sur le titre « Quand on suffer », Sultan Oshimihn, demande aux Africains de remettre en question leurs systèmes et faire des propositions. Il nous demande d’éviter de copier bêtement tout ce qui vient d’ailleurs. A ce propos, ce continent en perte de repères, composés d’une population de plus en plus acculturée, doit faire sa propre évolution. Cette population dont les revendications ne sont jamais prises en considération, est composée de diplômés sans emplois, d’honnêtes citoyens innocemment mis en prison, mais qui sont sollicités lors des élections. Il vous invite à regarder comment ces politiques sont effrayés quand il s’agit d’ouvrir la bouche pour dénoncer et ouvrir les yeux des populations. Ce combat qui a débuté depuis de longues dates maintenant, représente pour Sultan Oshimihn, une mission sans limites ; et pour atteindre ses objectifs, il compte sur ses jeunes soldats du ghetto.
Sultan Oshimihn qui reste fidèle à lui-même, nous présente via l’album « Black Queen » la continuité de sa lutte pour l’adoption de comportements sains et responsables au sein de la société. Black Queen, c’est une main tendue aux politiciens, afin que ceux-ci puissent prêter une oreille un peu plus attentives aux besoins des populations. Mais, « Black Queen », c’est avant tout, un hommage bien mérité à la femme. La femme noire et fière de l’être, la femme conseillère et protectrice, la femme, mère de l’humanité ; mais aussi cette femme qui n’est pas parfaite mais sur qui repose la base de la famille, donc qui a le devoir d’être responsable et disciplinée. L’album « Black Queen » est un chef d’œuvre musical bilingue (paroles en français et en anglais) qui maintien l’auditeur en émoi et démontre avec fierté le talent des artistes camerounais et africains.