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dimanche, décembre 8, 2024
On Djoss

Nash : « Evitons de trop copier l’hexagone… »

Rappeuse Ivoirienne, Nash se fait connaître en 2002 grâce à la compilation « Enjaillement », lancée par les artistes Boni du groupe R.A.S et Kesdo du groupe les Refrè. Boni découvre Nash dans un maquis de Yopougon coparrainé par Joey Starr, le leader des N.T.M. Sur la compilation, Nash reprendra le tube international des Magic System, « 1er Gaou » sous l’angle de la dérision et d’une vision féminine. « Premier Djandjou » (parodie de 1er gaou) est le titre qui va faire révéler Nash au public ivoirien. Son caractère « garçon-manqué », sa désinvolture et surtout son Nouchi impeccable, la rendrons tout de suite célèbre dans le cœur des mélomanes et des amoureux du hip hop.                                                                                                                                                                                        
Bonjour Nash, merci d’accorder cette interview à Kamerhiphop. Tu es actuellement au Congo pour participer à un concert en compagnie de la Star Papa Wemba ; alors ça se passe comment pour toi à Kinshasa ?
Ya fohi, on est ensemble. Wai ça va Kpata par la grâce de Dieu. Papa wemba, un monument de la musique africaine, en effet a bien voulu m’inviter pour une série de 3 concerts au Congo après que nous Avions fait le morceau « Sapologie », qui a connu et qui connait un franc succès au Congo et en Afrique. Ce qui m’a d’ailleurs, fait connaitre Kinshasa et Brazzaville. En tout cas, je suis à la fin de mon séjour ici (l’interview a été réalisée le 7 Aout 2011). Ça fait une semaine que je suis là et tout se passe super bien. Je Suis reçue comme une reine, on s’occupe super bien de moi. Les concerts ont été organisés par le staff de papa wemba et ça été une réussite totale. De Kinshasa à Brazzaville, le public s’est Montré chaud et accueillant.


Tu arrives dans le hip hop en 1999, mais ta carrière décolle véritablement en 2002 avec la compile « Enjaillement » produite par Boni et parrainé par Joey Starr. En quelques mots, peux-tu me raconter cette aventure ?
Je suis arrivée au hiphop en 1996 et ma carrière commence véritablement en 2002 avec le titre 1ere Djandjou, reprise de 1er Gaou du groupe MAGIC SYSTEM, qui figurait sur la compilation « ENJAILLEMENT » produite par Bony RAS et KESDO. Faut dire que c’était Lors d’un sound system organisé par l’un des petits du coro Bony et sous l’invitation de mon amie Princesse BETTY avec qui je rappais au début, parraine par Bony lui même et JOEY STAR le rappeur français, pote au coro Bony. J’ai fais mon freestyle en nouchi et les deux parrains ont apprécié alors, Bony décide de me faire participer dans la compilation. C’est cette compil qui m’a fait connaitre en cote d ivoire, et c’est là que ma carrière a Débuté.


Ta chanson « 1ere Djandjou », une reprise du tube à succès « 1er Gaou » du groupe Magic système a été choisie pour promotionner la compile. Quel impacte cette compile a eu sur ta carrière ?
Oui au départ, c’était une autre chanson de la compile qui avait été Choisie pour la promo, mais il ya eu des complications avec ce titre et c’est ainsi qu’ils ont porté leur choix sur ma chanson. Ça été une chance, un vrai douahou pour moi car il y avait prés de 12 titres sur l’album avec d’autres artistes et même le coro Bony avait aussi posé sur la compile et il y avait aussi Le Vieux père ISMAEL ISAAC, quand DIEU dit peheeeee, y’a rien on peut faire quoi, on ne peut pas empêcher, donc c’est comme que ça s’est passé. La compile « ENJAILLEMENT » m’a vraiment propulsé et m’a permise de me faire connaitre du public ivoirien, voir africain et même en Europe et pendant 4 ans, j’ai pu parcourir l’Afrique à travers cette chanson 1ere djandjou. Chaque jour que Dieu fait, je remercie le seigneur d’avoir mis le cory Bony sur mon Chemin.


Ta langue de prédilection est le Nouchi, pourquoi ce choix ? En d’autres termes, pourquoi chantes-tu en Nouchi et pas dans une autre langue ?
J’ai choisi de chanter en nouchi d’abord, parce que j’aime ça, et c’est le créole ivoirien, c’est notre identité culturelle, et chaque jeune ivoirien se retrouve dedans, même les coros utilisent ce langage, et moi en tant que fille du ghetto, je ne peux que faire la promotion de ce langage. Et il y’a plus de 62 ethnies en côte d’ivoire et à part nos ethnies, c’est le français qu’on parle. Je suis gueré Mais je me sens à l’aise quand je gbaye en nouchi, c’est oridjidji c’est à dire naturel. Je ne suis pas Française, ni américaine donc je Ne peux pas rapper en français Mieux que le français, pareil pour les statois. Le nouchi c’est ma particularité, mon style et aujourd’hui, ce langage a traversé toutes les frontières et est en phase de devenir international. Tout le monde l’utilise de nos jours. Dans sa musique, le groupe MAGIC SYSTEM le fait bien dans ses chansons, même certains rappeurs français utilisent les mots nouchis dans leurs chansons Ou textes.


