Sangoa Mboa : « le hip hop c’est ma vie… »
Connu plus par son style de rap hilarant que son flow qui n’est pas moins ravageur, Sangoa Mboa a su garder la même fraicheur de son talent depuis 1993, année où il se voue corps et âme au mouvement hip hop. Sociétaire du Label Zomloa Recordz en 2002, le créateur de Ngokoma Vibe appartient désormais au label Red Zone qui s’apprête à produire son tout 1er album solo de 15 titres. L’équipe de Kamerhiphop s’est échangée avant le vaillant soldat.
On a longtemps annoncé l’album de Sangoa Mboa, aux dernières nouvelles il serait entrain de sortir plutôt cette année 2012 et portera la signature Red Zone. On est bien tenté de vous poser la question, depuis ce temps est ce qu’il y’a quand même eu des singles ou des Streets albums que vous aviez commis ?
Euh, non. Je n’ai jamais eu à commettre un album solo. J’avais intégré la Zomloa Famillia en 2002 où j’ai participé dans pas mal de projets avec DJ Bilik, Bobby Shamahn, Sultan Oshimihn… donc pas d’album solo, mais j’ai fait des maxi et participé à plusieurs compilations.
Et on se souvient bien que votre pseudo Sangoa Mboa qui en Douala signifie « Chef de Famille », vous a été attribué lors de votre arrivée à Yaoundé…
Oui, c’est vrai. C’est un frère qui me demande un jour : « pourquoi te fais tu appeler Nya Moro, sais tu au moins ce que ce mot signifie ? » je lui réponds oui, ça veut dire grand-frère ou chef de famille, un truc comme ça. Alors il me dit « Tu es Douala n’est ce pas ? Alors comment ça se dit en Douala ? » Je lui dis Sangoa Mboa. Et il a trouvé que ça sonnait mieux. Depuis ce jour ce nom est resté et je n’ai jamais oublié ce frère Béti.
Après ce temps, vous restez le même Sangoa Mboa qu’on a toujours connu, toujours aussi dynamique, on peut aisément percevoir la même envie, le même amour dans vos yeux… qu’est ce qui vous a permis de rester intact durant ces moments ?
Quand on aime ce qu’on fait, on ne peut pas se permettre d’être dérouté. J’aime le hip hop, le hip hop c’est ma vie. Passez 20 ans dans un milieu et le lâcher, c’est presqu’impensable. Je ne sais rien faire d’autres que de la musique. Je joue au piano, je chante aussi en dehors du rap. Voyez un mec comme KRS one qui malgré le temps est resté dans le Punchline, Snoop est toujours respecté, donc pour dire qu’on ne vieillit pas dans ce métier. Quand je regarde ces géants maintenir la forme jusqu’en 2012 où nous sommes, ça me donne encore envie d’y croire, le courage pour continuer. J’ajouterais que pour préserver cette force, il faut aussi se priver de certaines choses, dormir beaucoup, pratiquer du sport et remplacer les calories. Malheureusement au Cameroun et dans certains pays africains, on a toujours pas compris qu’un artiste, ça s’entretien. Et que cet entretien peu aller de 600.000frs à un million de franc.
On a aussi remarqué que vous êtes de moins en moins présent lors des scènes, qu’est ce qui explique cela ?
D’une part, cela est dû au fait que je prenais un peu du recul et d’autre part j’appartiens à un label strict, Red Zone, qui exige qu’on ne fasse des scènes que si on est sollicité en bonne et du forme. Vous savez, la maison a ses principes et il faut payer le loyer les factures et tout… et vous êtes d’avis avec moi que la scène aujourd’hui au Cameroun est devenue une histoire de mendicité. Alors nous, on a jugé rester dans notre coin rapper et entretenir la flamme du hip hop, en attendant que les organisateurs mettent enfin les moyens en jeu pour que le mouvement puisse décoller véritablement. On a toujours été ouvert à toute proposition de scène, nous sommes sur facebook, myspace… mais on ne comprend pas pourquoi les organisateurs ne nous approchent pas, à croire que le business à une frange de personnes qui se sucre les dents, or le mouvement c’est pour tout le monde. Déjà chapeau pour ce que vous faites à travers votre portail, c’est un souffle pour le hip hop kamer. Vivement que beaucoup suivent cet exemple.
Votre album est annoncé, ça on le sait, quel est le titre qu’il porte et il comportera combien de plages ?
Le titre c’est « YOLO » qui signifie « ris » (rire). L’album comporte 15 titres, avec en featuring la crème du 2h kamer. Entre autres Boudor, Digital, Sissongho MC’S, Sadrak…, ils sont tellement nombreux, vous allez les découvrir.
Votre style musical a cette particularité d’être hilarant mais pourtant touche également certaines sensibilités et véhicule un réel message. Pourquoi Ce choix?
I di Tell you something. We day for cameroon, you di ear nor my man. That means say, on a plus de 250 langues vernaculaires sans oublier les langues colonisatrices. Ce qui fait une culture énorme. J’ai donc essayé de mélanger, créer une sorte d’alchimie avec certaines langues que je maitrise le mieux, tout en présentant positivement un truc qui puisse éveiller l’esprit de celui qui m’écoute. Parce qu’il faut faire un distingo, il y’a le rap français, le rap anglais, alors il faut aussi un rap camerounais authentique, c’est la raison pour la quelle j’ai surnommé mon style le « Ngokoma Vibe », la vraie vibe en argot. Tout le monde s’y retrouve. Il faut dire que la vie n’a pas été douce avec nous, j’ai passé la grande partie de mon enfance dans les rues de Yaoundé, je ne vais pas entrer dans les détails, mais le « Mboko » nous a élevé et on life comme ça quoi. Ce qui a fait qu’aujourd’hui je me retrouve dans ce concept de Ngokoma Vibe.
Certainement vous avez un souhait pour le hip hop kamer…
Yes, thing say i fi talk for that hip hop na say, he get right for tchouké. Because, I no di lie you, zamba na you di know pour cette année 2012, le message que j’adresserais à mes frères hip hoppeurs, c’est de nous soutenir, de nous unir. Depuis quand, un mec qui vit à Paname vient nous rafler 9 millions de franc, alors qu’on donne 100.000frs à un artiste du bled. Il est temps que les gens comprennent que nous sommes tout aussi capables de soulever les foules. Voilà.