Mongo Nnam : la reconnaissance du public nous fait chaud au cœur !

Mongo Nnam, ce nom vous dit quelque chose ? bien sur, c’est l’un des membres du groupe Elokk. Depuis 10 ans, il se bat avec son pote Nkunkuma pour que le hip hop du bled avance. A Zomloa depuis 2000, Elokk est sur tous les chantiers (zomloa familia au pays se kush, caravane no sida, action vih, au pays de kush 2…). Après Nkunkuma, Mongo Nnam à son tour se livre à nous.
Kamerhiphop.com : parle moi de votre rencontre ?
Nous sommes avant tout des potes et nous sommes dans le même quartier. Au départ on était 4 : Kemal, Massa Ndongo, Nkunkuma et moi. Le groupe s’appelait Djihad. C’était en 1994. en 1996 que nous décidions de rapper en dialecte et de mettre sur pied notre propre style : le Ngokoma. Kemal n’étant pas d’accord, il quitte le groupe.
Et Massa Ndongo ?
Il vit actuellement au sud du Cameroun, il n’est pas disponible, mais on ne l’oubli pas. En réalité, il ne se porte pas bien.
Si on te demandais de faire une comparaison entre le zomloa de 2002 et celui de 2006 ?
Sous la forme, en 2000, il y’avait 14 groupes (Moon kut choo, Elokk, Ykurunam, bois d’ébène, sultan, bobby shaman, karamel, la souwhite, DJ Bilik, Su-man-ja…), aujourd’hui, nous sommes six groupes (Elokk, Su-man-ja, DJ Bilik, O 2 de la, bois d’ébène, Tata Menthong), les autres sont partis.
Pourquoi Elokk est resté?
Par rapport au paysage culturel. Au delà d’avoir fait zomloa, c’est zomloa qui a fait de nous ce que nous sommes. On ne doit pas faire couler le bateau qui nous a porté.
Que penses tu du rap kamer ?
C’est évolutif. On est quand même quitté de zéro. Il y’a actuellement une visibilité du hip hop du bled. On a fait naître une lumière à partir du ténèbre. C’est une chaîne. C’est vrai, il n’a pas encore décollé.
Alors que faire pour qu’il décolle ?
Ceux qui parle de ça ne font rien pour ce hip hop. Avec le manque de sponsors, tout est autoproduit. C’est dommage qu’une ville comme Yaoundé n’a pas son propre festival hip hop. Les artistes ne se vantent pas assez, il y’a manque de cohésion.
Quel est l’apport d’Elokk dans ce sens ?
Nous participons au concept. Nous avons apporté une touche nouvelle au hip hop de part notre style de rapper : le Ngokoma style. On essaye d’être présent.
Dans un pays pauvre très endetté, est ce que le hip hop est vraiment une préoccupation pour le gouvernement lorsqu’on sait plus de la moitié des camerounais n’ont pas accés à l’eau potable, à l’éducation… ?
Au kamer, l’Etat a démissionné. Si on est PPTE, c’est la faute de l’Etat. Le hip hop est une culture, ailleurs ça regenere beaucoup d’argent. On nous nourrit par des slogans tels que : « la musique aux artistes »… les jeunes ne sont pas approchés. Il nous taxe de voyou.
On voit Elokk dans plusieurs feat, alors à quand l’album ?
Nous ne ferons pas de fausses promesses, mais l’album, c’est pour bientôt. Sinon tout est prêt. Nous avons tourner le clip du morceau « sans confiance » et « potopoto » est en préparation.
En 10 ans de rap, quels sont les beaux moments que tu as rencontré dans ce métier ?
Tout d’avoir, notre intégration dans le zomloa Recordz. lorsque nous montons sur scène, la reconnaissance du public nous fait chaud au cœur. Grâce à la musique, j’ai pu rencontré pleins de monde. J’ai aussi rencontré ma meuf Merveille grâce à la musique.
Et les mauvais moment ?
Le problème de Massa Ndongo a failli nous séparer. Les mésaventures avec des producteurs, les incompréhensions rencontrées dues à l’ignorance des uns et des autres.
Est-ce que tu penses que le Ngokoma Style a des chances de s’imposer dans le milieu hip hop du bled ?
OUI, tout simplement en matière d’art, personne n’a tort ni raison. Au Cameroun avec ses 260 dialectes, celui qui domine, c’est le camfranglais. En 96, on était 2 ou 3 groupes à pratiquer le Ngokoma, aujourd’hui, nous sommes très nombreux. La guerre des concepts n’a pas lieu d’être au kamer. Ceux qui la ramène dans le hip hop, n’ont rien compris.
Vous dites dans « sans confession » « de nos jours, les sentiments s’achètent comme des galettes (…) l’amour que les go nous aimaient Njoh n’existent que dans les contes de Juliette et Roméo ». ce sont des expériences personnelles ou ?
Au delà de l’expériences perso, il y’a le vécu. C’est du à la conjoncture. Nous en tant qu’artiste, on relate ce qui se passe autour de nous.
Le rap est une musique de revendication. Est-ce qu’Elokk est un groupe engagé ?
Nous sommes d’abord engagés. Nous abordons les problèmes de la société. Comme dans « potopoto », on dit : « est ce que c’est de ma faute si mon nom ne se termine pas par fotso ».
L’artiste est engagé par nature. On s’implique dans la vie.
Beaucoup des rappeurs ont des difficultés à rapper en leur langue. Alors comment Elokk s’en sort il ?
Ce n’est pas évident de savoir parler sa langue maternelle au kamer. Moi, j’ai cette chance. D’autres ont honte de le faire. Pour ceux qui ont des difficultés, je les renvoies à eux même.
Ton signe astrologique ?
Je suis scorpion.
Y’a-t-il des critiques que tu aies peur d’entendre ?
Sur mon comportement. J’ai l’impression de bien faire et quand on me fait des reproches, j’ai l’impression qu’on me dérange.
Quel sont tes personnages historiques ?
Ils sont 5 : Jésus, Marcus Garvey, Le Che Guevara, Bob Marley et mon feu père M. Amougou Ferdinand.
Que penses tu du site ?
C’est vraiment une révolution pour le kamer, que de bons points. Les gars doivent comprendre l’ampleur. C’est une fenêtre qu’on a ouvert au hip hop kamer. Les gars doivent en profiter.
Ton mot de fin ?
Merci au kamerhiphop.com pour le travaille abattu. Du courage à tous les hip hoppeurs, l’essentiel n’est pas de dire quelque chose, mais c’est de bien la faire.