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samedi, octobre 5, 2024
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Douala-Yaoundé : Vérités sur le fameux « axe Douala-Yaoundé »

La pseudo légitimation de l’ « axe Douala-Yaoundé »
Ce paradigme stipule par la voix de ses partisans ou alors de ses suivistes inconscients, qu’on ne devrait tenir pour bon et de bien que ce qui sort de la cité de Douala ou celle de Yaoundé. Et que hors de cet axe, il n’existe qu’amateurisme et médiocrité. De ce fait, tous les « outsiders » devraient prendre le train, le bus, ou user de tous les moyens qu’ils ont à leur disposition pour venir à l’école de l’une de ces deux parties du binôme ou du tandem du hip hop au Cameroun. Parce qu’ils sont et eux seuls sont capables de dire avec certitude si tel ou tel produit mérite qu’on y porte l’attention. Ils se posent même en des maitres dans l’art de faire et de défaire les carrières des artistes. De ce paradigme, ressort des manifestations pas très avantageuses pour la suite de l’histoire du hip Hop au Cameroun.


Le centralisme
Si l’on peut admettre avec beaucoup de retenu que c’est dans ces deux villes à savoir Douala et Yaoundé que le Hip Hop a vu le jour au Cameroun, est’ il est justifié et justifiable de tout définir en matière de Hip Hop par rapport à ces deux « axes », faut’ il tout y ramener ? Cette question ne devrait même pas se poser, et ne se pose même pas. Car le fait est là, aussi regrettable soit’ il et on peut en faire la constatation. Depuis ces 10 dernières années, le Hip Hop au Cameroun est plutôt le Hip Hop de Douala et de Yaoundé. Quand les organisateurs de spectacles programment un artiste en concert au Cameroun, ils prévoient une ou deux dates. S’il ya une date, c’est soit dans l’une ou l’autre de ces deux villes. S’il y a deux dates, alors sans chercher de midi à 14 heures c’est dans ces deux villes citées ci-dessus. De même les artistes qui sont sélectionnés pour la première partie et par des critères que nous connaissons tous, ne sortent que de cet « axe ». Ceux qui ont les moyens d’installer leur maison de production ne réfléchissent même pas pour la localisation de leurs structures. Et même, on a assisté à l’exode de plusieurs artistes et à la délocalisation de plusieurs maisons de productions, en direction de ces deux villes. Mais on a constaté avec amertume que les porteurs de ces projets sont tous bloqués depuis lors dans les embouteillages des métropoles et n’arrivent plus à avancer.
Pour déplacer l’une des caméras de ces présentateurs d’émission pour telle ou telle localité située dans le septentrion ou dans l’arrière pays, il faut payer le prix fort. Conclusion, ceux qui veulent passer à l’une de ces émissions se déplacent eux-mêmes pour les trouver sur place, installés royalement dans leurs laboratoires. La prétendue sagesse populaire ne dit’ on pas que c’est le malade qui cherche le médecin ? Dans l’un des commentaires à mon article «  lettre ouverte d’un jeune artiste à Tony Nobody » publié sur Kamerhiphop.com, un internaute affirme avec véhémence que « la champions league du Hip hop se joue à Douala et à Yaoundé ». Il ajoute là sans le vouloir de l’eau à mon moulin, et justifie ma thèse sur le centralisme et la fausse justification de l’existence de l’ « axe Douala-Yaoundé ». C’est D.L.A- Y.D.E ou rien tantôt on les associe, tantôt on les oppose. Et les autres sont mis au banc, en marge, ils sont hors compétition, et ne sont même pas membres du jury, on veut faire d’eux non des acteurs, mais des applaudisseurs et les spectateurs.
Ceux qui justifient cette thèse ne comprennent pas une chose c’est que si tous les évènements, toutes les compétitions et les victoires du hip hop y sont organisées et toujours remportées, ce n’est pas parce que Douala ou Yaoundé sont compétents et regorgent des terres fertiles, c’est au contraire parce que tous ces évènements y sont organisés sans cesse qu’à la longue ces deux villes deviennent compétentes, et aptes à en accueillir d’autres évènements. La vérité c’est que le même résultat serait obtenu si les mêmes causes s’étaient produites à Bafoussam ou à Bertoua.
(C’est cette fausse idée, de prendre Yaoundé pour le cœur du Cameroun qui a conduit l’artiste Ayriq Akam à se perdre dans un sujet qu’il a lui-même choisi.  Et malgré tout ce qu’on a pu dire à propos il se contente de se fier aux faux éloges que tout le monde lui fait qu’à une vraie critique qu’une seule personne lui a fait.)


