C’est le buzz du moment ; comme une trainée de poudre, le phénomène Baabah déferle sur tout le triangle national et gagne peu à peu l’extérieur. Cette fameuse danse « du grand-père » esquissée par Samuel Eto’o en réponse aux plaisanteries de mauvais goût de son ancien coach à son endroit. Les taras nous ont accordé ce djoss qui suit…
How les gars ? Le succès ne vous dérange pas trop ?
Aka, comment noon ? Nous on est préparé à ça from. C’est vrai qu’en intensité, c’est plus que ce qu’on espérait, mais bon on gère.
Alors à quand débute l’aventure ?
En 2005 plus précisément, avec le concept Le Konlait, qui a beaucoup tourné : « Mbolo mbolo mbolo Yabele mbolo… C’est le lait… » -pour ceux qui se souviennet-, bref c’était un mélange du rap et du coupé-décalé. Par la suite on a essayé dans le chant, mais ça ne marchait pas trop (rires) alors on a trouvé des petites astuces pour rendre notre style plus accrocheur, d’où le rythme Baabah qui prend la mayonnaise en ce moment. Il faut dire que l’album Africa d’où Je viens qui avait 11 titres avait été sorti et c’est après cet épisode que nous nous sommes mis à sortir des singles entre 2013 et 2014 pour annoncer notre prochain album qui verra le jour au courant de cette année.
A la base vous faites dans la réalisation-vidéo ; c’est ça ?
Oui, nous sommes des techniciens, nous faisons dans l’audiovisuel, bref tout ce qui est montage audio et vidéo. Nos clips sont produits et réalisés par nous-mêmes.
Et c’est quoi le nom de votre structure ?
La structure c’est National Dream.
Ok, et vous aviez votre chaine de télé, à ce qu’il parait ?
On ne va pas dire que c’était une grosse télé hein, tara. Nous émettions juste sur câble et la chaine c’était VISIO Tv qui a fait un buzz terrible. Mais aujourd’hui nous n’émettons plus…
Mais avec tout ce que vous ramassez comme gombo à gauche à droite, il faut relancer nooor ?
Hum, tara une télé, ça nécessite beaucoup de moyens et aussi beaucoup d’énergie hein. Et vraiment, big up à tous ceux qui le font car c’est pas du tout évident. En plus, nous voulons pleinement nous concentrer à notre carrière artistique, à la limite, aux montages et réalisations des spots et clips vidéo.
Sinon, depuis que le phénomène Baabah a pris, c’est quoi la fréquence de vos spectacles ? Disons en une semaine, vous vous produisez combien de fois ?
Honnêtement, nous ne dormons même plus dans nos lits ; nous sommes toujours en déplacement et on a un peu de mal à s’adapter car il nous arrive très souvent de tomber malade, et il y a nos téléphones qui se déchargent toutes les heures. Bref, Dieu nous a permis de voir le soleil et la Lune, et à nous d’être à la hauteur. Nous lui rendons grâce pour tout cela. En même temps, il faut reconnaitre que ça fait plus de 11 ans que nous sommes dans l’ombre et quelque part nous nous sommes un peu préparés à ça, sauf que c’est un peu plus costaud qu’on ne le pensait (rires).
Vous savez, très souvent le danger c’est qu’arrivé à une certaine dimension, il devient très difficile d’y rester ; alors comment calculez-vous vos prochains tubes, sachant que désormais le public sera plus exigeant vis-à-vis de vous ?
Qui vivra verra ; ceux qui nous suivent depuis le commencement savent qu’on grimpe toujours, on ne recule pas. Il y a eu le Konlait, Elle me rend dingue, Elle est Bamiléké, etc. Baabah est là, mais d’autres sont déjà dans les disques durs.
Y aurait-il déjà des sollicitations à l’international ?
