A 26 ans, le petit frère de Maître Gims vient de sortir son premier album « Génération 2.0 ». Déjà un triomphe.
Quand il était collégien, il se voyait bien vendre des voitures ou des maisons. Il vendra finalement de la musique. Tant pis… ou plutôt tant mieux. Car Dadju (mot-valise pour Dalida, le prénom de sa maman, et Djuna, le pseudo de son père), né un beau jour de 1991 à Bobigny, s’impose comme le phénomène artistique des fêtes de Noël, en France : à la mi-décembre, il était numéro 1 et disque d’or pour son album « Gentleman 2.0 », seulement quinze jours après sa sortie. Et on recensait plus de 50 millions de vues pour le clip de « Reine » lui-même certifié single de platine… Magnifique score pour le premier opus de ce jeune artiste.
Il n’y a pas de pur hasard. Dadju est congolais d’origine : ses parents viennent de la République démocratique du Congo (RDC), ce pays africain fou de religion (désespérance politique et économique oblige) et de musique (au nom de l’indépassable exultation du corps) et qui, aux sons de la rumba et du ndombolo, a régné sur les charts, de Dakar à Kinshasa, pendant des décennies. Deuxième coup de pouce du destin : Dadju est issu d’une famille de mélomanes grâce d’abord à son grand-père puis à son père, Djuna Djanana, vedette incontestée sur les berges du Congo. A la fin des années 1970, et dans les années 1990 – lorsqu’il vint s’installer en France –, son papa avait été notamment un des animateurs et chanteurs vedettes du groupe Viva la Musica, la formation qui accompagnait la star défunte Papa Wemba. « Djuna, c’est la famille, le patrimoine », affirme le jeune homme avec fierté.
Dernier coup de pouce pour Dadju : au sein de cette famille nombreuse de 15 enfants, il se trouve qu’il a un frère nommé… Maître Gims ! Il se raconte grandissant à Romainville, en banlieue parisienne, où il a vécu avec sa mère, imprégné des chants religieux et des hits de Céline Dion qu’elle affectionnait ; il se raconte assistant, curieux et intimidé, aux enregistrements en studio de son frère aîné alors membre de Sexion d’Assaut qui allait devenir, dès 2010, le groupe de rap numéro 1 en France. Et, bien sûr, c’est Gandhi, alias Maître Gims, qui va lui mettre le pied à l’étrier en l’invitant, un jour, à enregistrer un « son ». Le « petit » a un joli filet de voix, semble doué. On le complimente, le pli est pris. Il se lance dans la carrière à son tour, à 20 ans. Quelques enregistrements pour le label Wati B, le « pool » de production de Sexion d’Assaut, son université, son centre de formation à lui : « Quand tu y entres, tu acquiers très vite de l’expérience. Ça t’apprend à gérer la pression. Il y a tellement de stars ! Black M, Maître Gims, Lefa, Dry… » Puis, en 2012, c’est une aventure en duo, avec un rappeur nommé Abou Tall. The Shin Sekaï sortira deux mixtapes et un album, « Indéfini », qui connaîtra un certain succès. Histoire de se familiariser avec la célébrité.
« A cette époque, se souvient-il, je me posais souvent la question : jusqu’où j’irais si j’étais tout seul ? » Réponse : au top. Entre-temps, il s’est en effet lancé, en 2016, dans une carrière solo. Il travaillera d’arrache-pied : « Pendant un an et demi, j’ai beaucoup cherché, j’ai enregistré près de 200 titres. » Et Dadju a trouvé : ce sera « Gentleman 2.0 ». Mais pourquoi ce « carton » ? Pas grâce aux textes en tout cas : les fans de paroles ciselées, de métaphores, d’allitérations ou de jongleries avec les mots à la Gainsbourg, Souchon, MC Solaar, Oxmo Puccino ou Stromae seront déçus. Les textes y sont aussi poétiques qu’une liste de commissions à faire au supermarché (« J’ai du respect pour toi/J’ai besoin de toi/Je parle en connaissance de cause/J’ai essayé sans toi », dans « Oublie-le ») !
Dadju fait partie de cette génération qui parle de « sons » et non de « chansons », qui adore commenter les séries made in Netflix ou Canal et attend le Messi et les autres rois du ballon rond sur les écrans de télé, tous les week-ends. Ces 15-30 ans sont surtout nés dans le rap où l’on est souvent persuadé que l’on n’a pas besoin d’y mettre la forme quand il s’agit d’évoquer le fond de son cœur. C’est la génération du « Gentleman 2.0 », celle qui « rentre pas forcément dans les codes. Je tiens pas la porte, je tiens pas la chaise mais je suis là pour mes proches, pour ma famille », comme il le chante dans son album au titre symbolique…
Qu’importe s’il chante comme il parle, semblent rétorquer les « go », les jeunes femmes. Elles adorent ce « lover », ce séducteur qui ne parle que d’elles dans les 19 titres de son album ; il évoque le respect et l’admiration qu’il éprouve à leur égard, leur beauté et leurs angoisses. Et puis, comment résister à un beau gosse qui vous susurre à l’oreille : « Je vais t’élever au rang de reine » ? Dès lors, il n’est pas difficile d’imaginer les pleurs et les grincements de dents qu’ont engendrés sur les réseaux sociaux la nouvelle de son mariage il y a un an ou celle de la naissance de sa première fille, en octobre dernier… Est-ce la raison pour laquelle Dadju cache soigneusement son épouse des regards féroces des médias ?
Avec Parismatch.fr