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mercredi, octobre 9, 2024
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Marius Pounde (Chorégraphe et danseur Professionnel): «C’est mon rêve de pouvoir me mettre au service de mon Pays…»

Marius Pounde dit Mario est un danseur professionnel, chorégraphe et interprète Camerounais. Présent dans pays natal, promoteur du festival KALBASS D’ARFRIK, il nous a accordé une interview où il parle de sa carrière et de son programme pour les danseurs camerounais.

Bonjour Mario Pounde, tu es le promoteur du Festival KlaBass d’Afrik, qu’est ce qui t’a motivé à revenir au Cameroun et organiser un tel festival ?

Bonjour, L’idée vient du fait qu’à la base je suis danseur professionnel et depuis que j’évolue à l’international, ce qui m’a donné l’opportunité d’être dans les différentes compagnies où j’évolue on me demandait toujours quelle est la particularité de mon Pays. Et je pense depuis que cette forme de danse se pratique au Cameroun elle n’a pas une plus-value et je pense que c’est à nous les acteurs de ce domaine de la mettre en valeur et de trouver les moyens d’intéresser le grand public par rapport à ce qui se fait. Moi aussi je voudrais amener cette danse à un autre niveau, c’est à dire des danses qui répondent à des thématiques, des danses qui peuvent se pratiquer dans une salle de spectacles. Ce sont des danses qui ont une histoire, qui racontent quelque chose. Il est important aujourd’hui d’éduquer la jeunesse peut-être à travers cette forme d’art. Et je pense qu’à travers le festival KalBass d’Afrik on pourra peut-être mettre la danse au service de l’éducation. Même moi qui danse depuis plus de 10 je ne maitrise même pas la moitié. L’objectif c’est de redonner une plus-value à cette forme d’art.

C’est la première édition et elle se déroulera en 2 phases. La première qui est la phase thématique. Les groupes qui participent auront un thème donné par le jury et doivent répondre à la thématique à travers leur gestuel pendant 3 minutes. A la fin de cette phase le jury qui est un jury professionnel fera une sélection pour savoir qui participera à la phase suivante qui est la dernière. Lors de cette phase les groupes proposeront une prestation freestyle, une prestation de leur choix entre 3 et 5 minutes et le groupe vainqueur sera Kal’Bass d’Afrik d’Or. A la fin de cette compétition l’association Moov Dream donnera un Moov Dream motivation qui sera décerné à un danseur qui aura démontré par sa gestuel, sa hargne et sa prestation individuel durant la complétion. Ce dernier sera choisi par le jury et pourrait appartenir à n’importe quel groupe.

Nous aurons une prestation de Dj Sukam, la présence de l’une des révélations musicales du Cameroun Taty Eyong qui est membre du jury qui fera une prestation, Charlemagne qui est un musicien, un grand danseur-chorégraphe spécialiste des danses du Littoral.

Sur l’affiche du festival KalBass d’Afrique organisé par ton association Moov Dream, nous voyons que c’est un concours de chorégraphie de danse et musique patrimoniale, qu’est-ce que ça veut dire au juste ?

Il faut dire qu’au départ on voulait organiser une compétition de danse et une compétition de percussion, mais n’ayant pas assez de moyen mais aussi de compagnies de percussion, on s’est dit forcément la danse patrimoniale ne se fait pas sans percussion, et voulant mettre en valeur les percussionnistes qui sont aussi des artistes donc on a réuni les deux en restant sur ‘’concours de chorégraphie de danse et musique patrimoniale’’ parce qu’on peut faire la danse patrimoniale sur d’autres musiques, alors il faut que ce soit fait comme à la base. Et notre volonté est de mettre la danse au service de l’éducation. Parce qu’à travers la danse patrimoniale nous voulons redonner une plus-value à cet art mais aussi permettre aux jeunes de s’identifier à cette forme d’art en s’inspirant de ce qui se fait chez nous. C’est aussi un moyen de donner aux compagnies traditionnelles les moments de se professionnaliser un peu plus et de proposer leur danse autrement. Moov Dream organise aussi des ateliers gratuits à Yaoundé et Douala.

Marius Pounde artiste danseur interprète-chorégraphe et aujourd’hui promoteur culturel et ‘’artrepreneur’’ parce que j’entreprends dans l’art. J’ai fait mes débuts il y a vraiment longtemps en 2005 quand la fièvre des battle a commencé à Yaoundé et le premier groupe dans lequel j’ai commencé est le X triller P qui est un groupe mythique dans le mouvement Hip-Hop qui a remporté plusieurs titres. C’était une bande d’amis du même quartier.

Mais aujourd’hui qui a continuer dans le domaine de la danse ?

On peut citer Aristide qui est secrétaire général du mouvement 11 millions de Cabral Libii, Georges Kamsu qui l’un des meilleurs Dj de sa générations qui officie au Bambou Lounge, Flavien qui est aujourd’hui révérend, Fadong est gérant d’une salle de sport, Abada s’est engagé dans l’armée, Christian Essomba et Stéphane sont devenus chanteurs, kristel Bidjono caméraman et moi Marius Pounde danseur interprète-chorégraphe.

