Martin Camus MIMB, Directeur General Radio Sports Infos : « Eto’o c’est mon pote ; où est le mata ? »

Le PDG du Groupe Media Sport et Directeur de la chaîne RSI (Radio Sport Infos) nous a entretenu dans un djoss qui nous a vraiment enchanté ; ce big n’a pas sa langue dans la poche et avec lui on a touch tous les points qui résument sa vie. On s’est même permis des extras : Sa relation avec Samuel Eto’o et son avis sur la récente visite de Lionel Messi au Gabon.
Bonjour Mollah.
Papa c’est how ?
Voici mes restes nooon le Big. Tell nous, comment est-ce que tu do pour arriver à bâtir un tel empire ? Surtout qu’au mboa le kongossa nous emmène à croire qu’il faille touch les écorces pour avancer. Forcément, tu viens de loin…
Djo, ce que moi je vais te tell c’est que je suis encore jeune, et même de cette génération de : « YO, Mbom, C’est how man ? ». Bref, on a aussi rêvé faire carrière dans le hip hop et avoir plus tard des noms à la MC Hammer ou Michael Jackson…
Hein le big ???
Bien sûr, type ; je reprenais toutes les chansons –lyrics à l’appui- de Michael Jackson en boîtes de nuit hein. J’ai vécu normalement comme tous les gars du kwat. Man, j’ai grandi dans des kwats compliqués, les kwats des DONman. Oui oui, j’étais à Edéa, plus précisément à PONGO (pour ceux qui savent), puis quand je suis arrivé à Doul on s’est installé à la cité SIC, un autre kwat des DON, et là actuellement je piol à Nkong-Mondo un autre kwat de bigs DON. Donc pour vous dire d’où je viens. Pour revenir à ce que tu disais, il faut déjà reconnaitre que pour trouver le marabout qui va te permettre de touch les écorces, tu dois à la base avoir les do pour le buy ; sauf que je ne sais pas à quel moment j’ai eu les do, dans mes ghettos, pour came buy l’alamimbou ! Bro, il faut souvent lep les faux ways ; j’ai school comme tout le monde, j’ai bossé comme tout le monde –je ne dis pas que j’ai work plus que quiconque, mais j’ai bossé-, et avec un peu de chance aussi et un concours de circonstance j’ai pu réaliser ce que vous voyez aujourd’hui. Tu know mollah, quand je vois les jeunes aujourd’hui, je leur dis toujours que la folie de la jeunesse est permise certes –nous tous on a été fou, même moi qui vous parle, j’ai fait des faux ways comme tout jeune, donc faut pas qu’on vous tell que Martin n’a jamais fait ci ou ça-, mais à un moment il faut savoir qu’à côté il y a l’école, et surtout une vie à construire plus tard. C’est ça qui ouvre les portes. Nous aussi on a write les lettres aux ngas hein, et elles nous ont barrées franchement (lol). Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, ce que j’ai réussi à faire, c’est grâce au jonglage ; pour reprendre les propos de Stanley Enow, qui dit que tout le monde est « jongleur ».
Et tu as jonglé avec quoi nooon père ?
Djo, j’ai jonglé avec mon intelligence, j’ai jonglé avec le peu de relation que j’avais. Man j’ai big dans le nguémé hein, il n’y avait même pas 100 francs pour buy le gari, à l’époque je schoolais à Mwanko et il fallait de temps en temps voler les bananes à côté du lycée pour go cook à la piol avec les potes. C’était compliqué hein, mollah (rires).
Et comment est-ce que tu te lances dans le journalisme ?
Depuis l’âge de 10 ans, parmi mes rêves, l’un qui me tenait à cœur, c’est celui de devenir un jour un grand journaliste sportif. En plus de reprendre les chansons de Michael Jackson, je récitais les chroniques d’Abed Nego Messang (paix à son âme) ou de Jean Lambert Nang. Et au fur et à mesure je me suis fabriqué au point où au lycée j’étais devenu une star et je commentais tous les matchs, je présentais même des soirées culturelles. Donc aujourd’hui, c’est ce labeur-là, que Dieu a récompensé ; il n’y a pas autre chose. J’ai l’habitude de dire : Quand tu dépense 1000 litres de sueur pour ta vie, cette sueur dépensée la nature se charge de l’embouteiller et un jour elle viendra te la racheter au prix fort, à la dimension de ce que tu as produit comme effort. Voilà pourquoi à tout jeune je dis : Jeune bats-toi, surpasse-toi, et un jour quelqu’un viendra s’arrêter pour te payer ta brasserie de sueur, et ça changera ta vie.
Le riz sauté, le waaaar et le reste sont loin derrière désormais, aujourd’hui tu es un CAPO ; mais il faut reconnaitre que c’est aussi parce que tu as su saisir une occasion en or : Tu t’es illustré brillamment comme commentateur des rencontres à la Coupe du Monde, la toute première en terre africaine (2010).
