Bashiru : « Malekunfu c’est avant tout un état d’esprit »
Le nom de Bashiru est rattaché à l’histoire du hip hop kamer. Tout d’abord à travers le groupe Ultimatum puis le Malekunfu, groupe phare des années 90 et enfin les collectifs Etats d’urgences et Magma Fusion. A Mapane Records depuis quelques années, il a commis un album de 16 titres sous ce label, album sorti le 23 Mai 2009. L’une des Têtes d’affiches locales à la 3e édition du festival couleurs urbaines, Bashiru nous a reçus. Interview.
Bonsoir Bashiru, merci d’accorder cette interview à www.kamerhiphop.com.
Bonsoir à tous les internautes de kamerhiphop.com, je me nomme Bashiru, rappeur, je suis là pour les couleurs urbaines (l’interview a été réalisé lors de la 3e édition du festival couleurs urbaines, du 11 au 16 Aout 2009 à Yaoundé, ndrl) et c’est un plaisir pour moi de répondre à vos questions.
Ton actualité aujourd’hui c’est ton album qui est déjà dans les bacs, alors peux-tu nous présenter cet opus ?
Eh bien, l’album s’intitule « Hypnose », il est sorti officiellement le 23 Mai 2009. C’est un album à deux visages, un album de 16 titres donc 7 titres en langue bassa et 9 titres en français.
Pourquoi l’avoir baptisé Hypnose ?
Hypnose tout simplement parce que je pense que le peuple camerounais, le peuple africain, je dirais même le peuple mondial est malade. Hypnose c’est pour moi une thérapie musicale que j’apporte à ce peuple. Comme il a été hypnotisé, moi je le guéri.
En écoutant l’album, une bonne partie est en français comme tu le dis toi-même et une partie en dialecte Bassa, alors qu’est ce qui justifie cette démarche ? Comment celui qui ne s’exprime pas en Bassa pourra se retrouver ?
L’objectif ici, c’est d’aller dans le sens du réveil de l’Afrique. L’africain doit prendre conscience du fait de la richesse immense qu’il a entre les mains, je parle de nos langues qui sont considérées comme vernaculaire qui à mon avis est un terme péjoratif. Or ce sont des langues nationales au même titre que le français et l’anglais. J’ai essayé de prouver dans cet album que nos langues ont des valeurs, qu’on peut faire des rimes comme en français et en anglais, deux langues qui nous ont été imposé par les colons.
Vieille garde du hip hop kamer, pourquoi avoir attendu aussi longtemps avant de sortir un album à toi ?
J’ai accepté attendre et suivre le processus normal des choses. Pendant très longtemps, j’ai évolué en groupe. Comme tu le sais, je fais parti du groupe Malekunfu, bien avant le Malekunfu, j’évoluais dans le groupe Ultimatum. J’ai appartenu à deux collectifs : Etat d’urgence et Magma Fusion. Il a fallu traverser ces étapes et murir mon rap. Il est bien vrai que Mapane Records m’avait proposé une production solo il y’a de cela 10 ans, je n’avais pas accepté parce que je comptais d’abord sortir un truc avec mon groupe, finalement ça n’a pas été possible. Aujourd’hui je me suis lancé dans une carrière solo et j’espère que ça va bien marcher.
Les autres membres du groupe (Billy et Suspens) sont allés au front si j’emploie le terme de Billy, alors peut-on voir sur un même album tous les membres réunis ?
Malekunfu c’est avant tout un état d’esprit, j’ai gardé des bons rapports avec les autres membres, nous sommes en contact permanent. Suspens et Billy sont en Europe, Œil de Faucon est ici au bled avec moi, il est beaucoup plus un homme d’affaire. La fièvre du rap est en nous, les gars m’appellent régulièrement, on a gardé des bons contacts, rien n’est fini car comme je le disais tantôt Malekunfu c’est vraiment un état d’esprit. J’ai sorti mon album, ça veut dire que c’est le malekun qui est en action.
Comment vis tu cette 3e édition des couleurs urbaines ?
Je crois que c’est une bonne chose ce festival. Etant donné que les festivals sont des denrées rares ici chez nous. Le festival Couleurs urbaines met en exergue les cultures urbaines, il essaye de promouvoir le hip hop et personnellement je pense que c’est une très bonne chose, petit à petit le mouvement est entrain de prendre de l’ampleur. Chaque année, on avance un peu plus, même comme cette édition a été renvoyée à plusieurs reprises dues à des problèmes administratifs. Ce qui est sur le mouvement existe, il avance et nous sommes là pour l’entretenir.
Quelle est la suite, après les couleurs urbaines, après la sortie de ton album. Une tournée est prévue ?
Tu sais la promo officielle de mon album n’a pas encore commencé, je compte faire tout cela pendant la rentrée scolaire. On verra au fur et à mesure, on compte faire des concerts à Yaoundé et Douala, ça sera une façon de présenter l’album au public qui ne l’a pas entièrement découvert. C’est 16 titres, il va falloir qu’on prenne le temps.
Ou peut-on se procurer l’album ?
L’album se trouve dans le réseau culture Mboa, on peut l’avoir sur toutes les grandes surfaces des 2 grandes villes (Yaoundé et Douala). On peut aussi s’en procurer à Mapane Records.
Bashiru, kamerhiphop.com te remercie
C’est moi qui vous remercie, ça a été un plaisir pour moi de m’entretenir avec vous, c’est une très bonne chose, je souhaite que ça continue ainsi.