Moktar FadiKa [Côte d’ivoire] : « Le hip hop camerounais fait de gros efforts »
Le directeur du label Black Line et manager de la rappeuse Priska’a revient sur sa participation au festival Couleurs Urbaines du 26 au 31 juillet dernier à Yaoundé.
Kamerhiphop.com : Big up Fadiga ! Après ta participation à la cinquième édition du festival Couleurs Urbaines où tu as pu voir diverses prestations d’artistes camerounais, quelles sont tes impressions ?
merci Ebah et merci surtout à Kamerhiphop. J’étais très heureux d’être parmi vous à Yaoundé, parce que cela m’a permis de découvrir le hip-hop camerounais et d’apprécier le niveau des différents acteurs, et même de découvrir le hip-hop d’Afrique centrale puisque le Tchad et le RCA étaient présents. Vraiment ce fut un plaisir, et je serais prêt à chaque fois qu’on aura besoin de moi au Cameroun.
Après ce séjour en terre camerounaise, comment juges-tu la qualité et le niveau du rap camerounais ?
Parlant de qualité et de niveau je dirais que c’est très bon, car au Cameroun les gars font de gros efforts, surtout quand on sait que le mouvement hip-hop ce n’est pas facile, qu’il n’est pas apprécié par tout le monde et que le financement ne suit pas toujours. Je ne peux que tirer un coup de chapeau au comité d’organisation de ce festival.
Qu’est ce qui t’aura le plus marqué durant ton séjour à Yaoundé ?
Je dois avouer qu’en Côte d’Ivoire on ne connaissait que Krotal comme unique rappeur camerounais. Mais sur place j’ai pu découvrir d’autres artistes pleins de talent. J’ai pu voir les rappeurs des Yaoundé, de Douala, de Garoua, et je constate que tout le monde a le niveau, et c’est impressionnant.
En Côte d’Ivoire tu diriges une structure qui se nomme Black Line. Peux-tu nous en dire davantage sur vos activités ?
À la base, Black Line est une structure composée de jeunes Africains qui ont constaté que la musique hip hop faisait face à d’énormes difficultés, qu’elle ne s’exportait pas. Et on s’est dit : « pourquoi ne pas se mettre ensemble afin de vulgariser cette musique, voire l’exporter hors de notre continent ? » Black Line est donc une maison de production, de distribution et d’événementiel, et nous nous focalisons davantage sur le booking.
Tu es manager de l’artiste Priss K qui malheureusement n’as pas pu prendre part à cette édition du festival. Peux-tu nous présenter cette artiste et son dernier album sorti tout récemment ?
Je vais d’abord dire au public camerounais que Priss K s’excuse du fait de son absence due à un concours de circonstances, puisqu’elle a raté son vol, mais on espère qu’une autre occasion nous sera donnée de venir faire le show au Cameroun. À propos de Priss k, c’est une pionnière du rap africain et c’est la première rappeuse de Côte d’Ivoire. Elle fut découverte en 2000 à Afrique Etoile de Marsi Domingo où Alpha Blondy était présent, et Priss K a repris le titre « Rasta poué » de ce dernier, qui est tombé sous le charme de son talent. Il a par la suite invité Priss K en première partie de son concert à Paris-Bercy et ce fut pour elle le début de nombreuses collaborations sur divers projets tel que le projet AURA (Artistes Unis pour le Rap Africain. ndlr) en compagnie 17 autres rappeurs africains. Priska’a est aussi ambassadrice de l’Institut Goethe pour le projet « Ecole partenaire de l’avenir ».
Au Cameroun, en dehors de Priss K ou Nash, on en sait très peu sur le hip hop ivoirien. Peux-tu nous parler du mouvement chez vous ?
Il faut rappeler qu’avec la situation post-électorale, ça été vraiment dur pour les artistes ivoiriens. Mais maintenant tout s’est calmé et le hip-hop a repris des forces, les rappeurs se sont remis à bosser et je peux vous garantir que d’ici deux mois on aura de très bonnes choses à proposer au public puisque les rappeurs aussi travaillent sur le projet de réconciliation nationale en Côte d’ivoire.
Un éventuel contact pour des artistes qui seraient intéressés par des spectacles et des projets en Côte d’Ivoire ?
Franchement, étant au Cameroun je n’avais plus envie de retourner en Côte d’Ivoire car je me plais tellement au Cameroun. Je repars mais je suis prêt à revenir tant que le hip-hop vivra. Pour toutes les personnes qui souhaitent faire une collaboration avec les rappeurs ivoiriens ou un spectacle, mon contact c’est le +225 07 82 67 97.