Rappeuse Ivoirienne, comment arrives tu à collaborer avec des grosses pointures de la musique africaine tels papa wemba, Mokobé et bien d’autres ?
Je pense que c’est Dieu qui m’offre ces opportunités, et moi même souvent je me pose la question, Mais je pense aussi que c’est le travail et beaucoup de sacras (sacrifices) et de patience et puis il faut être respectueux et cool, Ne pas se prendre la tête, faire son travail, et surtout foncer même quand c’est dur, faut pas attendre que quelqu’un vienne vers toi, il faut se faire petit et Dieu va t’élever. Il faut approcher les gens et beaucoup écouter les autres, c’est un peu ça mon petit secret ; c’est à dire donner envie aux gens de t’aider, de collaborer avec toi. Merci aux coros MOkOBE et PAPA WEMBA pour l’honneur qu’ils me font de faire des featuring avec eux. Et pour la considération et le respect qu’ils m’accordent, surtout PAPA WEMBA qui a 41 ans de carrière et qui n’a pas hésité à me tendre la pêche et qui a daigné m’inviter chez lui. Il est vraiment paternel, à un Bon cœur et très humain. Que Dieu le lui rende au centuple. A mon coro MOkOBE qui a été le premier à croire en moi, au nouchi, à mon talent du côté de l’Europe et qui a mis sa confiance en moi et est disponible à chaque fois Que je le sollicite. Il aide beaucoup ses frères africains, très humbles. Deux sommités de la musique africaine.


Quel regard portes-tu sur le hiphop africain ?
Je pense que le hiphop africain retrouve sa clarté, sa richesse. Les rappeurs africains ont commencé à comprendre et à prendre conscience de leur talent, de la valeur de la culture et je sens que dans peu de temps, on ne parlera Que du hiphop africain. Il faut qu’on adapte notre hiphop aux rythmes de chez nous, à Nos instruments de musique. Ce n’est pas dénaturer notre musique non, bien au contraire, ça lui donne une originalité qui la différencie des autres. Evitons de trop copier l’hexagone, prenons ce qui est positif et créons notre propre style à nous.


Ali Diallo, Directeur du festival Ouagahiphop déclarait dans une interview qu’il nous a accordé, je le cite « le hip hop français et américain sont entrain de s’épuiser et d’ici quelques années ils viendront en Afrique pour chercher d’autres couleurs… » Partages tu cette opinion ?
Je suis entièrement d’accord avec ALi Diallo qui sait de quoi il parle et qui a une très grande expérience de la chose, en tant Que producteur, et directeur de waga hiphop. Je pense même qu’ils ont déjà commencé à venir en Afrique pour donner d’autres couleurs à leur hiphop, ça se sent dans les nouveaux sons hiphop Us et français qui sortent actuellement. C’est donc à nous de prendre conscience de nos richesses culturelles, à nous de leur imposer notre hiphop, de les devancer avant qu’ils nous arrachent ça. Evitons de blâmer ce qui Vient de chez nous, notre hiphop est riche, à nous de bien l’exploiter.


Connais-tu le hip hop camerounais ? Si oui avec quel artiste aimerais-tu collaborer ?
Franchement, je Ne connais pas trop le hiphop camerounais, Mais ça me fera énormément plaisir de faire coup tête avec un rappeur camerounais, c’est à dire collaborer avec un. J’avoue que j’entends beaucoup parler du hiphop camerounais depuis un certain moment et je n’entends que du bien, ça fait plaisir. Je sais que aussi que ces temps-ci il ya beaucoup de festivals hiphop qui s’y organisent, car dernièrement ma sœur Priss k a participé à un festival et c’est enjaillant.


02 albums sur le marché, des tournées à travers le monde, Nash vit t elle de son art ?
Faut dire que J’ai fait beaucoup de featuring, mais je n’ai qu’un seul album sur le marche « Zies dedjas » qui est sorti depuis le 15 décembre 2008, Mais qui continue son petit bonhomme de chemin, et qui me fait toujours tourner. Je peux dire Que j’ai le minimum, Mais vivre de son art ce n’est pas évident en Afrique, du fait de la piraterie qui nous tue, et on dépense plus qu’on Ne gagne. C’est dur Mais on continue de se battre, ça ira un jour, j’ai la foi. Dieu que j’appelle le coro JAH est prêt pour nous et on ne va pas sortir sanh!


C’est quoi ton actualité ? (un album en préparation ? une tournée ?…)
Avant de venir au Congo, je revenais d’une tournée européenne qui a duré deux mois et quand je retourne au pays, j’ai des spectacles à honorer, concerts live. Ensuite j’ai des concerts à organiser, et depuis l’an dernier, je prépare mon prochain album que je compte sortir en 2012. Je n’ai pas fini d’exploiter l’album « Zies dedjas » qui est toujours d’actualité. J’ai des clips, des chansons de cet album qui passeront bientôt sur les chaines de télé et dans les radios. Je Ne suis pas djawlys, j’avance molo molo.


Quelques contacts pour tes nombreux fans ?
Pour me joindre c’est le 0022508255744. Email nashflora@yahoo.fr


Ton mot de la fin ?
COMME dernier mot, je tiens tout d’abord à te remercier pour cette interview et cette perche que tu me tends afin de m’exprimer et parler de ma musique. Aussi succès à tous les rappeurs camerounais, ivoiriens, africains en général. Nous devons nous serrer les coudes pour faire avancer le hiphop africain. Paix et Amour chez moi en cote d’ivoire, surtout en Afrique  pour que nous artistes puissions faire notre musique convenablement car un artiste sans scène est comme un homme en kaba (prison).


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