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vendredi, septembre 20, 2024
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DJ Bilik : « Les rappeurs camerounais méritent plus de considérations… »

Membre fondateur du groupe UMAR CVM et fondateur du label ZOMLOA RECORDZ, DJ BILIK JO de son vrai nom ATANGANA FRANCIS JOEL est l’un des personnages clé du mouvement rap Mboa. Malgré son programme chargé, Bilik nous a reçu dans son studio sis au quartier Essos. Avec la franchise qu’on lui connaît, il nous a parlé d’Umar cvm, de zomloa, de la caravane no sida, du rap Mboa, du Ministère de la culture , des promoteurs de spectacles, de la piraterie.  Bilik Jo ne mâche pas ses mots. Lisez plus tôt.

 

Kamerhiphop.com : Parles-nous de ton parcours avec le groupe Umar cvm?

UMAR CVM a été crée par 03 jeunes : Joël Teek, TOM SEPHA (devenu Rasyn) et moi-même en 1994. Dans notre rap, on mettait des sonorités bikutsi, on voulait faire un rap propre à nous. Nous avions fait la première partie du groupe sénégalais  POSITIVE BLACK SOUL au cinéma Abbia en 1995. En 1996, nous faisons la rencontre des grands artistes tels que Mama Anne Marie DZié, Atebass au jazz sous les manguiers. En 1997, nous sortons un album qu’on intitule « Urban Villageois ». pourquoi urban villageois, tout simplement parce que les gens nous appelaient villageois à cause  de notre rap mboa qui était à l’époque mal compris. Dans la même année, nous  organisions les « Sunday rap » à Afrikan logic, sponsorisé par la BAT. Puis a suivi les soirée « mbita kola » au Madison Night Club.

En 1998, nous rencontrons Jean Pierre Bekolo un ami de la famille qui nous aide à monter en France avec Donny Elwood et Ashanti Tokoto. Nous montions en France avec un album de 8 titres. Nous nous sommes produits devant 5.000 spectateurs. Y’a eu aussi les soirées Dock du sud dans le cadre du festival au sud sud. Et c’est à cet instant là que je fais la rencontre de DJ Rebel qui à l’époque travaillait avec le groupe I AM.

Juste après, vient la saison des problèmes. Certains voulaient rester en France, d’autres pas. Le groupe s’est disloqué en 2000.

 

Pourquoi au lieu de rester en France, tu as préféré rentrer au pays ?

Si j’avais voulu rester en France comme (sans arrière pensée) PIT BACCARDI, MENELIK, j’en passe puisqu’ils sont pleins, je serai resté. Je suis rentré parce que, le Cameroun c’est mon bled et je crois en lui. Je crois en ce que la jeunesse camerounaise est capable d’extérioriser comme talent, c’est le pourquoi j’ai plutôt préféré travailler avec eux à la base, afin de pouvoir présenter une autre facette de cette jeunesse, qui assoupit par le manque d’infrastructures adéquates permettant de mieux valoriser son savoir faire, essaye de mener à bout tout ce qu’elle entreprend avec ses modestes moyens. Soyons en sûrs les choses changeront lorsque pleins comprendront l’importance de tout ce que je suis entrain de vous dire.

En 2001, tu retournes en France. Pour quoi faire ?

En 2001, je retourne en France rencontrer DJ EFFA. Camerounais, grand DJ de la place parisienne. Ensemble, nous avions un projet d’une compil de rap. Je suis rentré avec du matériel.  Malheureusement, la compil ne verra pas le jour. La famille de DJ EFFA n’a pas apprécié le fait que leur fils investisse autant d’argent dans le rap. C’est dommage.

 

Qu’a tu fais après ces deux échecs ?

Après la dislocation de Umar CVM, je me suis concentré sur mon propre label « zomloa recordz » qui a vu le jour en Mars 1996. En 2002, je sors la compil « Au pays de kush». Kush, c’est l’ancêtre des noirs. L’album est vendu à 3000 exemplaires en cassettes et 1000 CD, sans compté les pirates. L’album a été soutenu par Canal 2 international.

On pouvait retrouver dans cette compil, des artistes et groupes tels que : ELOKK, MOONKOOTCHOU, RACIN, YKURU NAM, SANGOA MBOA , KARAMEL, BOIS D’EBENE, ELYSE, BOBY SHAMAN, SULTAN…

Dans la compil, on pouvait retrouver des morceaux tels que : « A nous la victoire », « ongola town », une reprise du chanteur TALLA André Marie(je vais à Yaoundé).

 

Justement, que penses-tu de la piraterie au Cameroun ?

Je considère la piraterie comme de la fausse monnaie en circulation et les pirates comme des faux monnayeurs. C’est un délit qui doit être puni par les hommes de lois.

 

Revenons à ton label 

En 2003, j’enregistre l’album de KRISS BAD. Dans cet album, le single « No sida » est choisi par les organismes internationaux (ONU SIDA, Banque Mondiale, CNLS ,Synergies Africaines et par la suite MTN…) comme l’hymne à la lutte contre le sida au cameroun. Il  est tiré à 30.000 exemplaires.

En 2004, s’en est suivi la tournée nationale avec « la caravane no sida », nous sommes allés dans toutes les villes du Cameroun parlé du sida.

En 2005, est sorti l’album du rappeur TATA MENTHONG intitulé « MANTINGA ». l’album comprend 12 titres.

La compil « action vih » est dans les bacs. Nous préparons la compil « au pays de kush2 » avec des groupes tels que : Ak sang grav, C-minaire, Oliviera…

D’autres albums vont suivre : le groupe Elokk (sans confiance …), le groupe SU-MAN-JA avec le morceau « complexer ». c’est vrai, je pense que les camerounais sont complexés.

 

Expliques-toi

Regardez les gros cachets que les artistes étrangers touchent chez nous, alors que celui qui est sur place est délaissé. Or ceux qui viennent d’ailleurs ne sont pas forcement meilleurs que nous. Ça, c’est le complexe et c’est déplorable.

Je penses que les rappeurs camerounais méritent plus de considérations.

 

Que penses-tu de la tutelle ?

C’est depuis 2002 que les gars sont affiliés à la SOCINADA (devenu CMC) mais ils n’ont encore rien reçu. c’est dommage. Aucune subvention de sa part. Cette situation ne doit pas durer. Nous sommes prêts à former un syndicat pour défendre nos droits.

 

Quel est ton rêve pour le rap mboa ?

Je rêve voir les rappeurs camer vivre de leur art. Moi je rêve vendre des millions d’albums. « Ne baissons pas les bras et pas nos frocs ». On peut devenir star à 70 ans ; CARLOS SANTANA, CESARIA EVORA, la diva au pied nu sont devenus star à l’age ou beaucoup d’artistes vont à la retraite.  

Que penses-tu de kamerhiphop.com ?

Je suis content du site. Il faut encourager ce genre d’initiative. Je conseille à tous ceux qui n’ont pas la possibilité d’écouter nos sons et de voir nos vidéos, d’aller sur ce site. Toutes les infos du rap mboa sont sur ce site. Alors longue vie à kamerhiphop.com

 

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