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lundi, novembre 4, 2024
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Koppo : « Pour ma carrière le kamer est important, mais il n’est pas assez big »

C’est son retour au Mboa ; Patrice Minko’o alias KOPPO a passé trois mois de résidence de création suite à une bourse que lui a gui la Coopération Française, et aussi grâce au soutien de la société CAMTEL. Le tara est reback avec une tête bien pleine et pas mal de défis à réaliser. Il nous a fait le compte-rendu de ce périple, chez lui au quartier Essos où il nous convié humblement.

Mbombo c’est ton retour de mbeng comme ça ?

Tara, c’est comme tu vois là ; me voici donc à Ongola.

Francho tara, nous on pensait que tu n’allais plus reback hein…

J’avoue que l’idée n’est pas passée loin de moi ; parce que j’ai thing à un moment que dans mon couple avec le public camerounais il y avait « un » qui perdait le temps à l’autre. C’est-à-dire, soit c’est moi qui perdais le temps au Cameroun, soit c’est le Cameroun qui me perdait le temps. Ce qui fait qu’à un moment j’ai vraiment voulu partir et c’est pas les propositions qui manquaient, sauf qu’en regardant ma carrière et surtout mes relations avec la Coopération française qui m’a fait confiance en m’octroyant cette bourse, il fallait bien que je rentre. Surtout que dans ma tête, je savais qu’en faisant un bon album, les portes du monde me seront ouvertes.

Tout s’est bien pass durant ces trois longs mois de création, tara ?

Dans l’ensemble je dirais oui ; la plus belle fille ne peut offrir que ce qu’elle a. Je m’attendais à plus, ça c’est sûr. J’étais un peu frustré parce qu’honnêtement je voulais tourner, surtout avec des sollicitations de la communauté camerounaise -« la diaspora » comme on aime les appeler-, sauf que j’étais sous l’aile d’un Blick Bassy super pris avec son lourd calendrier à l’international, vu qu’il vit un vrai bonheur ces derniers temps. D’ailleurs il vient de voir l’un des titres de son dernier album adopté par la grande marque Apple pour son produit Iphone 6. C’est donc lui, fort de son nom et sa facilité de jouer dans des endroits de choix, qui m’a dit : « Ecoute, je rêve de te voir aussi jouer dans de tels lieux un jour ; pas de t’aligner dans endroits genre les restaurants où les gens passent leur temps aux intrigues etc, un peu comme au pays, bref c’est toi qui vois ». Je lui ai demandé : Comment tu peux me dire ça ? Moi ça me permet de me faire plaisir, de faire plaisir aux gens et de réaliser le rêve de pas mal de personnes qui espéraient un jour me voir chanter pour eux, puisqu’ils sont loin du pays. Bref, je ne lui ai pas caché aussi l’aspect « argent » à se faire. Mais le grand-frère m’a dit : « Laisse tomber l’argent, on va se le faire plus tard ». Voici pourquoi j’ai pas fait beaucoup de spectacles. Mais mbom, j’ai triché une ou deux fois hein ; je suis allé en Suisse sans lui dire (rires).

Sinon, comment est l’ambiance de l’autre côté ?

Disons que j’ai découvert une autre façon de vivre ; durant ces mois j’étais enfermé dans une pièce. Quand on disait résidence pour la création -et vu qu’on était super bien logé à plein cœur de Paris, dans une bâtisse sympa, disons à quelques centaines de mètres de la Tour Eiffel-, je me disais qu’on nous réveillerait le matin et qu’après on aurait droit à des cours de chant, d’écriture, de danse, bref une sorte d’école d’art quoi. Que non ! C’est vrai que tu ne manques de rien, tu es logé, nourri, tu ne payes pas de facture, bref tu as 5 000 Euros à gérer : soit 4000 et le reste versé après avoir rédigé ton rapport.

Hein tara…

Je ne les ai pas encore encaissé tara ; sinon je ne vous aurais pas reçu ici dis donc. Tu ignores quoi ? (Rires) Pour revenir à la création, je disais tantôt qu’il fallait tous les jours te lever et « créer », puisqu’au finish tu devais te rendre à l’Institut français et à la Cité Internationale des Arts (où nous étions tous logés), montrer le résultat tes recherches ou de ta création. Ma date à moi était le 18 Juin, et je me suis produit en spectacle ; j’y ai fait 08 chansons dont 4 du premier album, 3 du nouvel album et un titre que j’ai l’habitude de chanter lors des occasions depuis bientôt cinq ans et qui ne figure ni dans le premier album ni dans le second. Je me suis fait pas mal de contacts, je dois dire que j’ai profité de cette expérience mollah, et avec les rencontres d’autres artistes venus des quatre coins du globe j’ai beaucoup appris surtout. Je me souviens qu’à ma gauche il y avait un américain qui faisait de la musique classique, à ma droite il y avait une italienne, et plus loin j’avais un super feeling avec un irakien qui faisait de la peinture. Près de 200 têtes venues de partout, selon des périodes spécifiques (3 mois, 6 mois voire même 1 an). Je ne pouvais pas être pote avec tout le monde, vu qu’il y en a qui ne sont forcément pas contre des rencontres, mais qui ne savent pas aller vers les autres ; je parle là des asiatiques, mais j’ai finalement eu un feeling avec une coréenne et nous sommes restés bon amis.

