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jeudi, mars 28, 2024
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hip hop : EN FAIM, LES HIP HOPEURS S’ASSOSIENT

Tout est parti d’une ingénieuse idée, à la fois innovante, inédite et avant-gardiste du jeune juriste de formation Christian Etoundi, plus connu dans le milieu hip hop sous le pseudonyme de Kreezry la Torpille. Cette idée était de mettre sur pied une association, voir une structure qui puisse permettre aux jeunes talents des arts urbains de pouvoir exercer leurs carrières dans le professionnalisme avec la ferme assurance que leurs droits seraient désormais garantis et défendus. Cette idée est arrivée au sein du mouvement hip hop comme un puits d’eau dans un désert. Oui le hip hop au Cameroun en était en manque, il en avait faim et soif. La preuve c’est que plus de 50 acteurs de la culture hip hop ont répondu présent à cet appel salvateur, le dimanche 27 mai 2012, au Cabaret hip hop seven. Afin de statuer et de débattre sur la structure, les objectifs, les moyens d’actions de cette nouvelle association.
Les initiateurs de ce projet baptisé « Talents Urbains », voudraient que par-là, l’image du rap ou des rappeurs soit de plus en plus soignée. Que le rap devienne plus respectable, présentant aux yeux du public parfois fort exigeant des produits de qualités à la dimension internationale. Ils ne voudraient plus que le rappeur soit considéré comme un ouvrier du tiers-monde qui fait entrer des millions dans les caisses de l’entreprise, mais qui n’a que de quoi subvenir à sa force de travail. C’est pour répondre d’une manière forte à tous ces promoteurs que face à eux ce ne sera plus ces jeunes désolidarisés, avançant en rang dispersés, affamé en quête d’aumône sous le couvert du « buzz » et de la « thune », mais qu’ils auront en face d’eux des jeunes talentueux, dynamiques, imbus de leurs valeurs, dignes et ayant des droits à défendre.


C’est justement parce que ces rappeurs ont faim. C’est-à-dire, faim de la reconnaissance, faim de la crédibilité, faim du respect, faim de la réussite et de tout ce qui va avec, que cette idée a pu voir le jour. Le constat c’est que les rappeurs se sont longtemps serrés les cous, au lieu de se serrer les coudes. Les projets des uns ont été parfois bafoué par les autres pour des raisons que nous connaissons tous. Les guéguerres, les envies, les désaccords…ont longtemps retardé la marche du mouvement hip hop vers la quête de cet idéal. Cette initiative est louable, et elle arrive à point nommée dans une ère où, le hip hop au Cameroun a le plus besoin possible de prendre un nouvel envol. Parce que depuis longtemps on a assisté plutôt à des associations à but non évolutifs, des associations claniques pour lutter contre l’autre camp, contre nos propres frères et confrères. Cette association voudrait donc, cadrer toutes ces énergies, toutes ces richesses humaines incorporées dans le hip hop au Cameroun pour converger vers ce noble but et faire entendre haut, la voix de ce digne mouvement.


Devant cette faim somalienne qui nous empêche d’aller de l’avant, et nous pousse chaque fois à mendier notre pain, devant ces promoteurs carnassiers, qui ne sont point des philanthropes ni des bons samaritains, mais des vrais disciples du business et les vrais maitres du show, cette association décide dès lors d’amener les acteurs du hip hop à faire des choses par soi-même. Car personne ne viendra nous développer à notre place. La chance ici c’est qu’il y’a toutes les ressources humaines disponibles et disposées à relever ce géant défi. Tel que ce projet d’association a été structuré, ma parole, nul ne peut douter qu’il est conçu pour durer dans l’espace et dans le temps.


Beaucoup ont refusé de répondre à cet appel, justement parce qu’ils n’y croient pas. On ne doit pas les condamner pour ça, c’est de leur droit. Personne n’avait cru au Wutang Clan, ou au Grand Master Flash, ou à la Mafia K’1 Fry, mais où en est le rap aujourd’hui ? Ils pensent de leur avis, que les hip hoppeurs devraient d’abord se former eux-mêmes avant de se réunir dans une telle association. Car selon eux, ce n’est pas l’union qui fait la force mais c’est la force qui unit. Le problème c’est qu’ils sont placés dans un angle individualiste, égoïste de l’homme blanc, ou la recherche du leadership et du profit à tout prix, donne l’opportunité à une minorité de grimper en piétinant les autres. Mais les valeurs traditionnelles africaines nous imposent dans tous les domaines, la solidarité et le respect de la communauté. Nous on croit en la force de l’union, ce n’est pas anodin si solidaire est le mot le plus proche de solide.
Cette initiative est à féliciter et à encourager en même temps. Parce que dès lors, et plus jamais, l’image du hip hop au Cameroun ne sera dégradée. Plus jamais on doit nous maintenir affamé pour qu’on se prostitue, plus jamais on ne doit mendier le fruit de notre art, plus jamais on ne doit nous traiter avec mépris, plus jamais on ne parlera de nous en terme d’ouvriers. Plus jamais une minorité de personne, ne nous verrons plus marcher comme leurs vassaux.


« Tous les hip hoppeurs du Cameroun unissez-vous », à l’image de « Talents Urbains ». en répondant à cet appel marxiste, on pourra ainsi défendre nos droits et lutter contre le bourreau-promoteur, nous allons dès lors imposer nos lois. J’y crois parce que toutes les révolutions du monde ont commencé de cette façon, par une minorité, composé de jeunes fous de leurs talents, affamés du trône, des rêveurs incompris, à qui on aurait jamais pensé, mais pour 30 secondes tenir les ficelles et faire danser les autres.


« Qui peut nous stopper si on s’unifie » Kery James


 

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