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mardi, avril 23, 2024
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krotal : VOICI L’ALBUM QU’ON ATTENDAIT !

Voici 7 ans, jour pour jour que nous attendons le nouveau bébé de Krotal. Nous l’avons si attendu que nous avons fini par perdre l’envie d’attendre. Ne dit ‘on pas que la patience a ses limites que le temps ignore ? cette  « absence », (si absence il y’a bien eu) a fait tellement de buzz que les détracteurs de Krotal s’amusaient même déjà à proclamer la mort de cet album, à danser même sur sa tombe, tout en chantant béatement en vieux classique : on attend l’enfant, l’enfant ne vient pas. Mais comme Krotal l’a dit, comme le phénix il renait des dizaines de fois plus fort. Et après des années de dur labeur, nous offre un produit près à être consommé. L’artiste pense que cette venue était nécessaire pour l‘avenir du hip hop au Cameroun, il vient donc mettre l’ordre, dans l’atmosphère incohérente et le désordre criard où baignait depuis lors de rap au Mboa. Alors que la nouvelle génération de ce mouvement au Mboa se plait et se complait dans le freestyle et l’égotripe, Krotal l’un des plus grands précurseurs de ce mouvement au Cameroun, ramène le rap à sa source. A la définition originelle et  la conception que lui avaient donnée les tous premiers rappeurs dans les ghettos de New York.


C’est 7 ans d’absence d’un album, mais pas celui de l’artiste. Car on a passé le temps à voir et à entendre Krotal sur des musiques agréables  et sur les podiums des plus grands spectacles d’Afrique. On l’a vu à la production de plusieurs artistes du mouvement hip hop au Mboa. On l’a même vu être nommé aux différentes cérémonies de récompenses, participer dans les compiles. L’autre jour on l’a même vu gagner des trophées. C’est dire que Krotal a été toujours là et attendait le moment idoine pour mettre cet album sur le marché.


Si la vie est donc un film, ou un théâtre comme l’avait si bien mis en image Shakespeare, alors Krotal cherche à nous conduire dans notre existence, par cet album qu’il considère comme la Bande Originale de nos vies.
Ses collaborations sont à la hauteur du projet que l’artiste veut réaliser par cet album. Les thèmes y abordés sont aussi assez grands, mais il nous a prouvé qu’il avait assez d’éléments et de forces pour les traiter avec aisance et  cohérence.  On aurait dû s’attendre à ça, à un album de cette envergure,  parce qu’à chaque séisme, existe toujours des signes précurseurs. Et ces signes ici, étaient les titres annonciateurs de cet album : un nouveau jour se lève, tara, élus du peuple… pour ne citer que ceux-là. Par-là l’artiste nous avait déjà donné un avant-gout de ce qu’il allait nous offrir.
Non, contrairement à ce que ‘on pense, cet album n’est pas venu très tard. Il est même venu à point nommé, dans un pays où l’envie de vivre et le vivre ensemble ont disparu, dans un pays qui ne donne plus l’envie d’espérer, ni aux jeunes, aux artistes, ni même aux fonctionnaires… cet album vient à point nommé dans une Afrique meurtrie par tous genres de maux. Ici l’artiste n’oublie pas le rôle qui est le sien, celui de dénoncer ces maux, et de susciter l‘espoir chez les jeunes africains qui se battent pour s’en sortir, qui sont fier d’eux-mêmes et qui ne rejettent pas leurs racines. Non cet album n’est pas venu très tard, parce que l’étudiant africain (celui sur qui l’artiste compte pour relever le défi) est toujours dans l’incertitude et la précarité que lui promettent les amphithéâtres, le politique est toujours en train de se servir au lieu de se dévouer à servir le peuple qui l’a élu. Cet album n’est pas venu très tard car le Cameroun est toujours en train d’oublier ses enfants, même ceux-là qui se sont battu pour son indépendance.


Mais de quelle indépendance s’agit ’il ? bien sûr cette indépendance teintée de corruption, dévaluation, pauvreté, endettement, via les canaux du néo colonialisme. Devant ce triste tableau non exhaustif, l’artiste crie sa haine. Mais selon le sacré vœu de Victor Hugo, il prophétise et pense à un nouveau jour plus glorieux et heureux pour l’Afrique. Une nouvelle ère, ce jour où on va enfin récupérer notre fameux âge d’or perdu.  Pour l’Afrique donc, il est temps de briller à nouveau, de construire de nouvelles pyramides, cultiver de nouvelles terres qui vont faire naitre les nouveaux Cheik Anta Diop et les nouveaux Lumumba. Comme son poto Dar X, Krotal rêve aussi d’une nouvelle « génération Mandela ».