Dans quelle ville vit Mario en France et quel est son parcours ?

Je vis nouvellement à Toulouse et je travaille comme artiste danseur-interprète dans 3 compagnies : une à Paris qui s’appelle Dife Kako qui signifie en Créole ‘’ça va chauffer’’ de la chorégraphe Chantal Loael avec laquelle je suis sur la pièce « Cercle égal demi-cercle au carré » dont nous sommes en tournée depuis 2018. En France je travaille aussi avec la compagnie MARAGADANCE du couple chorégraphe Vanessa Lopez et Louis Carlos, et en ce moment nous sommes sur la tournée de Sébastien Costic (transformiste/chanteur) qui est 3ème Lauréat de ‘’La France a un incroyable talent 2013’’. On fait la tournée de certains artistes. La 3ème compagnie pour laquelle je travaille est Next Zone Danemark de la chorégraphe danoise Lene Bowel. Avec cette compagnie je suis sur 2 pièces : ‘’Super Human et global soul’’ qui sont en tournée internationale. Avant de m’envoler pour la France j’ai dansé pour un autre groupe qui est ‘’Extrême Fusion’’. Et entre 2011 et 2017 nous avons créé 5 pièces (IMPACT, MINKANG, MADANG, HIP-HOP MEET CLASSIC) qui ont tourné à l’international. Et je décide de quitter Extrême fusion en France pour tenter une autre aventure parce que j’estimais qu’avec 5 pièces on avait fait le tour. Et aussi avec ce groupe on avait organisé pendant 3 éditions le ‘’Battle X-TREM’’ où on donnait la possibilité aux danseurs d’avoir une plateforme pour s’exprimer et on faisait venir les danseurs de l’étranger pour former gratuitement les danseurs camerounais. Mais le mouvement n’existe plus puisque tous les anciens danseurs d’extrême fusion vivent en France. J’aimerai faire comprendre aux gens que l’on peut vraiment vivre de cet art. Et depuis fin 2018 je suis promoteur culturel et président de l’association Moov Dream Event qui est promoteur du Festival KalBass d’Afrik.

Pourquoi avoir quitté X Triller P pour Extreme Fusion ?

Bah, parce que X Triller P n’avait plus d’activités, On avait essuyé un échec après Malta Guiness Street Dance et à ce moment-là certains avaient déjà un certain âge et ne voyaient pas les débouchés et faisant face aux différentes familles ce n’était pas facile. En 2012, j’ai fait partie d’une aventure formidable, j’ai été retenu après un casting pour une société de téléphonie mobile en tant qu’acteur, danseur et modèle sur cette campagne promotionnelle qui a duré 1 an. Quand je quitte X Triller P je continue à danser tout seul et Extrême Fusion avait un membre qui était parti en Chine et qu’il fallait le remplacer. C’est à ce moment-là qu’il me contacte et je fais chemin avec eux jusqu’en 2017. Il y avait Aurélien, Afrik’1, Stecky Blaise, Yuri et Ernest. En dehors d’Ernest qui est du côté de la Chine, le groupe continue de travailler ensemble en France.

Depuis ton départ est-ce que tu t’es déjà produit au Cameroun ?

Non. Il y a de véritable plateforme qui donne des opportunités aux danseurs professionnels comme moi. Quand je viens au Cameroun je viens juste partager mon savoir-faire en donnant des ateliers à ceux qui le veulent bien. Mais aussi parce que pour la majeure partie des événements qui s’organisent les gens ne veulent pas appeler les danseurs professionnels parfois ils ont peur de ce qu’on peut leur coûter. Il n’y a pas assez d’opportunité au Cameroun. Et il faut noter que j’ai un agenda saturé à l’international avec mes compagnies. Mais j’espère qu’avec le temps à travers mon association avoir plus de temps pour donner l’opportunité à d’autres de danser même si je ne danse pas.

Comment ça se passe avec tes compagnies si jamais elles sont invitées dans un même festival ?

Vous savez tout est professionnel. C’est arrivé en 2018 où 2 de mes compagnies étaient invitées dans un même festival en l’espace d’une semaine ma compagnie danoise et celle parisienne. Mais les agendas sont calés à l’avance parce que chaque compagnie a des agents qui nous appellent et nous demandent notre planning (déplacement, logement, disponibilité…). Et le planning est calé, ces dates ne sont plus disponibles pour d’autres compagnies. Dans certaines compagnies il y a des doublures mais personnellement je n’ai pas eu de dates qui s’accrochent. Mais pour les activités de Moov Dream au Cameroun j’essaye tant bien que mal de libérer au moins 2 mois de mon année parce que où je suis assis là je sais déjà ce que je ferai jusqu’en 2020. C’est un planning bien organisé. C’est un programme assez chargé de l’extérieur mais une fois qu’on est dedans et qu’on est vraiment dans le domaine professionnel tout est calé, bien organisé. Chaque compagnie a une administration. Les réservations, les salles d’entrainement… sont faites à l’avance. Et c’est cette façon de faire que je ne connaissais pas avant et que j’ai appris sur le tas que je voudrais venir inculquer aux compagnies ici. Parce que pour ce faire il faut être professionnel et même pour se vendre. Et dans les activités de Moov Dream nous prévoyons de faire de formations en administration de compagnie de façon gratuite. Comment doit se présenter un danseur ? Comment se présente le CV d’un danseur ? Est-ce que le danseur Camerounais se considère comme un artiste ? Bien d’autres choses. Avec Moov Dream on s’est rapproché de certains festivals par exemple le battle national  où on a primé le ‘’Moov Dream Motivation’’, l’ancien Douala Hip-Hop festival (qui est devenu DOMAF) où on a créé deux plateaux danses et deux compagnies ont participé à savoir la FOKAMAISE et Bantous.