Le tribalisme
La construction, la justification et le renforcement de ce paradigme « axe Douala Yaoundé », est un tribalisme qui ne veut pas dire son nom, mais qui fini par dévoiler au fil du temps les intentions qui s’y cache.
Pour ceux qui veulent les preuves elles sont là, même un « aveugle » n’aurait pas du mal à les voir. Lorsque les pionniers du : « hip makossa » ou encore « hip bikutsi » ont mis leurs mouvements sur pied, c’était sans tenir compte qu’en dehors de ces rythmes musicaux (qu’ils veulent d’une manière artificielle greffer au Hip Hop), qu’il existe dans toutes les tribus du pays des rythmes qui leurs sont propres et que chaque rappeur pourrait utiliser à des fins personnelles. La régionalisation du hip hop ne peut en aucun cas le rendre universel. Sans doute le Makossa est le rythme musical le plus en vue à Douala, de même pour le Bikutsi à Yaoundé, voilà qui justifie ma thèse.
Les initiateurs de ces deux mouvements à savoir le « hip makossa » et le « hip bikutsi », ont voulu par le fait même l’imposer aux autres, c’est de cette manière qu’ils ont voulu qu’on conçoive le Hip Hop au Cameroun, sur des béquilles ethniques et tribales. Comment un rappeur de l’Ouest ancré dans sa culture peut’ il laisser les rythmes de chez lui pour servir celle des autres. L’échange des valeurs culturelles aurait été même formidable pour la cohésion nationale. Mais il y’a un problème d’égo, certains se jugent plus brillants que d’autres, parce qu’ils sont issus de telle ou telle culture, et que les autres devraient venir chez eux apprendre et non le contraire.
C’est peut être dans un projet de déconstruction de cette idée mortifère que certains ont voulu lancer la tendance « rap magabeu », mais il a aussi été très mal pensé, car ce n’est rien d’autre que de répondre à la bêtise par la bêtise. Si tous les artistes issus de toutes les tribus du Cameroun voulaient se lancer dans cette course il y’aurait plus de styles musicaux que d’artistes et de tribus. Et chacun avec son style propre à sa région se réclamerait toute la légitimité, et le leadership. Cette attitude sectariste et tribaliste, nous ramène à un vieux problème philosophique, celui de la valeur des cultures.
Pour justifier une fois de plus ma thèse, je présente ici une de mes causeries avec un présentateur de l’une des émissions phares de hip hop au Mboa, lors du 10e  anniversaire de Kamer Hip Hop. Je lui parlais alors d’un spectacle qu’un de mes confrères organisait à l’Ouest, et je voulais savoir comment est ce qu’on pouvait aussi bénéficier de leurs services. Il m’a répondu qu’il était impossible que son boss descende là bas, et que même si on voulait que ce soit plutôt lui qui vienne à ce spectacle, on aurait des difficultés à le payer. Et dit’ il : « je connais la mentalité des gens de là bas ». Que des préjugés, peut être il parle là en connaissance de cause parce qu’il vient de là, mais ce qui y ressort se cache derrière ce petit mot : le paternalisme.


Le paternalisme
Le paternalisme se justifie ici dans la mesure où, les dignitaires de l’ « axe Douala-Yaoundé », ont des velléités impérialistes. Ils veulent par tous les moyens imposer leurs points de vue ou leur vision des choses à tout le territoire national. Que les autres devraient accepter sans discuter et s’y plier parce que ça vient d’ « en haut ».
Il suffit qu’un évènement se produise dans ces deux localités pour qu’on généralise à outrance en affirmant que des absurdités telles : c’est le plus grand DJ du Cameroun, c’est le plus grand beat maker du Mboa, c’est le premier spectacle live en plein air organisé au Cameroun,  c’est le plus jeune… parce qu’ils ont implémenté ça dans leur inconscient collectif. Que c’est eux qui tiennent et détiennent les cartes du show bizz, c’est eux les maitres du jeu, c’est eux qui tirent les ficelles et les autres dansent. C’est d’eux que toute chose doit commencer et c’est chez eux que tout doit concourir. Dans ce cercle infernal du show bizz au Cameroun, les tenants de cette tendance paternaliste ne veulent qu’une seule chose que « tous les chemins mènent à Douala et Yaoundé ».
Mais une question se pose dès lors, est ce la voie à suivre pour relever le Hip Hop au Cameroun ?


                « Il paraît que tu es le chef, mais tu es le chef de ton village » Ivee

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