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mercredi, avril 24, 2024
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tony : Lettre Ouverte d’un jeune artiste à Tony Nobody

Je t’écris ces mots avec toute la considération et tout le respect qu’un jeune comme moi doit à ta personne. Cette lettre est aussi ouverte que mon cœur et mon ventre, afin de te louer pour beaucoup de tes prouesses et te plaindre pour beaucoup de tes faiblesses.


Nul n’est sans ignorer Tony, que tu as été pendant cette décennie, le plus important des agents ayant  révolutionné le rap au Cameroun, ce qui t’as poussé à sacrifier même ta carrière de rappeur pour te consacrer entièrement non pas seulement à celui de communicateur, mais aussi à celui de promoteur du mouvement hip hop au Cameroun.


L’émission Mboa est devenu la vitrine du rap au Cameroun, sans elle combien de talents seraient ils restés enfermés, combien de projets seraient ils restés dans l’ombre ? C’est pour cette raison que pendant le début de cette décennie, le rap au Cameroun n’a enregistré rien d’important, et aujourd’hui on ne retient presque rien de ce passé obscur. Mais depuis ces 5 dernières années, force est de constater que le rap au Cameroun commence peu à peu à entrer dans l’histoire. Le classement des hits et des meilleurs vidéogrammes à chacune de tes émissions, ont fait naitre tant chez les producteurs que les rappeurs, une émulation qui a fait multiplier le niveau des musiques et des vidéogrammes de nos artistes par 5. Comme à « tout seigneur tout honneur », Mboa a étendu son champ d’action en devenant une cérémonie de récompense, dans plusieurs catégories. Le Mboa come test, a rassemblé les jeunes sous un même slogan, a fait naitre des talents dans toutes les branches du hip hop. Cette initiative qui jouait à la fois le rôle de compétition et de spectacle, nous a redonné le gout du show que « ça me dit rap » et Hans Mbong nous ont privé depuis longtemps. A force de le faire, les jeunes commencent à être de connivence avec le rap, à en faire une habitude, ce qui doit concourir sans doute à la culture. Même ceux qui n’aimaient pas le rap trouvent de l’appétit à force d’y gouter un peu. Mc Tyer disait : « je baiserais la France jusqu’à ce qu’elle m’aime », cette phrase est grossière mais vraie.


C’est bien après avoir lutté pendant des années, que tu as voulu renoué avec tes premiers amours, en sortant un album qui a été l’aboutissement de réel travail de pro, mais paradoxalement à un prix défiant toute concurrence. Cet album aussi je le considère non comme un coup d’essai mais comme un coup de maitre, une leçon pour ceux qui ont longtemps pensé bien faire. Cet album mérite réellement, LOVE PEACE and RESPECT, mais je ne retiendrais que ces deux dernières parties, laissant la première aux « mélomanes ».


A ce stade où se trouve le rap au Cameroun, Mboa est devenu si important qu’on pense que n’est vraiment artiste que celui qui passe sur cette émission, c’est pourquoi beaucoup sont prêts à payer le prix fort, et ceux qui ne peuvent pas, BASTA !
Je suis un jeune artiste hip hop au Cameroun, mais si talentueux que je peux croire l’être, je suis inconnu du grand public, puisque je ne suis jamais passé sur Mboa. C’est depuis 5 ans que je regarde d’un œil étudiant ce mouvement, et je me demande Tony, sur quelles bases certains se complaisent à fêter les 20 ans du « rap camerounais ». Que Krotal fête ses 21 ans de scène, que Ak Sang Grave fasse de même, qu’untel fête ses 10 ans, chacun est libre, mais dès que ça concerne un tout, une collectivité c’est autre chose. Un rap sans scène, sans maisons de productions, sans diffusion, sans idéologie, sans marchés, sans cérémonies de récompense, comment peut on dire qu’il vit. A entendre Kery James : « ça fait bientôt 20 ans que mon rap dure », on peut donc conclure qu’on a le même âge que le rap français ! Et comment expliquer cet écart criard et ces longues années de différence ?
20 ans, mais on n’arrive pas encore à nous tenir sur nos deux pieds, on balbutie encore, devant ce triste tableau, on est tous d’accord Tony, qu’il y’a encore trop de choses à apprendre, et ce n’est ni Petit Pays, ni Eboa Lotin, ni Njorheur qui vont nous l’apprendre, en ce qui concerne le rap ce sont des profanes, la solution se trouve ailleurs.


