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mercredi, octobre 9, 2024
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YaoBobby [Djata Kan] : « le hip hop africain doit avant tout se revendiquer comme tel et avoir confiance en ses racines, en

Mia Wezon (bienvenue, ndlr), Kamerhiphop.com est à Lomé !
Contrairement à ce que beaucoup pensent, le Togo a aussi son mot à dire dans le milieu du rap en Afrique. Et le groupe Djanta Kan, un de ses ambassadeurs, est un exemple vivant du dynamisme et du talent que regorge le hiphop togolais. YaoBobby, le leader de ce groupe mythique nous a reçu le temps d’une interview. Rencontre…


Kamerhiphop.com : Que veut dire Djanta Kan ?
Yaobboby : Merci Ebah et merci à Kamerhiphop.com. Djanta signifie le lion en mina (la langue du sud du Togo). C’est le symbole de la puissance, de la force. Il montre aussi que nous sommes fortement ancrés dans l’histoire de notre Continent car Djanta fait référence à Sundjata Keita.
Kan, c’est la canne, elle représente la sagesse, la stabilité, la confiance.
Le groupe Djanta Kan s’érige ainsi en modèle, en force positive et engagée.


Depuis quand votre groupe existe-t-il et comment s’est-il formé ?
Le groupe existe depuis 1996, c’est la rencontre de plusieurs personnalités déjà présentes dans le hip hop togolais, notre envie d’apporter notre pierre à l’édifice de la culture rap de notre pays, notre motivation à bouger les choses et les idées qui nous a réunis. Et notre collectif s’est solidifié autour du travail rigoureux et notre foi en ce que nous faisons.


Vous avez sorti deux albums sur le marché (Agbea Dzezo en 2003 et Doto! en 2005, ndlr). Pouvez-vous les présenté aux internautes ?
Ce sont deux albums très différents mais notre esprit africain est très présent dans chacun d’eux. Pour le premier « Ageadzezo » (qui signifie la vie est dure) nous nous sommes beaucoup cherchés, nous avons beaucoup galéré, nous avons fait de très bonnes rencontres (André de Berry Quenum à Cotonou) et nous avons défini notre propre style, le Djanta Hip, un mélange des nos musiques traditionnelles et du Hip Hop.
Le second album « Doto ! » (Tais toi et écoute) a été réalisé dans un contexte politique particulier, après la mort du président Eyadéma (au pouvoir depuis 37 ans), nous avions beaucoup de choses à dire et nous savions, après le succès du 1er album, que nous serions écoutés. Nous avons enregistré au Togo, au Bénin, au Ghana, au Burkina… nous avons été soutenus par le Centre Culturel Français de Lomé… c’était l’album de la confirmation, nous nous sommes permis d’aller plus loin dans notre recherche musicale et dans nos textes.
Depuis, en 2006, nous avons également monté notre propre structure, Arts2Rues, créé un studio d’enregistrement à Lomé, animé des ateliers de formation et d’écriture, et produit une compilation « Afreek’1(s)« , sur laquelle ont posé des artistes de 5 pays d’Afrique, dont les camerounais Negrissim. Cette compilation réunissait les artistes autour d’un seul beat sur le thème de l’unité africaine.


Par ailleurs, l’on annonçait pour cette année 2010 la sortie de votre 3ème album où en est le projet ? Quelle sera sa coloration musicale et thématique ?
Le groupe Djanta Kan a été très sollicité ces dernières années pour faire partie de projets d’envergure (Je suis membre du réseau Artistes Unis pour le Rap Africain (AURA) aux côtés d’Awadi, de Smockey, Xuman…). Nous avons participé à des compilations (Nous sommes les tams-tams de l’Afrique avec Youssou N’dour, Afrolution vol.2 avec Tumi and the Volume entre autres…), nous avons joué un rôle actif dans les films phares sur le hip hop africain (Fangafrika du collectif Stay Calm, Doto de Jérémie Lenoir – qui porte d’ailleurs le nom de notre album)
Actuellement nous sommes en France pour la réalisation de notre troisième album. Nous nous inspirons de toutes ces rencontres, nous avons beaucoup de morceaux, il va falloir faire des choix… Dans cet album, notre identité africaine sera encore plus forte, nos voyages nous ont permis de ressentir à quel point l’importance de nos racines est forte. Bien entendu nous sommes toujours aussi engagés et positifs. Cet album se prépare entre Paris, Zürich (Suisse) et Lomé (Togo), cela demande beaucoup d’organisation, mais nous promettons à ceux qui nous suivent de grandes surprises musicales.