Toi qui es dans 3 compagnies est-ce qu’il ne serait pas mieux de créer ta propre compagnie pour valoriser la danse patrimoniale ?

Non je ne vais pas créer ma compagnie mais je vais créer un spectacle. J’ai plutôt fait le choix de faire danser. Mais je reste toujours dans le combat même avec les compagnies internationales, si vous regardez mes vidéos je reste toujours sur le côté danse patrimoniale. A travers ma gestuelle il faut qu’on ressente mon Pays. Et à la fin du spectacle avec Dife Kako on joue du ‘’Mbol’’ qui est une musique traditionnelle du Cameroun. On reprend une musique d’un musicien camerounais sur scène. Et avec la compagnie danoise lors du dernier spectacle qui a fait le tour du monde et qui s’appelle global soul, on chante l’hymne national du Cameroun. J’ai un collègue japonais et un collègue brésilien et moi le danseur principal je suis camerounais.  Je garde toujours le côté vert, rouge jaune. Il y a beaucoup de pays qui sont représentées : les danses de l’ouest, les danses béti… Je suis aujourd’hui à transformer certains pas. Je ne présente pas la chose de façon brutale. Je modifie, j’adapte et je présente pour que ce soit aussi acceptée de l’autre côté sans toutefois dénaturer ce que le chorégraphe veut.

En 2016 le Cameroun a organisé la CAN Féminine et le chorégraphe de la compétition était un français. Et 5 ans plutard le Cameroun organisera une autre compétition majeure qui est la CAN 2021. Ne penses-tu pas qu’il est temps de proposer tes services ?

Il m’arrive de penser proposer mais je n’avais pas assez de background pour le faire, il faut se dire la vérité. J’ai beaucoup appris à l’international et la chance que j’ai, ce que j’ai une ouverture d’esprit aujourd’hui par rapport à tout ce que je vois, que j’entends et que je fais. C’est mon rêve de pouvoir me mettre au service de mon Pays. Mais à travers le festival KalBass je suis déjà au service de mon Pays et lui rendre ce qu’il m’a donné. Beaucoup ne savent pas que l’édition Miss Cameroun 2013 a été chorégraphiée par moi et j’ai participé à celle de 2014. Mais vous savez qu’on est au Cameroun et pour ce genre d’événement il faut avoir le réseau et tout ce qui va avec. Peut-être c’est aussi parce qu’on reste derrière et on se dit ‘’on attend’’. Par exemple quand vous voyez la mascotte qu’on a proposé pour le CHAN 2019 on se demande est-ce que ça vaut vraiment la peine de proposer un vrai projet surtout quand on voit toutes les mascottes qui étaient proposées.

Quelles les difficultés que tu rencontres depuis que tu évolues à l’international ?

Je pense que nous qui sommes de l’autre côté que ce soit dans le football ou l’art devons dire la vérité. Plusieurs personnes ne disent pas la vérité.  Et c’est ça la première difficulté. Parce qu’on fait toujours croire aux gens qui sont au Cameroun que dès qu’ils vont arriver c’est facile. Il faut se dire que mon pays d’accueil qui est la France, les artistes viennent de partout dans le monde. Juste parce que la France a mis sur pied un statut pour les artistes. Moi j’ai le statut d’intermittent de spectacle que j’ai acquis très rapidement. Et pour acquérir ce statut il faut justifier d’un certain nombre d’heures travaillées et payées qui est de 507 heures en un an. Parce qu’il y a deux statuts à savoir le statut général et le statut d’intermittent de spectacle pour les artistes. Ce statut n’est valable que pendant 1 an. Si tu ne fais pas les 507 heures tu perds ce statut automatiquement. Le racisme ça existe, si on te prend ça veut dire que tu es vraiment meilleur que celui qui est en face. Il faut être deux fois plus performant, trois fois plus motivé, quatre fois plus bosseur et prier le bon Dieu pour ne pas être malade. Parce qu’une fois que ton remplaçant arrive à faire ce que tu fais on ne t’appelle plus. Le danseur qui veut se professionnaliser doit être polyvalent. La majeure partie des danseurs qui s’en sortent en Europe ne sont pas des danseurs Hip-Hop c’est pourquoi j’aimerais donner plus valeur aux danses traditionnelles à travers mon association Moov Dream.

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