Anofel : Ça fait mal ! Mais c’est doux quand même
Le milieu hip hop au Cameroun est en train de prendre de l’ampleur. Oui désormais nous pouvons parler de hip hop au Cameroun, parce que nous avons des acteurs dans toutes les branches de cette culture. Nous avons des rappeurs, des danseurs, des taggeurs, mais aussi des acteurs qui opèrent dans la mode ou le street wear.
Les premiers rappeurs ont été fascinés par la mode étrangère de la tête au pied des grandes marques comme Roca wear, Sean John, les 501, FUBU, Stand Smith, pour ne citer que celles-là. Aujourd’hui on n’en est pas encore à la fin de cette fascination, de la mode venue d’ailleurs. Les jeunes dépensent des dizaines de milliers de nos francs pour s’habiller en YMCMB, en SWAGG, en UNKUT, ou autres.
C’est dans le sillage d’originalité, et de consommer ce qu’on produit, et de produire ce qu’on consomme, que certains jeunes pleins de talent et d’imagination ont mis sur pied des structures, pour habiller la culture hip hop en Afrique, en particulier au Cameroun. C’est vrai que le tissu vient d’ailleurs, la peinture, les outils, mais une fois ici, on les marque de nos empreintes, on les personnalise, on les rend à notre image, selon nos besoins, nos réalités et notre propre vision du monde.
A l’instar de ces jeunes au Mboa, qui opèrent dans ce domaine de la culture hip hop, nous pouvons citer ANOFEL. Il a su lancer dès ses débuts des concepts propres à nous comme : « A beg, no pity in bizness » ou encore « ça donne le palu », et aujourd’hui « c’est du sang kamer qui coule dans mes veines », ce sont ces écriteaux originaux que nous pouvons voir marquer au-devant des polos ANOFEL. Dans une de ses interviews sur le portail kamerhiphop.com, il définissait ainsi sa marque : « Anofel c’est avant tout un état d’esprit, une marque de caractère, une inspiration artistique puisée au travers des traditions africaines, des valeurs universelles et d’une histoire des personnes qui ont marqué le monde par leur idéologie ». que dire de plus pour décrire son originalité et sa particularité artistique.
Inspiré des grands noms de la mode vestimentaire, comme DIA, Yves promoteur de la sacré marque ANOFEL, a déjà envahi quasiment le marché street wear au Camer en l’espace de 4 ans seulement. Le gars aime ce qu’il fait, sa passion est devenue pour lui un métier et il a su transformer son métier en passion. Mais il n’a pas voulu entrer dans le milieu comme un cheveu dans la soupe. Il n’est pas en guerre avec les autres structures en place, car dit ’il : « nous sommes tous dans le même combat, afin de relever le streetwearing kamer ».
Ils nous prouvent là comme le clament certains, qu’on peut s’en sortir en restant au pays. Que les jeunes peuvent faire des choses par eux mêmes, au lieu de passer le temps à flâner, à sillonner les rues des quartiers à longueur de journée, errant et développant toutes sortes d’astuces juste pour avoir et boire une bière. Ils nous prouvent que sans s’apitoyer sur son sort, en accusant chaque fois les ainés et l’Etat des malheurs qui nous accablent, se lever, prendre des initiatives, oser et créer et servir à quelques chose.
Ils sont l’exemple qui justifie l’affirmation de Sultan Oshimin selon laquelle : « le hip hop camerounais peut générer des emplois ». C’est des jeunes qui s’emploient eux-mêmes, et sont en passe de devenir des grandes sociétés qui pourront sauver plusieurs jeunes de l’oisiveté.
C’est des jeunes qui ont eu confiance en eux-mêmes, ils ont cru en leur rêve que d’autres qualifiaient de folie. Ils ont commencé par bricoler des choses pour eux et leurs potes, aujourd’hui ils ne peuvent plus compter le nombre de personnes de groupes de personnes qui ont déjà bénéficié de leurs loyaux et beaux services. On peut citer entre autres : Habib du bled, Zasta, Ivee, MH, Teddy… et d’autres artistes issus des autres tendances musicales.
C’est dire que le travail bien fait est toujours récompensé et est toujours à récompenser. Les jeunes comprendrons avec cet exemple, qu’il faut être des « one self man », faire quelque chose de sa vie, cultiver le slogan de l’effort, et non celui de la gratuité, de l’inanité et de pauvreté. Chacun a un talent en soi, des énergies positives et énormes au tréfonds de son âme pour marquer son histoire. Chacun a sur terre une vive mission, et le péché premier sera de ne pas l’accomplir, d’y faillir. C’est vrai, le chemin de la réussite, comme celui des grandes œuvres est parsemé d’embuches et d’obstacles, mais quand on a fixé ses yeux sur les objectifs et le but visé, ça commence mal, mais la fin est douce quand même. Hier les gras ont peiné, mais aujourd’hui on peut dire sans risque de nous tromper, qu’ils savourent le succès. Booba l’a dit « plus le combat est dur, plus la victoire est belle ». Et que tout le monde peut s’en sortir, car aucune cité, comme aucune vie n’a de barreaux.
« Si ton polo n’est pas Anofel, mbom ne le bock pas »