Vous revendiquez une certaine identité culturelle dans votre rap à travers notamment un style propre à vous le « Djanta hip ». Est-ce à votre avis la solution pour hisser le hip hop africain au niveau mondial ?
Bien entendu, nous sommes des africains et notre rap se doit de l’être. Notre réalité africaine ne put s’exprimer dans une pâle (ou même une copie réussie) copie de Hip Hop américain ou français. Nous ne sommes jamais meilleurs que lorsqu’on s’exprime dans nos langues africaines, nous seuls savons utiliser les rythmes de nos pays, les comprendre et donc les transmettre. Le Hip Hop africain trouvera sa place sur la scène internationale uniquement s’il reste lui-même, c’est essentiel !


Pour avoir côtoyé Krotal, Lady, Ak sang Grave (au festival Gabao en 2006) ou encore Negrissim (sur la compile Afrolution Vol 2), comment appréciez-vous le niveau du rap Camerounais ?
Le rap camerounais est d’une très très grande qualité. Nous suivons de très près ce que nos frères Kmer font. Lady B est une très grande dame du Hip Hop africain, et nous travaillons très régulièrement avec nos amis Negrissim qui nous surprennent à chaque fois par la qualité de leur plume et de leurs prods. Prochainement d’ailleurs nous allons jouer à Paris avec eux, ce sera une fois de plus un très grand plaisir de les retrouver sur scène.
Krotal fait partie des grands, de nos modèles ! C’est vraiment dommage qu’entre les pays africains on ne puisse pas écouter les rap des autres pays… c’est d’ailleurs le but de notre structure, faire la promotion des artistes des autres pays africains. C’est quand même dingue qu’on trouve plus de 50 cent que de Krotal à Lomé !


Connaissez-vous d’autres rappeurs camerounais ? Si oui lesquels ?
On vient de découvrir le collectif hip hop du Sahel mais on n’a pas encore eu le temps de retenir les noms de tous les artistes. J’ai l’impression qu’une fois de plus le Cameroun frappe très très fort. Sinon non pas assez, comme je le dis plus haut, c’est compliqué d’écouter ce qui se fait dans les autres pays d’Afrique.


Que pouvez-nous dire à propos du rap Togolais ?
La situation au Togo est tellement compliquée, la vie est très dure. Pour le moment il n’y a que Djanta Kan qui arrive à bouger et représenter à l’extérieur du pays.
Ces difficultés font qu’il y a énormément de talents peu connus mais qui ont beaucoup de choses à dire. Chez nous il n’y a quasiment aucune structure de prod, quelques studios fonctionnent mais les coupures d’électricité rendent le travail très difficile. Espérons que les choses s’améliorent car nous entendons vraiment de très très bons artistes qui ont du mal à finaliser leurs albums.


Vous avez participé au deuxième volume de la compilation Afrolution, comment avez-vous vécu cette expérience ?
Le plus simplement du monde. Nous avons été très honorés que Afrolution et Marie-Agnès Beau s’intéressent à notre travail. C’est vrai que le morceau AVOUDE est devenu notre titre phare car il est l’esprit même de ce que nous souhaitons faire et transmettre. Nous avons aimé travailler et découvrir les autres artistes présents sur cette compilation, et nous sommes très heureux de l’accueil qui lui est réservé en Europe, dans le monde et auprès de l’ensemble des médias et du public que nous rencontrons.