Mais avant d’aller ailleurs, on doit se regarder, et on verra que le problème n’est pas seulement moi, ni nous, mais aussi toi Tony, vous. Mais comment on doit s’en sortir quand des gens engagés comme moi, et comme des centaines de jeunes ayant le même engagement, dans toutes les cités ne sont pas détectés, par les « détecteurs de talents », et les « promoteurs » ? Comment ceci sera possible quand à chaque concert, on ne fait que la découverte des « déjà vus » ? Comment c’est possible de nous voir si vos caméras et vos micros sont tous concentrés à Douala et Yaoundé ? Comment un jeune de Bangangté, de MBouda ou de Kousseri pourra-t-il se procurer de l’album de Tony ou d’un Alberto les clés ?


Vous ne venez pas vers nous, et vous ne laissez aucune voie pour qu’on vienne vers vous. Le cercle est si fermé que je m’alignerais derrière la pensée de Nick B selon laquelle : « le rap camerounais est une secte qui s’ignore », puisque vous le savez dès lors, dites nous ce que vous vous dites là dedans, dites nous ce que vous programmez pour le rap au Cameroun ne soit plus le rap de Douala ou le Rap de Yaoundé ? Dites nous quand on va gagner les Koras et les MAMA, dites nous quand ce ne sera plus les gabonais, les nigérians, les sud africains, mais le Cameroun ?
Après Nick b, c’est derrière la pensée du « vieux sage », que je vais m’aligner pour affirmer que : « le rap au Cameroun est médiocre », je vois et j’écoute ceux que vous passez sur vos ondes à la télé comme à la radio, même si le niveau du son ou de l’image est là, je déplore le niveau des lyrics. Si le rap n’avance pas, c’est qu’il existe trop de maillons faibles qui sont les premiers à bénéficier de la promotion, pendant que les compétents sont jetés dans l’oubli.


L’heure est venu Tony, de révolutionner le rap au Cameroun, un rap apte à faire face  au marché international, plus un rap fait par les camerounais, qui finit par être un rap pour les camerounais. Ceci ne sera possible que par l’éducation et la formation, sous toutes ses formes, la formation au métier de rappeur, l’organisation des panels, des colloques, où la parole ne sera donné qu’à qui de droit, et non aux marchands d’idées.
La tâche t’est de plus en plus lourde Tony, toi parce que tu es un centre de décision, et il ne faut pas baisser la garde et jeter l’éponge comme nos grands frères qu’on prenait pour modèles, mais qu’au fil du temps on a constaté qu’ils n’avaient pas les valeurs semblaient incarner.


Je t’écris Tony, pour moi et au nom des centaines de jeunes enfouis dans l’ombre, qui ont sortis des disques et écrits des textes et ont eu pour auditeur qu’eux mêmes, c’est au nom de tous ces jeunes en marge des « spots lights » que je fais saigner cette plume.


Je te prie Tony, de ne pas te fier aux points d’interrogations qui apparaissent dans cette lettre ce ne sont que des interrogations rhétorique, cette lettre ne demande aucune réponse autre si fermée et discrète soit’ elle si ce n’est des actions observables. Ce sont ces jeunes qui répondent haut et fort NOBODY, à chaque fois que tu demandes qui est ce qui fait le chaud. Ils te demandent maintenant par cette lettre de répondre aussi avec cette véhémence. Peut être qu’une récompense dans toutes les catégories pour les juniors du milieu hip hop pourra leur redonner encore un peu de voix et de force pour t’applaudir, et te pousser toujours très haut.
Chaque fois que je parle de toi Tony, je parle du rap au Cameroun.
Cordialement
                                                                                                                 

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