Ah ça oui, mais honnêtement on a préféré faire plaisir au pays tout d’abord, et on assume ce choix. Vous savez, il faut se préparer à tout ; c’est pas parce qu’on vous sollicite qu’automatiquement vous allez sortir, histoire de vous remplir les poches. Il serait préférable de s’assurer qu’on y va pour frapper encore plus fort et marquer les esprits. Sinon, d’ici peu, si vous appelez et que le numéro ne passe plus, sachez qu’on est peut-être chez l’oncle Sam.
Bon, mais là nous avons une inquiétude ; d’aucuns voudraient bien savoir qui produit vraiment les Featurist ? Est-ce une autoproduction ? Est-ce une co-production ?
Les Featurist se sont toujours produits eux-mêmes ; seulement, depuis un moment, on a compris que pour mieux avancer, il est important de bosser avec une structure sérieuse. Alors nous sommes actuellement sous la charge de la structure White House Music. Donc WHM s’occupe plus de l’aspect Marketing, mais nos sons et nos vidéos, nous nous en occupons nous-mêmes.
Mais avec vos tournées, est-ce que vous trouvez encore le temps de travailler pour d’autres artistes ?
Bien sûr, c’est une question d’organisation ; nous avons travaillé avec Marole Tchamba, Mathematik de Petit Pays, Mony Eka, Njohreur, ils sont nombreux. Là nous préparons la sortie de deux autres artistes.
Ok dites-nous la vérité ; à combien s’élève les frais d’une réalisation complète d’un vidéogramme chez National Dream ?
Bah, ça dépend du clip voulu et du concept…
Ok, on va dire un clip à la Baabah…
Un clip comme le nôtre il va falloir s’attendre à débourser trois millions et demi.
Hein ?
Vous avez bien entendu. Si on tient compte des dépenses, je vais citer la location des voitures –parce que celle que vous voyez dans le clip nous a coûté 100 000 frs à raison d’une heure ; et nous avons fait au moins cinq heures de tournage avec elle-, il faut entretenir les figurants, il faut les tenues, il faut gérer les machinistes, les cadreurs, repérage des sites c’est toujours vous, autant de choses, avant d’en arriver à la réalisation et au montage final.
Et on comprend que c’est un investissement…
Bien sûr, et c’est ça le gros souci chez nous ; beaucoup ne veulent pas oser, ils se disent : « J’ai un bon son, c’est suffisant », or ce n’est qu’une étape parmi tant d’autres car il faut un clip qui va avec et capable d’être diffusé à l’international, une bonne promo etc.
Tout le monde danse Baabah, et scande le nom Featurist ; mais est-ce que vous êtes restez les mêmes ?
Déjà nous avons gardé nos mêmes numéros de téléphone, nous mangeons toujours nos beignets haricots, par contre on prend plus les taxis et en course ; mais les motos et nous… on va dire que c’est juste pour l’image hein, les frères moto-taximen pardon ne nous en voulez pas trop. On dira que ce sont même nos amis qui nous fuient depuis un certain moment. Tu appelles même, mais il réagit bizarrement, alors tu te dis juste que c’est pas toi qui as changé, mais ton entourage.
Vous avez maintenu vos mêmes chats morts du kwatt? Ou bien vous visez plus haut avec des nga trop class un genre un genre ?
(Ils éclatent de rires) Bro, c’est vrai qu’on n’est pas marred, mais nos cœurs sont pris hein, pardon ne nous affiche pas.
On va se quitter à présent, mais non sans un mot à l’endroit de la jeunesse, et surtout de nos valeureux soldats au front…
Déjà merci à Kamermoov.com et culurebene.com pour tout ce qu’ils font pour nous, c’est notre toute première interview chez vous mais on a l’habitude de lire les autres et aujourd’hui c’est à leur tour de nous lire (rires). Bref, à la jeunesse on ne peut que dire courage car l’avenir c’est devant, et à nos valeureux soldats restez déterminés car nous sommes avec vous. Quant à Boko Haram, on sortira des sons pour vous détruire musicalement.
Par Dariche Nehdi