On te retrouvera bientôt sur la mixtape américaine « Nomadic Wax Diapora mouvement » Parle nous un peu de cet autre projet.
Effectivement c’est un projet qui me tient vraiment à cœur, YaoBobby représentant du Togo sur une compil aux USa, ça claque, non ?
Je trouve que Nomadic Wax a tout compris de ce que font les rappeurs africains et se battent bien pour représenter nos idées. Le thème de la compil parle de la diaspora africaine, je compte poser un texte dans ma langue véritablement percutant et personne ne pourra m’oublier !


Quel meilleur souvenir gardes-tu de ta carrière musicale ?
Je n’ai que des bons souvenirs de ma carrière musicale, j’aime écrire, créer et par dessus tout monter sur scène.
Personnellement j’ai un excellent souvenir de mon concert à la Villette à Paris avec Didier Awadi, une grande salle, une très bonne acoustique, des musiciens excellents…
Nos 4 concerts en Suisse sont aussi un très bon souvenir du fait de l’accueil qui nous a été fait, et puis l’esprit sound system où nous nous devons d’improviser, nous adorons ça.
Je suis très fier aussi du concert que j’ai organisé avec ma structure Arts2Rues à Lomé pour la venue du collectif AURA et qui a réuni près de 15 000 personnes, un vrai succès après des semaines de travail très dur et de nuits sans sommeil !


En juin 2007 vous avez crée votre studio d’enregistrement Arts2Rues ; quelles sont à ce jour vos réalisations ?
C’était en 2006. Nous avons réalisé comme je le disais plus haut la compilation « Afreek’1(s)« . Et nous avons produits plusieurs sons pour le groupe Djanta Kan évidemment. Par ailleurs nous avons beaucoup utilisé ce studio pour faire travailler les jeunes artistes, les former, leur donner des conseils. Malheureusement notre studio a cramé suite aux trop nombreuses coupures d’électricité£. Nous avons perdu beaucoup de choses mais sommes toujours aussi décidés, motivés et actifs. L’association existe toujours, elle travaille avec beaucoup d’associations partenaires en Europe. Nous avons organisé ce grand concert pour la venue d’Aura à Lomé et nous travaillons actuellement sur un projet de compilation Hip Hop féminin africain.


Comment à votre avis développer le hip hop africain et le rendre davantage compétitif au niveau mondial ?
Les artistes sont là, ils travaillent, mais il nous manque des structures pour les accompagner, il manque du matériel pour que nos sons soient d’aussi bonne qualité que celle des studios européens ou américains.
Le hip hop africain doit avant tout se revendiquer comme tel et avoir confiance en ses racines, en sa force ! Nous devons garder notre énergie positive et notre message d’ouverture et d’espoir, c’est ce qui nous caractérise le mieux.


YaoBobby, on te voit parfois seul sur scène et parfois accompagné des autres membres du groupe Djanta Kan, pourquoi ?
Oui je travaille également en solo avec un percu et un guitariste. Dans Djanta Kan nous pensons qu’il est important de développer aussi ses projets personnels, ce n’est qu’un plus pour le groupe. J’écris vraiment beaucoup de textes, certains sont vraiment plus personnels, me touchent moi, d’autres sont dans la verve engagée du groupe, je trouve ça très enrichissant de travailler sur ces deux fronts.


Un dernier mot ?
Merci à kamerhiphop.com pour cette interview et nous espérons bien venir mettre le feu sur les scènes camerounaises.
Djanta Kan sera sur scène en novembre à Nantes et en décembre pour le Waga Hip Hop à Paris. Visitez notre site, toujours en évolution, où vous pouvez trouver nos dates, nos photos, nos vidéos et quelques exclus… www.djantakan.jimdo.com

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