NB Saim : « la jeunesse camerounaise a perdu nos valeurs culturelles »
Bonjour NB Saim, merci d’accorder cet entretien à kamerhiphop.com, en quelques mots, peux tu te présenter à nos internautes ?
Salut voila je m’appelle Nnanga Bengondo Marie Solange (NB Saim), je suis une jeune camerounaise originaire du centre, plus précisément d’Akonolinga, une bonne béti (éwondo) quoi ! Je suis née en 1982 et je réside à Yaoundé.
Pourquoi avoir choisit cet art ? quelles ont été tes motivations ?
Je n’ai pas vraiment choisi ! En fait quand j’étais petite, je jouais avec mes poupées à réaliser leurs tenues et ma mère en me voyant à « l’œuvre » m’a proposée de m’inscrire dans l’enseignement technique après mon cycle primaire. Donc en parlant de motivations, c’était d’aller me perfectionner de l’autre côté et d’être une styliste de haute qualité, avoir une maison de couture dans mon pays et d’en former d’autres comme moi ! Je profite ainsi pour lui faire un clin d’œil, à ma mère !
En tant que l’une des stylistes les plus jeunes du Cameroun, quel regard poses-tu sur la jeunesse Camerounaise ? en tant que acteur du développement culturel de celle ci, a tu des projets pour elle ? si oui comment comptes-tu procéder ?
Je trouve que la jeunesse camerounaise d’aujourd’hui a quelque part perdu nos valeurs culturelles et les perd davantage et c’est dommage parce qu’on a assez de richesses pour en faire des tendances ! C’est nous qui devons promouvoir ces richesses de génération en génération de façon à maintenir nos cultures existantes, une sorte de retour aux sources au file des temps, s’inspirer si possible des valeurs d’ailleurs tout en se focalisant premièrement sur les nôtres.
Mes projets pour la jeunesse camerounaise si Dieu me garde, que j’achève mes différents stages et que je m’installe à mon propre compte, je pourrais amener les jeunes à se vêtir beaucoup plus de façon africaine, à des coûts bas avec des tissus locaux tels que le pagne, le Bazin, le ndop – un tissu de la région de l’ouest Cameroun- pour ne citer que ceux là.
Comment peux-tu définir ton style ? quelle et ta cible ?
J’ai un style classique et branché (rires) ! Je m’explique : je prends un style responsable ou sérieux que j’associe au style jeune, dégagé ou même animé avec des couleurs gaies, de la décoration avec les perles, la paille, les ficelles et le pagne. J’aime également accompagner ce style avec des accessoires comme les bijoux, les sacs à main etc. Ma cible c’est principalement les jeunes mais je cible aussi les adultes et les enfants ! Bref le style pour tous !
Quelle place occupe le hiphop kamer dans ta vie ?
Je commence vraiment à m’intéresser au hip hop kmer à travers ma petite sœur qui fait dans la danse et un peu dans le chant (Taty), et aussi à travers des amis chanteurs TallXman, Juddah, Océan, Jahmissa, One menthong, Sultan Oshimin entre autres. C’est grâce à eux que je découvre de plus en plus d’autres artistes du milieu hip hop par des concerts, des spectacles notamment ceux organisés par l’équipe du kamerhiphop show. Je trouve que le hiphop kmer évolue plutôt bien et c’est une bonne chose pour nous les jeunes, les opportunités comme les ouvertures existent dans la danse, la mode, la peinture, le slam par exemple et ça me permet déjà de m’y impliquer en habillant les danseurs et déjà les artistes ! Je tire en passant un chapeau à tous les acteurs de cette évolution.
Aujourd’hui grâce a ce que tu fais, tu te positionnes comme l’un des principaux porte flambeau de la culture Camerounaise, la culture urbaine en occurrence, a cette effet, quelle est ta contribution dans son évolution ?
Plus haut, je parlais d’implication, donc de contribution. La mode est une sorte de routine dans le temps, c’est-à-dire les tendances du passé reviennent dans le présent pour être améliorées, retouchées et puis on oublie pour les réveiller encore, de façon perpétuelle. J’amène donc un style particulier à base de mes inspirations à ces tendances passées dans la culture camerounaise. Je veux inciter les gens, à travers moi, à porter et à garder notre flambeau culturel très haut en adoptant ce style qui prône et promeut les valeurs et les richesses culturelles que nous avons.
