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samedi, octobre 5, 2024
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Soleima Arabi : « le Hip Hop Kamer est particulièrement créatif et dynamique… »

Animatrice culturelle au centre culturel français de Yaoundé, Soleima Arabi nous a accordé une interview exclusive. Elle nous parle de son travail au sein de cette institution, du hip hop kamer, du kamerhiphop show…


Bonjour Soleïma, en quelques mots peux-tu te présenter à nos internautes ?
Bonjour. Je suis française, née au Canada. Je suis diplômée en Philosophie et en Création et Gestion d’évènements culturels. J’ai également fait le Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier.


Responsable culturel du Centre Culturel Français, en quoi consiste ton boulot ?
Je ne suis pas responsable culturel du Centre Culturel mais animatrice culturelle. Cela consiste en l’accompagnement et la promotion des différents artistes camerounais qui en font la demande, notamment via une aide à la diffusion, c’est à dire la programmation de concerts, de pièces de théâtre, de danse…. un soutien logistique à certains festivals partenaires tels que les Ecrans Noirs, l’organisation de tournées nationales (ex : Charlotte Dipanda en 2010 et Kareyce Fotso en mai 2011),  le soutien lors des commissions des tournées régionales africaines. Mais aussi et surtout en essayant de proposer une offre culturelle diversifiée en termes de disciplines (arts de la scène, cinéma, arts visuels…) et de genres (traditionnel, urbain…), avec des artistes venus de France et de l’International, comme avec  Bibi Tanga And The Selenites que l’on accueille en avril. Il s’agit également d’œuvrer à de grands projets d’échanges artistiques entre artistes et structures camerounaises et françaises, comme cela s’est passé en partenariat avec le Tarmac de La Villette en 2010 qui a permis à Valéry Ndongo de faire un succès à Paris et de tourner maintenant sur plusieurs pays du continent.


Pourquoi le Cameroun? Quels autres pays africains as tu visité?
Je travaillais dans une petite compagnie du centre de la France et je ne m’y plaisais pas. Ayant grandi en Afrique avec de très bons souvenirs, j’avais envie d’y retourner pour travailler. J’ai postulé au Cameroun, on a retenu ma candidature et j’étais ravie. Avant le Cameroun, j’ai travaillé au Burkina Faso et en Angola. J’ai fais mon primaire en Mauritanie et mon lycée à Abidjan, après avoir fait mes premières années à N’Gaoundéré. Le Cameroun c’était donc un peu comme un retour aux sources.


Depuis combien de temps es tu au Cameroun et comment trouves tu la population de Yaoundé, humainement parlant ?
Cela va faire 6 mois que je travaille ici. Je trouve que le Cameroun et les camerounais sont très riches culturellement, il y a beaucoup à découvrir, beaucoup à apprendre, à entendre, à voir…Cela se sait et s’apprécie internationalement. Comme on a l’habitude de le dire, les artistes sont toujours les meilleurs ambassadeurs de leurs pays et pour cela, le Cameroun rayonne au-delà de ses frontières. Il est dommage qu’à l’intérieur se soit plus difficile, qu’au quotidien les artistes doivent se battre constamment.


Le Hip Hop kamer qu’en penses-tu? Quel regard as tu de celui ci ?
Je pense que le Hip Hop Kamer est particulièrement créatif et dynamique. Il y a des tas d’artistes talentueux et prometteurs. Il y aussi de très bonnes initiatives en matière d’organisation d’évènements autour du hip hop et des cultures urbaines. Peut-être que le secteur mériterait de se structurer davantage pour être plus performant, que les artistes pensent davantage à travailler ensemble pour être plus forts.


Quel contact as-tu avec les artistes hip hop kamers ?
Je travaille avec eux très souvent. Face à toutes leurs propositions, j’aimerais parfois leur donner plus de place, mais mon travail consiste aussi à offrir une place aux autres genres et autres disciplines ; ce qui n’est pas toujours facile parce qu’il y a beaucoup plus de propositions en hip hop qu’en jazz par exemple, mais c’est le jeu ! D’une manière générale, je suis très exigeante et parfois certains d’entre eux se vexent. J’en suis désolée mais je crois en la critique constructive. S’applaudir pour un oui ou pour un non ne permet pas forcément d’avancer. Le milieu est dur, au Cameroun comme ailleurs, et il faut travailler avec beaucoup de rigueur si on veut aller loin.


Comment faire pour louer le CCF ?
On ne loue pas la salle du CCF mais on participe à ses frais de fonctionnement. La nuance est importante car, quand c’est le cas, le CCF ne se fait pas de bénéfices comme le ferait une entreprise privée. Là n’est pas notre mission. Mais ces frais de participation permettent de contribuer à son activité au sens large. Pour cela, il faut déposer une demande au secrétariat, accompagnée d’un dossier présentant le projet artistique, comprenant plusieurs supports de promotion, selon le cas : une démo, un cd, un dvd, des photos…Cela ne suffit pas car nous sommes extrêmement sollicités, nous ne pouvons pas répondre à toutes les demandes, il faut donc être patient et persévérer.


Combien coute la salle du CCF ?
Cela dépend du projet. Avant de pouvoir annoncer ces frais, nous devons d’abord étudier le dossier, nous renseigner sur l’organisateur et sa programmation.


Que penses-tu des Kamerhiphop Show ?
Je trouve que c’est une superbe initiative, prometteuse, menée avec beaucoup de détermination et de talent par son équipe. Ce n’est pas toujours facile mais depuis le début de notre partenariat, c’est un évènement qui a su s’imposer au public comme un rendez-vous incontournable de la culture hip hop au Cameroun. Le concept grandit, il s’améliore de mois en mois. La dernière programmation Old School était particulièrement riche. Cela dépasse maintenant largement le CCF de Yaoundé qui est trop petit pour accueillir le public qui vient à chaque fois nombreux. Le même genre de soirée est maintenant organisé à Douala, c’est dire que le public est demandeur et que le mouvement est en plein essor. Comme toujours, il y a encore des choses à parfaire mais on peut souhaiter le meilleur au Kamer Hip Hop Show et espérer le retrouver bientôt au Palais des Sports où il pourra enfin s’épanouir et s’ouvrir au plus grand nombre. Malheureusement, les 250 places du CCF ne suffisent plus et pour des raisons de sécurité, du nombre d’issue de secours notamment, nous ne pouvons pas nous permettre d’en faire entrer davantage, sans prendre des risques pour le public et les artistes présents, alors que le succès du KHH est tel qu’il pourrait remplir 2 fois et plus cette salle…
 
Le mot de la fin ?
Pour finir, nous aurons le plaisir d’accueillir Bibi Tanga and The Selenites le 13 avril. Lui est centrafricain, ses musiciens sont français. Ils sont en tournée internationale et leur talent explose ces dernières années dans les meilleurs festivals du monde. Des cuivres, des platines, une voix qui groove magnifiquement bien. Cela s’annonce comme un des meilleurs concerts de l’année, ne le ratez pas ! En première partie, vous retrouverez la charmante Idylle Mamba qui nous promet aussi une belle carrière…A suivre…

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