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mardi, avril 23, 2024
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rap kamer : ILS NOUS PLEBISCITENT

Contrairement aux autres styles musicaux, le rap lui, n’est pas né de terre comme les champignons, c’est-à-dire d’une manière révélée ou alors adventice. Les premiers rappeurs dans les ghettos de New York ne l’ont pas vu en songe. Ce mouvement Rebel et révolutionnaire, revendicateur et incitateur à la fois, est née à la suite de plusieurs mobiles donc les plus connus sont : la ségrégation raciale aux USA et la condition d’existence des Noirs aux States.


Vers la fin des années 80, le rap venu des states déploie ses ailes, il n’arrive plus à se suffire à lui-même. Il sort des ghettos newyorkais et de ses sentiers rigidement battus, pour se jeter comme une bouteille à la mer, portant sur lui un vivant message : attrapes qui peut. (cf : dans la peau du rap français). Depuis lors, le rap est adopté partout dans le monde, surtout en Europe et en Afrique.


Il faut l’avouer, même si c’est dur à l’entendre. Que ce soit en France, au Sénégal, au Cameroun ou au Gabon, les premiers rappeurs n’ont été que des majorettes et des interprètes des rappeurs statois. Et jusqu’aujourd’hui ce fantasme est loin d’être terminé. C’est ainsi que partout « l’habit faisait le moine, l’habit faisait le rappeur ». Comme les statois ils portaient des vêtements lourds et gros (baggy) des lunettes de soleil même en pleine nuit noire, des boucles d’oreilles, des tatouages, et autres indices et accessoires pour se faire remarquer et s’identifier dans la rue. Plusieurs faisaient des 400 coups, voulaient aussi faire la tôle et se la raconter, rentraient tard le soir, manquaient le respect aux parents…c’était comme l’a dit psy 4 de la rime : « un effet de style et de mode ».


Les premiers rappeurs n’avaient pas d’identité, ils chantaient avec une main au micro et l’autre sur les couilles, ils commençaient et terminaient leurs mesures toujours par « mother fucker » voilà qui explique sans doute l’appellation du groupe de rap français NTM, qui signifie lettre par lettre : « Nique Ta Mère », (mother fucker en français). C’est la raison pour laquelle ils avaient une mauvaise image dans la cité. On les identifiait aux voyous, aux voleurs, aux drogués, aux délinquants sociaux, et jusqu’au jour d’aujourd’hui, les séquelles de ces insultes font des étincelles. (cf : Ivee feat Duc Z in l’INEVITABLE).


À cause de l’attitude de ces premiers rappeurs, le rap n’était pas pris au sérieux, jamais il ne pouvait tenir lieu de musique à part entière, jamais on ne pouvait lui donner le nom de culture. C’est ce qui explique le fait qu’Eric Zemmour affirmait que « le rap est une sous culture » et traitait les rappeurs « d’analphabètes ».  Le rap n’était pas joué dans les radios, témoin cette affirmation de Booba dans Lunatic « Skyrock, etcétéra ne nous passe pas, ils veulent qu’on change nos propos allez casse toi ». Même pas dans les émissions télé, où leurs clips n’étaient jamais joué, le rap était absent des cérémonies de récompenses, les maisons de disques et producteurs n’en voulaient pas. Les parents en voulaient à leurs enfants qui se livraient à cet art musical.


Dans le années 2000, tout change !, et personne ne s’attendait à un tel succès de cet art banni, bâclé et rejeté par le plus grand nombre. Devons-nous dire comme Youssoupha que ce succès a été aussi suspect qu’un suicide avec trois balles dans la tête ? Oui, osons-le. « La folie des ghettos est devenu la sagesse des foules ». On retrouve le rap dans les livres, les thèses des jeunes chercheurs le rap pour thème de leurs mémoires, les textes des rappeurs comme Diam’s où Mc Soolar sont étudiés à l’académie, et inscrit dans les livres aux programmes des lycées et collèges. Le rap est devenu un objet d’étude et une école de pensée. Les oubliés d’hier sont à l’ordre du jour aujourd’hui. L’aura du rap est devenu insaisissable, comme le chante Singuila « tout le monde écoute du son de té-ci du hip hop au VIP/ bientôt un Dj finira par gouverner le pays ». Il le disait sans savoir que le rappeur W. Jean voulait réaliser son vœu en devenant président de la république d’Haiti.