Les monuments historiques et symboliques de la ville de Yaoundé qui sont esthétiquement présentés sur la pochette de cet album, montrent à quel point l’artiste fait corps avec son milieu d’origine, ses racines et sa culture C’est toujours une joie d’entendre comment l’artiste use aisément des langues étrangères que des langues locales. Les titres comme La Bas, ou un nouveau jour se lève en disent long. Malgré le fait qu’il est convaincu que l’avenue Kennedy ne sera jamais Times Square, l’artiste vise quand même et toujours l’universalité par l’originalité de ses sonorités.
L’appel à la conscience lancé par l’artiste n’est pas seulement à l’endroit des élus du peuple, mais aussi à l’endroit et à l’attention de tous les jeunes. Qui croisent les bras et attendent que leur vie change par un coup du heureux hasard. Krotal demande de positiver, de vivre sa vie, de la faire sienne aussi compliquée soit ’elle. Chaque jour il faut se battre, non pour accumuler les défaites mais pour gagner. Parce que si on ne le fait pas, il n’y aura pas raison de se plaindre, parce que ça ne peut qu’aller ainsi : mal. Ces jeunes déracinés et acculturés, rêvant jour et nuit de l’occident. Le fantasme c’est partir à tout prix surtout par tous les moyens. Ils veulent s’évader du système au lieu de le changer. Comme si fuir un problème c’était le résoudre.
L’artiste sait très bien que les jeunes sont très sous-informés, il vient donc réveiller nos consciences historiques. Et nous donne ainsi des armes adéquates pour relever les nouveaux défis et enjeux du millénaire. Mais l’artiste dans le choix des armes, a fait le bon choix, il a opté pour cette arme qui évite la tôle, la mort, ou les dégâts, son arme c’est le stylo, son micro et ses balafons si soigneusement mis en musique. Il nous fait voir plus clair sur les jeux maléfiques et macabres des politiques, qui nous jettent la poudre aux yeux, qui brillent par leurs promesses non tenues, et le pire c’est que c’est depuis longtemps que ça dure et on fait semblant de ne pas le voir.
Oui cet album n’est pas venu très tard, on l’attendait avec appétit, et je pense sans risque de me tromper qu’à la fin de l’écoute de cet album, la faim est assouvie et la soif étanchée. Un album qui certainement touche tous les publics, du Camerounais le plus désœuvré à l’africain le plus haut gradé, un produit si bien fait, à un prix à toutes les bourses. L’artiste lui aussi l’a compris. 1000 fcfa doit être le prix unique d’un album rap au Cameroun.


Mais comme Krotal l’a dit dans un nouveau jour se lève : « si le rap était une femme on aurait des triplés » comme il est au masculin, est-ce à dire qu’on ne pourra jamais rien produire, ni rien enfanter ?, ou alors serons nous obligé d’être des pédés, forcé à lui défoncer le derrière pour espérer avoir quelque chose ? À la question de Layone de savoir pourquoi le rap au Cameroun n’est pas crédité ailleurs, sous d’autres cieux. Krotal n’apporte pas une réponse satisfaisante et convaincante, parce que 21 ans après comme ils le disent, c’est zéro trophée remporté à l’extérieur, c’est zéro invitation à des concerts étrangers pour plus de 5 rappeurs au Cameroun, c’est zéro featuring avec des artistes étrangers pour plus de 3 rappeurs au Cameroun, c’est zéro diffusion sur les chaines étrangères pour plus de 5 rappeurs au Cameroun. 21 ans, et on n’arrive pas encore à se tenir debout. On balbutie encore, on marche à quatre pattes… comme le dit Kery James : « ça fait bientôt 20 ans que mon rap dure, brise les murs, fracture les portes et les fémurs », est-ce à dire que le rap au Cameroun a le même âge qu’en France ? Si oui, qu’est ce qui explique cet écart criard et incommensurable ? Comment viser l’extérieur tout en restant soi-même ? Là est la véritable question à laquelle on n’a pas encore apporté des solutions réelles.
Cependant une question reste en suspens, et seul Krotal est apte à nous répondre là-dessus. Cet album est-ce vraiment celui qu’on attendait ou doit ’on encore en attendre autre ?


« Il faut de tout pour faire un rap, le but étant de rester authentique ». Youssoupha


 

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