HIP-MAKOSSA : Désolé : Le HIP-MAKOSSA n’a rien gagné !
Je pense que l’une des choses qui fait reculer l’évolution du hip hop au Cameroun, c’est l’absence de débats et de compétitions autour des œuvres et des idées artistiques. C’est la raison pour laquelle je pense qu’on doit faire renaitre et revivre le vieux débat, celui-là même qui a fait naitre et fait vivre le Hip-Makossa.
Les tenants de ce mouvement affirment que le hip-makossa nait de l’idée selon laquelle, les rappeurs devraient rester fidèle à leur culture, leurs traditions et à leurs us et coutumes en pratiquant leur art. Qu’il ne fallait pas juste crier que je m’appelle RA-SYN ou NEGRISSIM, ou que je chante « vers-rouge-jaune dans le noir », « le bled est dans le ndem », ou encore, « ne me parlez plus du Cameroun », pour qu’on sache que c’est un flow ou un rap qui vient de chez nous, mais qu’il fallait et qu’il faut greffer le hip hop aux autres styles traditionnels propre à nous. Voilà ce qui fait naitre le « hip-makossa », « le hip-bikutsi », et le « rap-magabeu ». Tout ceci pour montrer aux yeux du monde que nous aussi nous avons un rap propre à nous, nous sommes originaux et authentiques. Que nous aussi nous pouvons faire des choses par nous-mêmes.
Depuis une décennie que ces gars pratiquent leur art (le hip-makossa), et la manière avec laquelle ils le pratiquent, on se demande bien si c’est vraiment au nom de nos cultures et traditions qu’ils font tout ça. C’est de l’ambiance, les bouteilles de champagnes, cigares, les filles qui se trémoussent, c’est des clips dans de boites de nuits,… que des images qui choquent la jeunesse et nous éloignent de plus en plus de nos traditions au même moment où nous croyons nous y rapprocher.
L’un des pionniers du makossa au Cameroun, resté fidèle au makossa des années 70, chantait un de ses jours : « makossa phénix ». Où il regrettait la vieille et belle époque du makossa en tant que tel et de tous ses pionniers, souhaitant que le makossa puisse renaitre de ses cendres, justement parce que selon lui, et selon ceux qui savent, le makossa est mort.
Mais les gars du hip-makossa n’ont rien compris, ils se plaisent à répéter les refrains des gars qui ont tué le makossa, au lieu de créer leurs propres refrains, ils copient leurs musiques au lieu de les composer eux-mêmes. C’est dire que le hip-makossa, a confondu d’époque de références et de modèles. Ce n’est pas le makossa d’aujourd’hui qui doit les inspirer. C’est la raison pour laquelle ce mouvement n’avance pas depuis une décennie.
Ils prennent pour exemple AWADI du Sénégal. Mais ils commettent là une erreur monumentale et fatale. Le problème c’est que c’est le style qu’AWADI a choisi faire depuis ses débuts ce qui le légitime un peu, ensuite Awadi, est incontournable dans le domaine rap en Afrique, c’est un rappeur au sens premier du terme, un moyen d’expression publique des problèmes de la société. Awadi est une personne ressource au Sénégal. C’est un inquiéteur, un empêcheur de tourner en rond. Son rap fait penser, il ne fait pas danser. Quand Awadi chante les politiques tremblent et les jeunes réveillent leur conscience. Awadi instruit par sa musique.et comme les vrais sont toujours récompensés, Awadi n’arrive plus à compter le nombre de fois où il a été nommé et le nombre de prix qu’il a déjà remporté. Le nombre de pays où sa musique est écoutée et où il s’est produit.
Or le hip-makossa, rien que sur le territoire camerounais n’a jamais rien gagné. Même l’un de ses fils les plus « fidèle », quand il a été finaliste aux prix RFI découverte, c’était avec une musique engagée et purement rap, avec une petite teinture rasta. Une musique revendicatrice, qui parle et qui éduque : « on est jeunes, et on ne doit pas entrer dans ce jeu ». voilà ce qu’avec un style « hip-makossa » on ne peut pas arriver à dire. Pourquoi ne pas aller en compétition avec une musique hip-makossa ! Ils ont vu le mal venir de loin.
Que ce soit dans les hits radio, télé, les prix dans n’importe quelle catégorie, en rappelant qu’on a même crée toute une catégorie pour faire gagner le hip-makossa (album fusion) mais jamais, les gars n’ont jamais rien gagné. Parce que les gars ne produisent d’abord pas assez, mais ce peu de temps, la facilité, la rapidité et la facticité avec laquelle les gars produisent « leurs chansons », ne leur permet pas de gagner quoi que ce soit.
Dans les pays avancé, et pour les grandes personnes, quant au bout d’un moment, on n’a rien gagné ou rien remporté dans le domaine qu’on fait, où l’on prétend être spécialiste, on jette l’éponge, on abandonne, bref on démissionne. C’est ce que devrait faire les gars du hip-makossa. Kery James se demandait : « où est donc l’essence de notre musique », je lui répondrais qu’elle a été diluée dans les autres musiques, et que chez nous les rappeurs ne lâchent pas le hip hop pour la tektonic mais pour la frime et le fric via le makossa et le bikutsi.
Le rap au Cameroun restera statu quo et ne gagnera jamais rien, si on se re-pense pas le hip-makossa, si on ne s’en débarrasse pas au plus tôt. C’est ce qu’ils auraient dû faire il y’a 20 ans, qu’ils viennent faire aujourd’hui. Eux-mêmes ils le confirment qu’ils ont commencé par la fin. Mais pourquoi nous ramener 20 ans en arrière quand on veut avancer et lutter avec les autres qui ont déjà pris 10 ans d’avance sur nous ? C’à quoi nous aspirons est plus devant nous que derrière nous aujourd’hui.
Le hip-makossa n’a rien gagné et ils le savent, c’est pour cela qu’ils n’ont pas encore copi-collé ce fameux refrain de : « on a gagné, on a gagné, on a gagné ho ho ». Parce qu’ils savent qu’ils ne le méritent pas. Au moins pour une fois ils ont fait preuve de véracité. On dit souvent qu’on ne change pas l’équipe qui gagne, ça veut dire qu’il faut changer l’équipe qui perd. Le hip-makossa n’a pas perdu, mais n’a jamais rien gagné, c’est pour cela qu’il faut changer un peu. Même la thune et la célébrité qu’ils cherchaient, ils n’ont rien eu !
Et dans ce combat, les médias doivent jouer un grand rôle, ne proposer aux yeux et aux oreilles du public, affamé de la bonne musique, que des recettes qui plaisent. Le hip-makossa nous fait penser à un mélange local de « vin blanc » et occidental de « vin rouge », qu’est-ce que ça donne ? Que de la merde !
« Tu veux du rap sans opinion, sans prise de position ? Moi je fais du vrai pe-ra » Kéry James