Oui ! Le rap est plébiscité, hier il était sur le banc des accusés. Il est sur le terrain, hier il était aux bans de touches.
Nul ne peut ignorer qu’Obama, a gagné plus de suffrages grâce à l’appui des rappeurs mobilisés pour sa victoire. Les rappeurs donnent le pouvoir et l’enlève aussi, le collectif Y’EN A MARRE au Sénégal en illustre notre propos. Ces jeunes rappeurs mobilisés au sein de ce collectif ont contribué assez grandement pour la chute de Wade. C’est la raison pour laquelle le mouvement M23 ne pouvait faire autrement que de les inviter à leur coalition. Le feu Omar Bongo était obligé de financer et parrainer les initiatives des jeunes réunis autour du hip hop, parce qu’il savait ce que ça représentait. La preuve son fils n’a pas dérogé à la règle.


Pour avoir la banlieue et les jeunes avec lui, Sarkozy alors ministre de l’intérieur a sollicité l’adhésion des rappeurs français comme Soprano ou Doc Gényco dans son ministère, seul Doc a répondu favorablement à cette invitation et est passé de ce fait du ministère AMER ou ministère de l’Intérieur.


Pendant la Worl Cup 2010, pour avoir l’adhésion du grand nombre, ils ont sollicité les rappeurs d’Afrique et d’Amérique pour rythmer le mouvement, et ça plutôt bien marché. Les mêmes scénarios se retrouvent au Mboa, on a fait croire aux rappeurs qu’ils étaient juste des conteurs pourtant on a voulu faire d’eux des compteurs pour engrosser les chiffres d’affaires. « Les rap conteurs ». Les entreprises sollicitent la voix et le feeling des rappeurs pour soigner leurs images. Et quand ceux du Mboa ne suffisent plus pour faire ce boulot, ils invitent les rappeurs d’ailleurs, à qui ils donnent des millions de nos francs par centaine.


Même les producteurs commencent à accourir, Valsero et Jay N, ont bénéficié de cette offre. Aujourd’hui Valsero a été sollicité pour une fois encore dans une grosse organisation pour défendre les intérêts communs. Plusieurs artistes issus d’autres styles musicaux viennent même se produire chez nous, Njorrheur en est le plus grand exemple. Sans compter leurs nombreuses sollicitations à l’endroit de nos faiseurs de vidéogramme. Charlotte Dipanda, L.Diva, Lady Ponce… même le X Maleya après avoir divorcé avec le hip hop  nous sollicite encore, soit pour des featuring ou pour les vidéogrammes. Nos taggeurs et graffistes sont sollicités par d’autres artistes, pour leur street wear, et autres ornements. Même pour les publicités, pas seulement celles qui ont trait à la jeunesse, nos rappeurs sont sollicités. Même dans les films, ils font les têtes d’affiches et jouent les premiers rôles, font les musiques des Bandes Originales… partout de la France au Gabon, au Sénégal, aux USA, au Cameroun, les rappeurs ne sont plus vus de la même manière. Ce qui a fait dire à Kery James que « qui aurait pu penser, que le R.A.P pourrait donner une chance au ghetto français ».
Ils nous plébiscitent parce qu’ils savent ce que le rap représente aujourd’hui comme force d’expression au sein de la jeunesse. Parce qu’ils savent que l’avenir se fera avec ou sans nous, les rappeurs. Ils nous prenaient pour des fous…mais aujourd’hui ils nous plébiscitent.


Mais il existe encore des rappeurs qui ne connaissent pas ce qu’ils représentent, ils se plaisent à se prostituer, et à accepter des salaires de misère pour prester pour tel ou tel initiative, c’est honteux et c’est dommage pour cette grande culture hip hop. Ils ne se prennent pas au sérieux, salissent et pourrissent davantage notre image. D’autres comme l’a dit Kéry « lâchent le hip hop pour la Tectonic », le makossa et le bikutsi. Mais une chose est sure, nous serons toujours là pour dire à ceux-là d’aller se faire foudre ! Car il n’y a pas de dignité pour les mendiants, et les indignes, mais pour ceux qui se respectent et qui restent vrai.


« Qui ne sait avec quel mépris l’Europe traitait les Asiatiques il y’a moins d’un siècle ? Qui ne voit comment elle les courtise aujourd’hui ? » Maurice Kamto, in Urgence de la pensée, P.56

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