Qu’est-ce qui a changé en toi et quelle réalité as-tu retrouvé, une fois au mboa ?

J’adore cette question parce qu’en même temps elle est très délicate et très pertinente aussi. Qu’est-ce qui a changé en moi ? Je dirais que j’ai vu des choses autrement ; j’ai vu comment le Cameroun était important, mais comment malheureusement, il n’était pas si big. J’ai compris que dans ma tête je me devais d’avoir d’autres défis. Là-bas, en marchant dans la rue, personne ne m’interpellait, mis à part une dizaine de camerounais qui me reconnaissaient comme KOPPO sans plus. Ce qui veut dire que je pouvais m’asseoir au bord de la route déguster un fromage ou danser tout simplement que personne ne s’en aperçoive. Alors je me suis promis qu’il faille qu’un jour je fasse un album qui cartonnerait, afin que ne serait-ce que le ¼ de ces personnes qui ne me connaissent pas du tout, puisse me dire : « Hey ! On vous connait ! », juste parce qu’il m’aurait vu à la télé. Le  monde est tellement grand, Dariche. Ce qui a changé en moi c’est aussi la vision de ma musique ; Blick Bassy m’a proposé d’autres sons, il m’a proposé une autre façon de faire les choses, mais en tant que camerounais ou citoyen camerounais j’ai aussi pu me rendre à l’évidence que beaucoup de nos frères nous bluffaient. Certains qui venaient se la raconter ici au mboa, n’ont vraiment pas la vie qu’ils veulent bien nous faire croire, et surtout pas des carrières qu’on imagine. J’ai eu l’occasion de voir où ils jouent, j’ai vu comment ils vivent… Ecoutes j’ai envie de dire à mes broda qu’ils peuvent partir, car autrement je n’aurais pas écrit « Si tu vois ma go » ; mais qu’ils partent la tête haute avec pour conviction de réussir. Moi, si je vais à mbeng, ce n’est pas pour l’argent mais pour chercher le bonheur.

Donc les gars là-bas, waaar franchement ?

Je dirais que la moitié de ceux que j’ai croisés, veut rentrer ; oui, certains se demandent même pourquoi ils sont partis ! Sinon, honnêtement, il y en a qui ont réussi et vivent convenablement ; ils ont réussi à s’intégrer. Tout le contraire de ceux qui ne vivent que dans les métros ou dans leur cercle camerouno-camerounais. Donc je ne sais pas trop si j’ai changé, mais je reste convaincu que je ne suis plus le même KOPPO d’avant cette expérience. Je vois les choses autrement. Pour ce qui est de ma carrière, je pense que le Cameroun est très important, mais il n’est pas assez grand.

Pour revenir à ton « deuxième » album, quelques années le séparent du premier…

(Il m’interrompt) En tout « 11 ».

Je ne voulais pas donner le chiffre, bro ; mais bref, estimes-tu que finalement, c’est pas si mal qu’il arrive aussi tardivement, cet album ?

Là je réponds tout de suite : C’est même très mauvais qu’il arrive plus de dix ans plus tard. Les albums sont des éléments clé de nos carrières ; ils nous permettent d’enrichir notre carnet d’adresses, nous permettent de voyager, de grossir notre CV, nous permettent de vivre tant qu’il y a des entrées, et apaisent nos cœurs parce que faire le choix d’être un artiste c’est pas du tout évident, tant auprès de la famille qu’auprès de la société. Mais mon premier album m’a donné tout ça. Il m’a offert la sympathie, l’estime des gens que je n’imaginais jamais rencontrer dans ma vie. Il m’a fait prendre mon premier avion, il m’a fait rêver, il m’a tout donné. Il m’a même fait draguer facilement (rires). Aujourd’hui, à l’attente du second, il y a une pression énorme. Beaucoup me diront : « Non, non, non t’as pas droit à l’erreur man ; tu as eu 10 ans de repos, dix ans d’inspiration et de motivation… »

…plus un visa pour la création !

Justement, plus un visa pour la création, et plus un financement de la CAMTEL… Bref, ils diront que j’avais tout. Alors je dois assurer, et j’estime que tous ces soutiens sont mérités au vu de ce que j’ai pu apporter à l’univers culturel du pays. Tu sais, la jalousie sait devenir un sentiment normal, alors je me suis toujours mis dans ma tête que je ne dois pas être jaloux des autres ni de leurs succès, car si ça a marché une fois pour moi, alors ça marchera encore. Avec mon premier album, je continue de tourner ; j’ai des sollicitations pour pas mal de manifestations notamment des mariages, des incroyables anniversaires… Et entre temps je me suis occupé en radio avec mon programme « CHEZ KOPPO », quelques rôles dans des films, et j’ai même été commercial à CAMTEL ; donc je ne me suis jamais ennuyé, et je n’ai jamais eu à me gaspiller  dans les kongossas de bas étages.

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