Tu as présenté ta collection lors de la dernière édition du kamerhiphop show tenue le samedi 26 juin 2010, de quoi s’agissait-il exactement ? et quelles ont été tes impressions par rapport au déroulement de cette édition ?
Je suis satisfaite dans l’ensemble ! Ce fut très cool, sympa un peu inattendu, en somme encourageant et agréable ! Un clin d’œil à l’équipe du kamerhiphop show ! Comme toujours, vous savez que la mode tourne autour d’elle-même. Vous trouverez dans mon style, je me répète, un mélange d’ici et d’ailleurs. J’ai donc voulu ressortir par ma collection « patchwork au féminin » l’effet de miroir en représentant d’une part la jeune fille ou femme relaxe, cool et décontractée dans des tenues de détente avec une signature qui est la mienne en faisant un travail à base de t-shirt relookés par des accessoires reflétant notre culture tels que le pagne, les cauris, les perles, mais aussi les paillettes et du fil à coudre. D’autre part, la jeune fille ou femme classique qui arbore des tenues de cocktail, de cérémonies, bref de quoi se vêtir pour des endroits chics, et classe, des tenues de soirée. Dans ce style classique, je me suis inspirée des robes bustiers et des ensembles corsets et jupes droites en fuseau légèrement ballonnées par le bas avec des matières tels que le pagne, le Bazin, la paille naturelle et synthétique, le satin de soie avec les mêmes accessoires assorties de bijoux et de sacs à main. Je remercie tout particulièrement les mannequins qui m’ont aidé de manière bénévole à la présentation de cette collection. C’était une belle expérience, j’ai apprécié et je n’hésiterais pas à la présenter de nouveau dès que l’opportunité me sera donnée ! Et j’incite les jeunes comme moi à participer à de telles initiatives que le kamerhiphop show qui prône le nouveau talent.
Quels sont tes projets pour le futur ?
Pour le moment je continue mes stages comme je le disais plus haut. Mes projets futurs c’est de finir avec ces stages, créer ma propre boite et si possible former des jeunes qui veulent apprendre la couture, le modélisme et le stylisme. La réalité c’est qu’on ne finit jamais d’apprendre mais il ya un moment où l’on sait qu’on doit se lancer et le moment pour moi n’est plus loin, tout dépendra de la volonté de Dieu mais je garde la foi !
Quelques contacts utiles ?
99 62 61 38 ; ngalisaim@yahoo.fr
Un message à l’endroit des hip hoppeurs, de tes fans et des internautes ?
Je remercie déjà l’équipe du kamerhiphop de m’avoir sollicité pour la cinquième édition de leur show à pouvoir m’exprimer à travers ma collection. Je les félicite et je les encourage à continuer sur cette lancée et de toujours faire mieux pour promouvoir la culture urbaine camerounaise. A l’endroit des fans, des internautes et des hip hoppeurs, restez toujours jeunes quelque soit l’âge et savoir écouter, dialoguer, conseiller, juger, discuter, apprécier, dire merci, éviter trop de bruit inutile mais du bruit qui véhicule des messages tout en restant raisonnés et raisonnables. Merci d’être là pour moi et de m’apporter de votre soutien, votre joie de vivre ça m’aide psychologiquement dans l’amélioration de mon travail présent et futur. Merci aussi à ma famille, mes ami(e)s et un coucou spécial à Martial Tapolo, styliste camerounais qui est un model pour moi ; et pour tous ceux dont j’ai oublié, Merci !
Questionnaire de Proust. Répondre par un mot ou une phrase.
Ta vertu préférée ? La loyauté.
Le principal trait de ton caractère ? Je ne me laisse pas marcher dessus.
Ta principale qualité ? Généreuse.
Ton principal défaut ? Beaucoup raisonner les gens.
La faute que tu ne supportes pas ? La moquerie.
L’être qui a le plus compté dans ta vie ? Ma mère, et qui compte encore !
Quel souvenir veux tu que les gens gardent de toi ? Ma simplicité, mon naturel et ma disponibilité à aider mon prochain.