Attends je te raconte, djo ; en fait nous avons été convoqués à Paris pour les tests et nous étions 200 journalistes. Et ils nous ont dit qu’ils ne retiendraient qu’ « un » seul de nous. J’ai immédiatement pensé aux gars du kwat qui devaient se dire : « Waaah le type-là va même s’en sortir au milieu des gens-là ? » Man, pour te dire la vérité hein, je me suis battu. Bro, qu’on ne te mente pas, quand tu sors des kwats un genre un genre là, tu es « apte » et « prêt ». Lorsque j’arrive en Afrique du Sud, je me dis intérieurement : « Mbom, tu as 01 mois ici ; pas de gos, ni de guinness. Il faut assurer à 500% ». Tara, j’ai bossé comme un malade, et tout ce que j’ai aujourd’hui, c’est grâce à cette Coupe du Monde 2010. Donc, je dis aux gars s’il vous plait battez-vous et dès qu’une occasion se présente, saisissez-là de tout votre corps, car il n’est jamais très sûr qu’elle se représentera un jour.
Paapa laisse, tu inspires beaucoup de jeunes, je te confirme père ! Mais on a un mata ici, c’est que les gens djoss trop. Il y en a qui pensent que ce que tu es devenu, c’est grâce à Samuel Eto’o. Mbombo, votre rencontre remonte même à quand ?
Djo, Eto’o c’est mon POTE ; c’est mauvais d’avoir les potes ?
Je wanda, père !
Tout le monde a des potes, mais moi le mien c’est Samy, où est le mata ? Maintenant, est-ce que j’étais couché dans un caniveau et il est venu me ramasser ? Le tara m’a makam grâce à mon talent, grâce à mon génie. Il s’est dit : « Comme moi-même je suis un jongleur, le djo de Martin-ci, c’est aussi un bon jongleur ; non, il faut que je le lance ». Dariche, si je marche avec mon pote il me donne la bière, est-ce que c’est pas bien mollah ?
Paapa boit sauf pardon !
S’il m’offre à manger, je mange nooon ?
Que petit seulement, le big ? Est-ce qu’on a l’autre ?
Voilà ! C’est juste que la petite bière qu’il me donne peut être 10 casiers ou un conteneur chez d’autres ; sans doute c’est ce qui choque. Bro, je continue à dire à mes jeunes frères qui me liront dans les kwats que : Les esprits qui brillent finissent toujours par se rencontrer. Bossez, soyez les meilleurs et vous rencontrerez les meilleurs. Que puis-je, moi Martin, offrir à Eto’o ? Eto’o peut se payer qui il veut, dans mon domaine ; mais il m’a apprécié et c’est tout. Regardez bien, la plupart de gars qui ont réussi dans la vie sont de ceux qui qui ont waaar dans les kwats compliqués.
Ah ça… Bon, le big moi je vais te lep, tu as trop de work. Mais permets-moi de te ask une last question. Beaucoup de gens s’agitent suite à l’accueil du Président Ali Bongo à l’endroit du footballeur Lionel Messi ; quel est ton avis par rapport à ça ?
Paapa je vois les gens dirent que Messi était débraillé, moi je dis que NON ! Le bermuda et le t-shirt qu’il arborait vous savez combien ils coûtent ? En tout cas si on jette ça ici vous tous vous tomberez dessus. Bro laissez le débat-là, son bermuda-là achète peut-être un conteneur de vestes. Moi je dis que Messi n’était pas juste habillé dans la convention de la mentalité africaine. Vos conventions-là qui vous dictent que c’est quand tu t’habille en veste que tu es grand. Je vous dis aussi que même Bongo n’est pas dans vos conventions-là, il a juste mis sa veste comme ça, car moi je l’ai déjà vu en short. Alors si le protocole du gouvernement gabonais a voulu qu’il en soit ainsi, on se doit tous de respecter ça car c’est un Etat respectable. Maintenant pour revenir à l’arrivée de Messi au Gabon, et pour avoir été très informé sur la question, je puis vous assurer que Messi n’a rien reçu comme sous. Il a deux potes qui l’ont convaincu qu’il pouvait y venir inaugurer le stade ; il y a Deco –qui est le conseiller du Président Ali Bongo depuis des années en matière de football- et il y a Samuel Eto’o. Ce sont eux qui lui ont dit : « Djo, il y a la CAN bientôt, va au Gabon mousser la chose, ce serait cool ». Tu sais pourquoi les camerounais ont trop djoss ? C’est parce qu’ici on vous a montré que pour prouver qu’on est CAPO, il faut mettre la veste. Qu’ici, pour voir un sous-préfet il faut remplir des audiences et surtout ne jamais s’y afficher avec des jeans. Tara on est verrouillé dans notre mentalité, et on veut assimiler cela au Gabon. D’un autre côté, on sait très bien qu’au Gabon il y a des batailles politiques, alors l’opposition ne lésine sur aucun détail pour inquiéter le pouvoir en place. C’est de bonne guerre, on peut comprendre ça. Moi j’ai vu Bongo rapper avec des jeunes ; quand il a été élu, le premier footballeur qu’il reçoit c’était Eto’o, et il l’a conduit de la même façon. Ce monsieur se lève tous les matins et il conduit lui-même son véhicule pour se rendre au travail. Arrêtons le kongossa mes frères. Chacun doit vivre comme il sent. Mon habillement préféré c’est jeans-chemise-baskets. Voilà pourquoi je refuse des invitations dans des cérémonies compliquées dans des palais et autres… On m’oblige à mettre la veste ; alors je jongle et je dis NON j’ai autre chose à faire. Changeons de mentalité !
Par Dariche Nehdi